Réforme du bac, entrée à l'université, service national : les projets du gouvernement



Le Premier ministre a dévoilé le 4 juillet à l'Assemblée nationale ses projets de réforme, notamment dans l'éducation. Un nouveau bac sera mis en place en 2021 et dès 2018, les universités pourront imposer des prérequis à l'entrée.





Edouard Philippe prononce sa déclaration de politique générale. Photo : Florian David / Matignon.
Edouard Philippe prononce sa déclaration de politique générale. Photo : Florian David / Matignon.
Est-ce un hasard, c'est la veille de la publication des résultats du bac qu'Edouard Philippe, le Premier ministre a déroulé sa "feuille de route". Entendez la liste des réformes et des mesures concrètes qui vont être mises en oeuvre par le gouvernement.

Or justement, le baccalauréat fait partie des institutions auxquelles le nouvel exécutif souhaite s'attaquer. Non pour le supprimer, mais pour l'alléger et le transformer. "Nous dépensons bien plus que les autres pays pour le lycée notamment parce que notre système est rigide et conçu autour du baccalauréat", a expliqué Edouard Philippe.

Avec toutes ses séries et ses options, le bac coûte donc cher à la Nation et en plus il ne prépare pas bien à l'enseignement supérieur puisque comme l'a souligné le Premier ministre, "nous conduisons 60% de bacheliers à l'échec en licence".


Quelle réforme pour le bac ?

Il semblerait donc que l'on va enfin s'attaquer à notre "monument national", dont la réforme, sans cesse évoquée, fut toujours repoussée. "Nous le ferons profondément évoluer", a affirmé Edouard Philippe dans son discours.

Mais comment, et quand ? "Une concertation sera lancée dès la rentrée prochaine pour resserrer les épreuves finales autour d'un petit nombre de matières et définir ce qui relève du contrôle continu. Nous aboutirons avant septembre 2018 pour une mise en œuvre complète de cette réforme pour le bac 2021."

Le cap est donc fixé et ce sont les lycéens qui seront en terminale en 2020-2021 qui étrenneront le nouveau bac. L'idée évoquée par Emmanuel Macron durant la campagne de ne retenir que 4 matières pour l'examen et d'intégrer les autres via les notes de contrôle continu sera la base de la réforme.
On imagine d'avance les batailles entre les enseignants des diverses disciplines pour rester dans le quarté donnant lieu à examen. Mais en réalité, il se pourrait qu'on aille vers un examen "modulaire", les élèves choisissant eux-mêmes leurs matières... en fonction de leur projet d'études.

L'entrée à l'université conditionnée à des prérequis

Là réside sans doute le véritable intérêt de la réforme du bac : utiliser l'examen non pour décerner un diplôme de fin d'études dévalué (que plus de 80% des candidats décrochent), mais en faire une préparation à la poursuite d'études dans l'enseignement supérieur.

Car là encore, la situation n'est pas satisfaisante : échec à l'université, manque de places, tirage au sort injuste, manque de perspectives pour les lycéens professionnels... La réforme devient d'autant plus urgente que "nos universités vont connaître un choc démographique (...) avec chaque année 40.000 étudiants supplémentaires qu’il nous faudra accueillir", a déclaré le Premier ministre.

Sans prononcer le mot tabou de "sélection", Edouard Philippe confirme bien la piste vers laquelle on s'oriente : "Il est temps d'offrir à nos lycéens des contrats de réussite étudiante qui leur indiquent les prérequis pour réussir dans la filière visée, nous le ferons dès la rentrée 2018."

Concrètement, pour accéder à une première année de licence dans une discipline - science, lettres, psycho, droit - il faudra prouver que l'on a bien certains "prérequis" dans certaines matières. Ces prérequis seront-ils basés sur les notes du lycée, des tests, ou les notes du bac ? Les matières d'examen choisies par le lycéen au bac pourraient en effet servir à démontrer que l'on a bien le niveau exigé, comme cela se fait dans divers pays européens.
C'est une des pistes évoquées qui permettrait d'orienter la réforme du bac. Des stages de rattrapage pourraient aussi permettre aux lycéens n'ayant pas les prérequis de combler leurs lacunes.

