Allaiter son bébé : témoignages sur un choix intime



Allaitement au sein ou biberon ? Au-delà des débats, à chacune de se décider en toute intimité. Pour vous aider à faire votre choix, voici quelques témoignages et éléments de réflexion.




Allaiter son bébé : témoignages sur un choix intime
Tétée ou tétine ? Alors que la date du terme approche, vous vous interrogez. Vous hésitez ? C’est une décision importante qui n’appartient qu’à vous, un choix que vous devez faire avec votre tête, en étant bien informée, mais aussi avec votre ressenti de jeune mère.
Alors, plutôt que de vous torturer l’esprit, soyez à l’écoute de vos émotions et faites-vous confiance.

Pour commencer, et à moins d’être intellectuellement opposée à l’allaitement ou que l’idée même ne vous répugne, le plus simple est peut-être, si cela vous est possible, d’essayer de mettre bébé au sein dès la naissance. Vous verrez ainsi si cela vous convient à l’un comme à l’autre. Sans pression, sans angoisse, sans culpabilité et sans peur du jugement des autres. Parce qu’un bébé heureux, c’est avant tout un enfant dont la maman va bien.
 
Pour le coeur et le ressenti, nul ne peut se mettre à votre place ! Mais pour la tête, voici quelques réflexions qui peuvent vous aider à faire votre choix.

Le lait idéal pour bébé

Allaiter son bébé : témoignages sur un choix intime
"Essayer pour voir" : c’est exactement ce qu’a fait Sabrina, 34 ans, à la naissance de son petit Gabriel. "Je me suis simplement dit que j’allais commencer par lui donner le sein trois jours pour qu’il reçoive le fameux colostrum, le lait des premiers jours si bénéfique pour le bébé. Je l’ai donc fait pour sa santé. Puis j’avais beaucoup de lait et Gabriel tétait bien, j’ai donc pensé que nous pourrions continuer pour son premier mois. Et de fil en aiguille, nous avons atteint les cinq mois !"
En effet, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande l’allaitement exclusif durant les six premiers mois du nourrisson.
 
Dans le guide sur l’alimentation du bébé jusqu’à trois ans, les chercheurs de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes) confirment : "Votre lait est parfaitement adapté aux besoins et au développement de votre bébé et favorise sa bonne santé. Il est supérieur aux laits infantiles et au lait de vache. Le lait maternel évolue constamment selon les besoins de votre enfant pour s’adapter à sa croissance, au fil des semaines, et même durant la tétée. Il réduit les risques d’infections (en particulier gastro- intestinales). Il contribuerait à prévenir les allergies chez les enfants, en particulier ceux qui sont prédisposés au niveau familial."
 
Cependant, de nombreux professionnels, tout en reconnaissant ces bienfaits, tiennent à relativiser. Ainsi Géraldine Demissy, sage-femme libérale à Paris, qui a également exercé à l’hôpital Necker, rappelle : "Il est certain que le lait maternel est bien adapté aux bébés, mais il ne faut pas culpabiliser les mamans qui n’ont pas souhaité ou n’ont pas pu allaiter. Il faut les rassurer, leur dire que dans les pays occidentaux, il n’y a pas de problèmes d’eau potable et que le lait industriel reste de bonne qualité."

Un lien privilégié mère-enfant

Allaiter son bébé : témoignages sur un choix intime
Au-delà de la qualité nutritionnelle du lait maternel, l’allaitement est également réputé pour favoriser le développement des liens entre la mère et l'enfant.
"Je me souviens qu’à sa naissance, ma fille aînée a tout de suite attrapé mon sein, raconte Mai, 33 ans, maman de deux petites filles de 4 ans et 6 mois. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à un petit loup. J’ai trouvé que c’était vraiment naturel, fou et inoubliable. C’est quelque chose qui m’a marquée et émue."

Beaucoup de maman qui ont allaité leur enfant font état de ce lien tout particulier. Au-delà de l’acte nourricier, la tétée est, en effet, un moment privilégié, à la fois tendre et réconfortant. C’est d’une certaine manière, une façon de prolonger la fusion de la grossesse. Le bébé continue de sentir l’odeur de sa maman et de percevoir les battements de son coeur.  

Mais il ne faut pas perdre de vue qu’il est également possible de faire du peau à peau avec bébé sans l'allaiter et que le biberon peut également réserver de grands moments de tendresse.

Des bienfaits pour la maman...

Si le lait maternel est bénéfique au bébé, il semblerait que le fait d’allaiter puisse également avoir des effets positifs sur la santé de la maman.

Ainsi, de nombreuses études établissent désormais un lien entre l’allaitement et la prévention de certaines maladies. Dans un rapport, le ministère des Affaires sociales et de la Santé note : "Les suites de couches sont facilitées : les sécrétions hormonales provoquées par la mise au sein diminuent le risque d’infections du post-partum et aident l’utérus à reprendre plus vite sa taille, sa forme et sa tonicité (Thirion, 1999) (...) L’allaitement maternel diminue l’incidence des cancers du sein et de l’ovaire avant la ménopause."

