Devant tant de possibles, comment choisir ?


20 ans, l’âge de tous les possibles, est aussi l’âge de toutes les grandes morts. Choisir, c'est renoncer et renoncer, c’est un peu mourir, nous le savons tous.




Devant tant de possibles, comment choisir ?
20 ans… l’âge de tous les possibles… "Tu ne te rends pas compte de la chance que tu as ? C'est un âge fantastique, ça ne se représente pas deux fois…" C’est vrai. Et heureusement peut-être aussi.

Tant de possibles… comment ne pas s’y noyer, comment choisir ? Comment les rendre réels lorsque la tentation de les garder en simples possibles est si grande ? La possibilité fatigue aussi, si l’on cherche vraiment à la faire devenir nécessité, c’est-à-dire ce qui ne peut pas ne pas être.

Choisir d’être une personne, et non toutes celles qu’il serait possible d’être, n'est pas si simple. "Il faut me décider, mais comment faire. J'ai peur de prendre une mauvaise décision !". Face à ces choix de vie - études, orientation, carrière, vie amoureuse, engagement - le risque est de rester au milieu du gué, de vouloir le plus longtemps possible "garder tous les choix possibles". 

Alors, pourquoi cette peur du choix ?

Aucune vie n'est possible sans mort

En réalité, 20 ans, l’âge de tous les possibles est aussi l’âge de toutes les grandes morts. Renoncer, c’est mourir, nous le savons tous.

Si nous choisissons tel homme ou telle femme pour l’aimer toute notre vie, nous mourons à tous les autres, qui pourtant étaient des gens potentiellement aimables, désirables.
Si nous choisissons de devenir professeur, nous ne serons pas médecin… nous cherchons alors une solution pour combiner les deux, une situation qui nous permettrait de tout garder encore possible, sans renoncer, sans mourir.

Il n’est facile à personne de mourir ; il semblerait, pourtant, qu’aucune vie ne soit possible sans mort préalable. Si je garde indéfiniment devant moi la possibilité d’épouser Paul ou de rester célibataire, je ne serai jamais une épouse, mais je ne serai pas non plus tout à fait une célibataire. Je vais subir ce que je ne choisis pas. Et je le deviendrai, contre moi, ou simplement sans moi.

"Un moi qui se regarde dans son propre possible est à demi vrai", disait le philosophe danois Kierkegaard. Voilà pourquoi il ne faut pas laisser la nécessité être extérieure à nous.

Assumer l'inconfort de l'indécision

Tant que l’on n’a pas choisi, on a l’impression d’être tout ce qu’on n’a pas choisi, tous les possibles à la fois. Mais ce que je suis de façon abstraite, virtuelle, le suis-je vraiment ? Je pourrais faire ma vie avec Léa, mais suffit-il de le penser pour le faire ?
Certes non et d'ailleurs Léa elle-même, lassée de m'attendre, peut très bien tomber amoureuse d'un autre.

Pour ne pas risquer de ne rien choisir, il faut donc avancer. Mais faire un choix ne signifie pas qu'il ne faille pas réfléchir et peser toutes les options possibles. Bergson voyait ces moments comme ceux où notre conscience atteint le plus de vivacité : "Ne sont-ce pas les moments de crise intérieure, où nous hésitons entre deux ou plusieurs partis à prendre, où nous sentons que notre avenir sera ce que nous l’aurons fait ? (…) Si conscience signifie mémoire et anticipation, c’est que conscience est synonyme de choix", dit-il (L'Evolution créatrice).

Ainsi en pesant tous les options d'un choix possible, nous exerçons l'extrême pointe de notre liberté, nous sommes pleinement humain.

Puis transformer le possible en réalité

Puis enfin, il faut se décider. Prendre une route et non une autre. Car si en prenant une route nous évinçons toutes les autres, ne pas en prendre du tout ne mène nulle part, même pas à soi.

Au contraire, c'est en posant ces choix, petits et grands, que se dessine peu à peu l'itinéraire de notre vie et que se présentent de nouvelles perspectives que l'on n'aurait jamais imaginées au départ. Quand le possible devient réalité, nous l'éprouvons de façon bien différente que ce que nous pensions. Nous sommes acteurs, nous prenons les commandes, et l'expérience elle-même vient nous enrichir, nous transformer.

"J'étais timide, stressée, je n'aurais jamais pensé être capable de m'exprimer en public, raconte Léa. Pourtant aujourd'hui, la jeune femme tient des conférences devant des centaines de personnes grâce à la formation qu'elle a choisie. Jamais elle n'aurait pensé cela possible cinq ans auparavant !

C'est bien là le paradoxe et la magie du vrai choix : il nous fait mourir à tous les possibles que nous avions imaginés et que nous n'avons pas réalisés... pour faire naître devant nous de nouveaux chemins possibles. 

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