Pourquoi les passions peuvent-elles nous faire mal ?



La passion est au programme du bac... mais pas seulement ! Elle interfère souvent dans nos vies et nous pose question : qu'en penser ? Qu'en faire ? Bernard de Castéra, professeur de philosophie, donne quelques pistes de réflexion en répondant à la question d'une de ses élèves.




Pourquoi les passions peuvent-elles nous faire mal ?
"Je vous écris parce que j'ai une question au sujet des passions. Voilà, on dit que le mal est extérieur à l'homme, et que l'homme fait le mal par excès de ses passions. Par définition, les passions sont des sensibilités individuelles qui sont propres à chacun. Cela veut-il dire alors que les désirs physiques sont extérieurs à l'homme, parce qu'elles sont causes du mal ?"

D'où vient la passion, quelle en est la cause ?

"La question que tu poses est importante, répond Bernard de Castéra. La réponse est complexe. D'abord, il faut voir ce qu'on appelle une passion.C'est un état de notre âme, de notre psychisme, dans lequel se trouvent particulièrement concernées notre sensibilité, notre affectivité, notre émotivité, notre imagination et notre mémoire. La cause qui est à l'origine des passions est liée à nos sens et notre émotivité, donc à notre corps.
Une passion met en cause à la fois le corps et l'âme, d'où sa puissance et sa capacité à nous motiver pour l'action".

Le risque d'une passion non maitrisée

"Mais il y a des passions de toutes sortes et certaines peuvent nous déstabiliser. Tout dépend, effet, de deux facteurs : l'objet de la passion et la maîtrise exercée par notre raison sur le développement de la passion. Ce dernier facteur est important, car si nous nous laissons aller à la "démesure" (l'ubris des Grecs) nous sommes déstabilisés, quelle que soit la passion. Il y a des passions très nobles, comme la passion pour un bien commun, politique ou religieux, qui peuvent dégénérer ainsi".

Note : l’ubris (aussi écrit hybris) est une notion grecque : c'est un sentiment violent (traduit par "démesure") inspiré par les passions et plus particulièrement, par l'orgueil. Les Grecs lui opposaient la tempérance ou modération. Dans la Grèce antique, l’ubris était considérée comme un crime. Elle recouvrait des violations comme les voies de fait, les agressions sexuelles et le vol de propriété publique ou sacrée.

Les passions sont-elles mauvaises en soi ?

"Le premier facteur est l'objet de la passion, reprend Bernard de Castéra. Il y a des objets plus ou moins nobles : le souci du bien commun est plus noble que celui d'un bien très particulier.

Mais existe-t-il des objets qui soient mauvais en eux-mêmes ? Parce que la gourmandise est une passion pour la nourriture, dirais-je que la nourriture est mauvaise en soi ? Le mal n'est pas dans la nourriture, mais dans le rapport déséquilibré que le gourmand, dans son manque de mesure, établit avec elle. Je dirais la même chose de l'alcool.
Mais que dirais-je de la drogue, par exemple ? Hé bien, remarquons que les substances qui servent à confectionner de la drogue peuvent aussi être utilisées pour faire des médicaments : le mal n'est donc pas dans les choses, mais dans un rapport pervers à certaines choses".


En conclusion ?

"Ma conclusion est que le mal des passions ne provient pas des choses extérieures à l'homme, mais de l'homme, quand il ne sait pas maîtriser ses passions".

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Bernard de Castéra est l'auteur de "La révolte est-elle juste ?"


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