L'enseignement professionnel

Le Premier ministre dit aussi vouloir prendre des mesures pour améliorer les débouchés de l'enseignement professionnel. Il a d'abord évoqué les 100 000 jeunes qui sortent du système scolaire chaque année sans qualification. 'Le lien entre le lycée professionnel et le monde de l'entreprise par l'alternance ou par l'apprentissage doit être resserré", a-t-il dit.

Autre piste : améliorer les poursuites d'études pour les bacheliers professionnels, qui échouent souvent aux portes des BTS. "Le lycée professionnel doit être mieux intégré avec les filières postbac courtes que sont le BTS et les licences professionnelles", a dit Edouard Philippe.

Une nouveauté en vue : "Des diplômes de qualification à bac+1 pourront également être proposés après le baccalauréat professionnel", a-t-il poursuivi. A l'heure actuelle en effet, les bacheliers professionnels n'ont pas beaucoup d'options de poursuite d'étude hormis les BTS et quelques mentions complémentaires (bac+1) dans certaines spécialités. De nouvelles "mentions complémentaires" vont-elles être créées ?

Vers un nouveau service national pour tous les jeunes

Autre annonce importante concernant les jeunes, la question très controversée du "service national". La France a voté en 1997 la suppression du service militaire qui s'imposait à tous les garçons français.

Or Emmanuel Macron avait évoqué durant la campagne présidentielle son intention d'instituer un service militaire d'un mois, pour tous les jeunes, garçons et filles. Une idée qui inquiète notamment les défenseurs du service civique qui craignent que les budgets alloués au service national ne viennent rogner ceux du service civique (déjà insuffisants pour toutes les demandes).

"Notre jeunesse a soif de cause, a reconnu Edouard Philppe, on n’y répondra pas par des taux de croissance ou par des procédures, la jeunesse veut s'élever, au siècle dernier elle a eu trop d'occasions de verser son sang." Evoquant, "un front social, environnemental et mondial", où la jeunesse pourrait "déverser son enthousiasme", le Premier ministre n'a donc pas totalement clarifié les choses : ce service national sera-t-il militaire ou non ?

"C'est pour préparer nos enfants à ce monde qui vient, à cette France que nous voulons grande et belle, juste et forte que le gouvernement mettra en place un nouveau service national conformément aux engagements du président de la République".

Tout cela pour ajouter que "La réflexion sur les formes qu'il prendra sera conduite avant la fin de l'année 2017". Autrement dit, rien n'est fait, d'autant que les réalités budgétaires ont déjà conduit à repousser la réalisation de quelques promesses de campagne.

A noter par ailleurs qu'Emmanuel Macron a aussi proposé que des volontaires en service civique aient des missions dans les écoles maternelles pour aider à l'acquisition du langage. Il se pourrait donc bien qu'au final, on aboutisse à une demi-mesure : un service national d'un mois proche d'un bénévolat citoyen.

Vidéo : Edouard Philippe évoque la création d'un service national pour tous les jeunes

 

C'est un peu passé inaperçu, mais dans la partie de son discours consacré à la santé, le Premier ministre a aussi déclaré : "Nous créerons un service sanitaire pour les étudiants des filières de santé, pour leur permettre d’intervenir dans les écoles et les entreprises pour des actions de prévention".

Les étudiants en médecine ou en soins infirmiers seront donc associés à des actions de prévention. A côté du service civique et du nouveau service national, il y aura donc peut-être un "service sanitaire"... Les ministres du gouvernement ont du pain sur la planche pour mettre en musique et surtout harmoniser tout cela.



Rédigé par le Jeudi 6 Juillet 2017

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