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Le Prix Goncourt des lycéens 2022 va à Sabyl Ghoussoub pour "Beyrouth sur Seine"


Tags : culture, lycée

Les délégués des 55 classes engagées dans le Goncourt des lycéens 2022 ont décerné leur prix au roman de Sabyl Ghoussoud "Beyrouth sur Seine". Environ 2000 lycéens ont participé à ce marathon de lecture créé en 1988.





Le Prix Goncourt des lycéens 2022 va à Sabyl Ghoussoub pour "Beyrouth sur Seine"
Au fil des ans, le Goncourt des lycéens s'est taillé une place de choix parmi les "grands" prix littéraires décernés à la fin de l'automne.  C'est que les lycéens sélectionnés chaque année pour participer à l'aventure sous la houlette de leur professeur de français n'ont pas mauvais goût. Le roman qu'ils couronnent est souvent une pépite que les lecteurs s'empressent d'aller chercher en librairie.

Ce 24 novembre 2022, c'est Sabyl Ghoussoud qui a donc eu  la faveur du jury lycéen pour son deuxième roman, "Beyrouth sur Seine" (chez Stock).

Le narrateur y raconte 'histoire de ses parents, arrivés à Paris en 1975 et contraints à l'exil par la guerre du Liban. L'hommage familial se mêle à une réflexion sur l'immigration et la mémoire du pays d'origine.


L'annonce du lauréat du Prix Goncourt des lycéens 2022 à Rennes


Une sélection progressive... et un marathon de lecture

Le roman de Sabyl Ghoussoud a été choisi au terme d'une sélection progressive et d'un véritable marathon de lecture pour les lycéens engagés.

En effet les lycéens doivent décerner leur prix parmi les 15 mêmes romans qui concourent chaque année pour le Prix Goncourt lui-même.

Or ce n'est qu'à la fin septembre que les livres retenus par l'académie Goncourt sont connus. Les 55 classes sélectionnées par l'Education nationale peuvent alors aller chercher à la Fnac - co-organisatrice de l'événement - leurs 15 livres... et les lire en moins de deux mois ! 
 

Une expérience collective d'échanges et de rencontres

Cependant une série d'événements vient ponctuer et adoucir cette cure de lecture.

- En octobre, les lycéens ont le privilège de pouvoir rencontrer les auteurs en lice lors de rencontres régionales.
Ainsi la littérature prend soudain corps : "On se rend compte que les écrivains sont des gens parfois jeunes et tout à fait proches", témoigne Sophia. Et à travers des questions très directes d'une grande fraicheur, les lycéens découvrent ce que peut être l'univers d'un auteur, son projet littéraire, ses méthodes d'écriture, etc. 

- En novembre, chaque classe choisit un élève pour être son délégué et pour participer aux délibérations régionales : parmi les 15 ouvrages, chaque région doit en choisir trois pour aller en finale. Encore des occasions d'échanger, de défendre ses points de vue, d'argumenter et d'écouter aussi les avis différents.

- Puis les régions choisissent le lycéen délégué qui participe à la délibération nationale, qui a lieu chaque année à Rennes. Trois ou quatre livres sont aussi sélectionnés pour être finalistes.

 

Les 4 romans préférés des lycéens

Quatre romans avaient été sélectionnés en 2022 par les lycéens  pour la délibération finale : 
  • Les liens artificiels, de Nathan Devers, éd. Albin Michel
  • Beyrouth-sur Seine, de Sabyl Ghoussoub, éd. Stock
  • Sa préférée, de Sarah Jollien-Fardel, éd. Sabine Wespieser
  • La Petite Menteuse, de Pascale Robert-Diard, Éd. L’Iconoclaste
Une sélection tout à fait différente de celle qu'ont fait les jurés du Prix Goncourt qui avaient retenu, Le mage du Kremlin, de Guiliano da Empoli, Les Presque Sœurs, de Cloé Korman, Une somme humaine, de Makenzy Orcel, et Vivre vite de Brigitte Giraud qui a remporté le prix le 3 novembre.

Comme quoi les lycéens n'ont pas tout à fait les mêmes goûts littéraires que leurs ainés !
 

Déjà 35 ans d'histoire !

Le Prix Goncourt des lycéens 2022 était le 35ème décerné depuis sa création en 1988. Il est organisé aujourd'hui par le ministère de l'Education nationale, en partenariat avec la Fnac. 

Tous les classes de lycées, généraux, technologiques, professionnels ou agricoles, de la seconde au BTS peuvent y participer, ainsi que les établissements de l'Agence de l'enseignement du français à l'étranger (AEFE) et ceux de la Mission laïque française (Mlf).

Pour cela, il faut qu'un professeur de français inscrive sa classe au printemps qui précède : toutes les candidatures ne peuvent être retenues et un établissement ne peut participer deux années de suite.
 

De nouvelles façons d'apprendre

Car en 35 ans, le succès de l'événement a dépassé le cadre scolaire et le Goncourt des lycéens est devenu une institution.

Il a aussi montré la voie à des compétitions culturelles variées comme les concours d'orthographe, de vocabulaire ou d'éloquence, qui renouvellent la façon d'apprendre, de transmettre et d'enseigner.

Le site https://goncourt-lyceens.ac-rennes.fr/ propose durant la compétition de nombreuses ressources pédagogiques pour soutenir la motivation des lycéens, relier les classes participantes et leur permettre de s'exprimer dans un journal.
 

La lecture, vecteur de relations et de communication

La lecture sort ainsi de son statut d'activité solitaire, elle devient un vecteur de relation et de communication : communication entre les élèves et les auteurs, entre la classe et l'enseignant (qui peut par exemple proposer de lire à voix haute certains passages) mais aussi entre élèves eux-mêmes.

C'est en effet la classe qui doit lire les 15 romans du Goncourt et non chaque élève (ouf !). Par contre chaque lycéen ou lycéenne doit lire au moins un livre, ce qui, pour certains, est déjà là une grande étape, et il doit partager le fruit de sa lecture avec ses camarade.

 

Un rapport qui dévoile une foule d'initiatives pour faire lire

Le Prix Goncourt des lycéens 2022 va à Sabyl Ghoussoub pour "Beyrouth sur Seine"
Dans un remarquable rapport publié en novembre 2022 et intitulé "La lecture B.A-BA de la relation", le think Tank éducatif Vers le Haut insiste sur l'importance de ces initiatives associatives et citoyennes pour faire lire enfants et adolescents. 

Le rapport en décrit plusieurs comme par exemple l'action de l’association Silence, On Lit!, qui veut remettre la lecture et le livre au cœur de nos vies en faisant lire les gens en silence (!) durant 15 minutes à des moments où ils sont ensemble : en entreprise, à l'école, au lycée, dans les transports...

Une enseignante, citée dans ce rapport (p. 127) raconte comment l'institution de ce quart d'heure de lecture silencieuse en classe de BTS a peu à peu "débloqué" certains élèves qui se contentaient au départ de la regarder lire. "Il a fallu plusieurs séances pour que les élèves se mettent à lire, car cela semblait une activité tellement incongrue qu’il fallait se l’approprier", raconte-telle.

Téléchargez le rapport ci-dessous :



 




Rédigé par le Vendredi 25 Novembre 2022

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