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Expédition en terre arctique





Expédition en terre arctique
Qu'est-ce qui peut pousser une bande d'étudiants parisiens à partir dans le Grand Nord à l'époque de l'année où la plupart filent sous les tropiques ? C'est Marguerite, 23 ans, qui raconte : "Au départ, nous aimions tous la l'océanographie, la mer, et nous pratiquons la plongée dans un club scientifique de la ville de Paris, le GAREF Océanographique. Chaque année, le GAREF monte une exposition avec le Palais de la découverte. L'an dernier, c'était sur le plancton. L'idée est venue de poursuivre en étudiant le plancton polaire."

Au nord-est du Groënland, l'archipel du Svalbard

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Contact est donc pris avec une université polaire norvégienne. Rappelons en effet, au cas où vous l'ayez oublié, que la Norvège est le pays le plus septentrional d'Europe et comporte une multitude d'îles au-delà du cercle arctique. Ainsi, le Svalbard - plus connu en France sous le nom de son île principale le Spitzberg - est un archipel situé au nord-est du Groenland, à 1300 km du pôle Nord. Aujourd'hui le Svalbard n'est plus l'escale des chasseurs de baleines, mais un observatoire idéal de l'Arctique pour les scientifiques.
C'est donc là que l'équipe parisienne du Garef débarque le 15 juillet 2007, accueillie par les jeunes chercheurs norvégiens qui viennent y poursuivre leur thèse de biologie ou de zoologie.

Randonnée arctique : fusil obligatoire face au danger des ours

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La première semaine se passe à Longyearbyen, la ville principale située au fond d'un fjord. En été, à cette latitude, tout devrait être encore couvert de glace et de neige. Mais la proximité du gulf stream, le courant chaud qui longe les côtes sud-ouest du Svalbard, adoucit l'atmosphère. Il fait 7° à 10° et le sol dénudé est couvert de mousses tout en restant gelé en profondeur. Il reste tout de même les glaciers et les étudiants se payent de belles randonnées.

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"A notre arrivée, les Norvégiens nous ont donné toutes les consignes de sécurité, raconte Marguerite. En plus d'un GPS, d'un téléphone satellite et de fusées, il est impératif d'emporter un fusil gros calibre et nous avons suivi une formation de tir : il faut en effet pouvoir se défendre si l'on est attaqué par un our polaire". Sont-ils nombreux ? "Dans le sud-ouest du Svalbard, non, car l'été la banquise est fondue. Les ours préfèrent rester plus au nord où ils peuvent se nourrir de phoques. Mais des jeunes peuvent s'être égarés et se retrouvés affamés."

Des rennes, des phoques barbus, et de nombreux oiseaux

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Si heureusement ils ne croisent aucun ours, les randonneurs voient souvent des rennes. "Il vivent à l'état sauvage en se nourrissant de lichens, mais sont peu farouches ". Avec les renards polaires et les ours, ce sont les rares mammifères du coin. Les oiseaux marins eux, sont nombreux : sternes, mergules nains, mouettes tridactyles, macareux, pétrels, ou lappes parasites.

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"La faune marine, explique Marguerite, comprend beaucoup de mammifères marins, comme les phoques tachetés, barbus, et autres, les bélougas, les narvals, les morses, les baleines, mais elles restent très difficiles à observer et nous n'en avons pas vu. Les moins timides restent les phoques barbus : on en a aperçu deux fois nageant pas très loin du bord."

Fossile de feuille dans un glacier
Fossile de feuille dans un glacier
Grâce aux contacts pris avec les scientifiques norvégiens avant le voyage, les étudiants français bénéficient de "visites guidées" avec chaque spécialiste : "on a travaillé sur le plancton arctique, les renards polaires, la flore et aussi les pucerons, des insectes très révélateurs des changements climatiques". Les explorateurs français s'intéressent aussi aux glaciers dit "lents" (qui avancent de plusieurs mètres par an et dont l'extrémité est fait de roches appelées moraines).

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Marguerite : "Nous avons marché sur un glacier lent au dessus de Longyearbyen. Un spécialiste des fossiles nous a montré des traces d'animaux ou de plantes dans les moraines des glaciers. Par exemple d'étonnantes feuilles d'arbres alors qu'il n'y a aucun arbre aujourd'hui". Une nature qui ne l'a pas laissée indifférente : "C'est un univers assez lunaire, très montagneux, il n'y a pas de végétation, mais les sols sont déformés par le permafrost. On se sent seul face à soi-même... Et il est vrai que l'on est seul, il n'y a pas de route et l'on est vite trompé par les distances : l'air est si pur, que l'on croit proche les glaciers qui sont à plus de 10 km..."

Départ pour la base scientifique de Ny Ålesund

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Deuxième semaine d'expédition. Le groupe s'envole pour la deuxième "ville" du Svalbard, à 150 km au nord-est de la première : Ny Alesund est en réalité une base scientifique où ne vivent que quelques chercheurs. "On y va avec un petit avion à hélices de 12 places qui nous attend à l'aéroport, écrit Marguerite dans son carnet de voyage. Le vol dure 25 minutes. Dans le cockpit, l'air n'est
pas pressurisé et c'est très bruyant. Mais les paysages sont magnifiques et immenses. En arrivant près de la base, on s'aperçoit qu'il n'y a pas d'aéroport mais une simple piste d'atterrissage. L'accueil des Norvégiens est fort sympathique. Nous avons droit à un petit briefing sur les consignes de vie et de sécurité de la base, puis nous nous installons dans le barrack réservé aux étudiants et autres personnes extérieures."