Sur un registre plus léger, les experts confirment que, dans le cadre d’une alimentation équilibrée, l’allaitement pourrait aider la maman à perdre plus rapidement les kilos accumulés durant la grossesse. "Je ne sais pas si c’est réellement lié, mais pour ma fille que je n’ai pas pu allaiter, j’ai mis plus d’un an à retrouver mon poids normal, témoigne Diane, 33 ans,  maman de deux enfants de 3 ans et de 16 mois. En revanche, en allaitant mon fils pendant plus d’un an, j’ai perdu tous mes kilos, et plus encore, en 6 mois. J’étais pourtant prise de fringales terribles entre les tétées !"

...mais aussi des contraintes

L'allaitement présente cependant des contraintes qu'il faut accepter pour bien vivre son allaitement. Ainsi, au lendemain de leur accouchement, nombreuses sont celles à rêver d’un plateau de sushis ou d’une coupe de champagne. Si vous décidez d’allaiter. il faudra patienter encore un peu.

 Il  y a également quelques aliments qui vous sont déconseillés tels que les choux ou les oranges qui, en trop grande quantité, peuvent donner des gaz aux bébés. Il faut également éviter de fumer ou de prendre certains médicaments.
 
Certaines finissent par déprimer et une maman déprimée, ce n'est pas bon pour le bébé

Ces restrictions peuvent décourager ou jouer sur le moral. "Certaines en ont assez des contraintes, confie Géraldine Demissy, la professionnelle. Il y a déjà eu la grossesse, alors elles finissent par déprimer. Parfois, elles disent qu’elles se sentent revivre quant elles arrêtent. Il faut aussi être à l’écoute de cela car une maman déprimée ce n’est pas bon non plus pour le bébé."

L’allaitement, plus pratique ?

Allaiter son bébé : témoignages sur un choix intime
Au-delà de ces restrictions, de nombreuses mamans trouvent l’allaitement plus pratique. Sabrina, 34 ans, raconte : "J'emmenais mon fils au restaurant, chez mes amis...Il me suffisait d’une grande écharpe et de m’isoler un peu pour le nourrir. Je me souviens aussi à quel point cela a pu me faciliter la vie, notamment lors de voyages en train par exemple !"

Même son de cloche chez Diane : "Pour ma fille, je mettais des heures à sortir, à préparer le sac ! Il fallait plusieurs biberons, des boites de lait en poudre. Et plusieurs fois par jour, malgré la fatigue et toutes les tâches domestiques, nous devions encore laver et stériliser les biberons !
Pour notre fils, qui est resté au sein 14 mois, je le portais en écharpe et je n’avais qu’à m'isoler un peu pour le nourrir. En deux secondes, nous étions prêts à partir ! Je me suis sentie vraiment plus libre, plus indépendante. En avion, on pouvait bien perdre nos valises, mon fils n’aurait pas manqué de lait !"

...mais aussi fatigant

Plus pratique peut-être, mais aussi plus fatigant. "Au départ, on allaite à la demande, certains bébés vont réclamer le sein 8 à 12 fois par 24 heures, c’est énorme pour les femmes. Dans certaines cultures, il y a une période de 40 jours où les femmes ne font que cela et durant laquelle elles sont assistées par d’autres femmes, par exemple, pour le reste de la logistique."

Certaines mamans font donc en sorte de tirer leur lait pour pouvoir déléguer un ou plusieurs biberons et profiter d’une nuit complète.

Il faut aussi rappeler que l’allaitement n’est réellement à la demande que les premiers temps car il est, par la suite, possible de trouver un rythme agréable pour la maman comme pour le bébé. "J’ai eu un déclic avec la visite d’une amie, raconte Sabrina. Mon fils avait quelques mois et me voyant lui donner le sein dès qu’il pleurait, elle m’a dit que je n’étais pas obligée de le lui donner toutes les heures. A partir de ce moment là, nous avons trouvé un rythme et j’ai pu commencer à me reposer."

Quelle place pour le papa ?

Mais dans ce quotidien rythmé par les tétées, quelle place donner au papa ? Est-il aussi impliqué que s’il pouvait, lui aussi, nourrir bébé ? Ne se sent-il pas exclu de cette relation souvent fusionnelle ? Comment l’aider à jouer pleinement son rôle ?

Pour Géraldine Demissy, la question du rôle du père ne doit pas être un argument dans la décision d’allaiter ou non. "Le papa pourra jouer un rôle important même si la maman choisit d’allaiter. Elle risque d’être fatiguée et son rôle sera très important pour la soutenir. Il peut changer le bébé, lui donner son bain, lui masser le ventre, le rassurer...Tout cela peut finalement être plus long que de nourrir son enfant."
 