A la chasse aux oies bernache

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Le séjour à la base réserve de bonnes surprises aux étudiants, pas forcément biologistes mais tous passionnés par les milieux marins. Un chercheur qui étudie le comportement des oies bernache nonnettes leur demande de l'aider à capturer une vingtaine de specimens bagués sur lequel il doit faire un prélèvement sanguin. "Les oies vivent autour d'un petit lac qui borde le fjord, raconte Marguerite, L'opération consistait à les chasser du lac vers le fjord, où les attendaient 2 personnes en kayak qui les guidaient vers des filets. A cette période de l'année, les oies ne peuvent pas voler."

Et à l'affût des renards polaires sous le soleil de minuit

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Autre souvenir inoubliable, 24 heures à surveiller les renards polaires. Plusieurs nichaient sous les barraques des chercheurs qui avaient installé des caméras pour mieux les suivre. Les étudiants proposent de faire le guet pour observer leurs moeurs durant 24 heures d'affilée en se relayant deux par deux. Marguerite est de quart de minuit à deux heures du matin : "Il faisait jour mais tous les chercheurs dormaient et c'était fascinant d'être là à voir les jeunes renards attaquer les oies. Il n'y avait aucun bruit, mais on entendait de temps en temps le bruit des icebergs qui se détachaient et tombaient dans la mer. Le soleil était assez haut dans le ciel et une lumière magnifique éclairait le glacier dit du Roi situé au fond du fjord."

La traversée du fjord à travers les icebergs

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Enfin, cerise sur le gâteau, à la fin du séjour, l'expédition GAREF apprend qu'elle est autorisée à faire une sortie en mer sur le fjord (normalement interdite à part aux chercheurs) jusqu'à ce fameux glacier du Roi, un glacier rapide surplombé par les Trois Couronnes ( montagnes), un des symboles de la Norvège. "Les glaciers rapides avancent d'une cinquantaine de mètres par jour dans la mer, nous explique Marguerite.

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Cette vitesse leur donne une forme saccadée de blocs qui s'entrechoquent en laissant apparaître des crevasses remplies d'eau. Une fois au niveau de la mer, les blocs se détachent du glacier, et forment des icebergs. C'est pour cela que nous sommes restés à plus de 500 mètres." On imagine la joie des 8 étudiants à pouvoir côtoyer ces montagnes de glace. "En plus, se souvient Marguerite, les glaciers rapides ont des reflets bleus assez féeriques."

Après l'explo, une expo au Palais de la découverte à Paris

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Les 15 jours d'expédition du 15 au 30 juillet 2007 sont vite passés. Mais pour les étudiants du GAREF Océanographique, le travail n'était pas fini. Comme les autres années en effet, ce club scientifique de la ville de Paris devait relever le défi de faire du voyage une exposition ouverte au grand public au Palais de la découverte à Paris de juin 2008 au 4 janvier 2009.

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Plusieurs mois de travail ont donc été nécessaires pour faire le tri des photos et trouver le fil directeur de l'exposition. L'aide d'un biologiste du Palais de la découverte qui avait participé au voyage avec eux a été bien précieuse pour construire un parcours muséographique. "Il a fallu rechercher beaucoup de documentation, prendre contact avec des scientifiques, construire des maquettes et des décors, monter des petits films pour les bornes informatiques.

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Mais le plus important a été de trouver le fil directeur du scénario de l'exposition : "Au départ, on pensait faire parler un ours polaire, mais comme on n'en a pas vu, nous avons finalement retenu une autre idée : celle de présenter le récit de trois jeunes voyageurs à trois époques différentes."

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Le premier récit est celui d'une jeune Française membre de l'expédition La Recherche en 1839, une des premières explorations du Svalbard. Le deuxième, celui de juillet 2007. Et le troisième... celui d'un explorateur de 2176. Au fil de leur récit, les trois aventuriers sont témoins des changements climatiques avec une petite surprise : en 1839, une flotille d'îles de glace couvrait la mer à perte de vue ; en 2007, les premiers signes de réchauffement sont là ; mais en 2176, après un pic de chaleur, le climat est redevenu arctique.
De façon ludique et attrayante, à travers des photos fabuleuses, un quizz, des films, des objets, l'expo parvient à nous faire partager un peu de l'aventure du Grand Nord, alors n'hésitez pas à vous y embarquer.
 

L'équipe devant le glacier du Roi et les Trois Couronnes

Marguerite Baranger : "Ce voyage m'a ouvert sur le monde fascinant du Grand Nord, et l'univers des mers froides. Si un jour j'ai l'occasion de retourner aider un chercheur, ou de naviguer jusque-là, je pars immédiatement !"

Exposition :
Svalbard, Escales en terre arctique. avenue Franklin Roosevelt, Paris 8ème.
L'équipe d'étudiants Du Garef Océanographique devant le glacier du Roi et les trois couronnes
L'équipe d'étudiants Du Garef Océanographique devant le glacier du Roi et les trois couronnes

Rédigé par le 13 Août 2008

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