 "Jai fait d’autres choses, notamment le bain, ce qui m’a beaucoup plu"

Beaucoup de pères trouvent en effet leur place tout naturellement. "Je n’ai pas eu l’impression que ma place de père était menacée lorsque ma femme a commencé à allaiter notre fils, raconte Raphaël, le mari de Diane. Cela se passait très bien, j’ai donc fait d’autres choses, notamment le bain, ce qui m’a beaucoup plu car il adorait l’eau et c’était un grand moment de complicité."

Il arrive que certains hommes soient, toutefois, mal à l’aise avec l'allaitement, il est alors important de prendre le temps d’ouvrir le dialogue et d’entendre leur appréhension.

Le sevrage, un moment parfois douloureux

Tout comme le démarrage, l'arrêt de l'allaitement peut être difficile. Car comme le note Géraldine Demissy, "il y a un apprentissage à faire des deux côtés".
Lorsque l’on reprend le travail, on peut décider de tirer son lait ou de passer à l’allaitement mixte. Cela demande une organisation logistique, mais certaines mamans y parviennent.

Le mieux est de s’y prendre à l’avance pour mettre en place un sevrage progressif. Il faut commencer par remplacer une tétée, puis une seconde. "Il arrive que ce soit difficile, analyse Géraldine Demissy. En général, en discutant on se rend compte que c’est en fait la maman, qui pour différentes raisons, a du mal à arrêter. On parle souvent du sevrage comme d’un deuxième accouchement..."
 
Dans certains cas, c’est l’enfant qui peut refuser systématiquement le biberon. "Autant j’ai eu l’impression d’être bien accompagnée pour le démarrage, autant quand j’ai dépassé les 6 mois d'allaitement, les pédiatres m’ont dit en riant ‘bon courage ! Vous aurez du mal’, se souvient Diane. Et cela a été très difficile en effet. J'ai eu des engorgements et beaucoup de mal à le sevrer. Il est important de mettre en place un sevrage progressif et de demander conseil.  

Là encore, Géraldine Demissy rassure : "Même sI votre bébé refuse le biberon un temps, il ne se laissera pas mourir de faim ! Et on peut bien garder une tétée-câlin le soir ou le matin si c’est un plaisir."

Surtout ne pas culpabiliser

Vous n’avez pas pu allaiter ? Vous n’avez pas eu envie ? Vous avez allaité très peu de temps ? Quelle que soit votre histoire, ne vous culpabilisez pas !

Il arrive en effet que la lactation se passe mal, que la maman soit trop fatiguée, malade ou que l'enfant ne parvienne pas à boire correctement au sein.
"J’ai eu un engorgement après seulement 10 jours d’allaitement, raconte Marion, 30 ans. J’ai passé deux jours épuisée au fond de mon lit sous anti-inflammatoires. J’ai donc été obligée d’alterner mon lait avec du lait en poudre. Je culpabilisais énormément. Quand on vient d’accoucher, on veut le meilleur pour son bébé et c’est dur d’avoir l’impression de ne pas y arriver. J'ai relativisé en pensant à tous ces gens supers, en forme, sportifs, de mon entourage qui n’ont pas été allaités..."
 
Géraldine Demissy insiste également sur cette culpabilité qui peut, dans certains cas, plonger les jeunes mères dans de vraies dépressions post-natales. "Ce n’est pas toujours si simple d’allaiter. Il faut absolument arrêter de culpabiliser les femmes en permanence. Elles doivent allaiter, travailler à temps plein, s'occuper des enfants, de leur maison... C’est d'autant plus difficile qu’une jeune maman entend et reçoit tous les commentaires sous l’angle ‘bonne ou mauvaise mère.’ »

Et après tout, comme le montrent nos témoignages, chaque accouchement, chaque enfant est une histoire à part entière. Alors rien ne laisse présager de ce que vous réservent peut-être de futures grossesses.

Pour en savoir plus :

- Les recommandations de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en matière d'allaitement.
- Le site internet de la Leche League regorge d'informations.
- L'association Information Pour l'Allaitement (IPA) dispose de nombreuses ressources et organise des rencontres sur ce thème.
- Si vous allaitez et rencontrez des difficultés, vous pouvez contacter SOS Allaitement à Paris :0800-400-412 (Appel gratuit. On vous répond en semaine de 19h à 22h/Le week end de 10h à 20h.
- N'hésitez pas à demander conseil à votre sage-femme, certaines sont spécialistes en lactation. Les PMI (centres de Protection Maternelle et infantile) peuvent également vous apporter conseils et soutien.
- Vous pouvez également trouver des informations sur le site internet Perinat-France.org.

Livres :
- "L'allaitement, de la naissance au sevrage, du Dr Marie Thirion"

- "L'Art de l'allaitement maternel" de la Leche League.

- "Guide nutrition de l'enfant jusqu'à trois ans" de l'INPES à télécharger ici :

Anne-Louise Sautreuil
Vendredi 20 Janvier 2017



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