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Harcèlement scolaire : des mesures pour renforcer l'empathie et le sens du collectif



Le gouvernement français a présenté le 27 septembre une batterie de nouvelles mesures pour lutter contre le harcèlement scolaire sur tous les fronts. Côté prévention, des cours d'empathie vont être développés dans les écoles et des collectifs d'adultes et d'élèves ambassadeurs mobilisés.





© Mart Production
© Mart Production
Destiné à créer un "électrochoc", le plan anti-harcèlement dévoilé par la Première ministre le 27 septembre 2023 vient en réalité poursuivre ou accentuer l'action déjà entreprise avec le programme Phare qui a été généralisé dans tous les collèges à la rentrée 2022 et tous les lycées en septembre 2023.

Mais le mal semble, en la matière, aller toujours plus vite que les traitements : la mort de Lindsay, 13 ans, en mai dernier, puis le suicide en cette rentrée de Nicolas, 15 ans, qui avait en vain dénoncé les insultes dont il était la cible, montrent que l'isolement des victimes est encore grand. 

D'où ces nouvelles dispositions pour agir sur tous les volets du problème : en prévention, en détection et en solutions plus ou moins répressives.

Des sanctions renforcées pour sortir de l'impunité

Les mesures répressives sont les premières a avoir été médiatisées. Désormais, en cas de "comportement intentionnel et répété" en primaire (!), on pourra changer d’école l'enfant harceleur, alors que c'était jusque-là la victime qui devait le faire. "La peur doit changer de camp !", a martelé Gabriel Attal, ministre de l'Education.

Au collège-lycée, on pourra poursuivre des élèves qui harcèleraient des jeunes d'autres établissements, situations courantes à travers les réseaux sociaux.

Leur téléphone portable pourra être saisi et le gouvernement envisage de les faire exclure six mois à un an du réseau social sur lequel s'est fait le harcèlement (mesure qui nécessite toutefois un accord avec les plateformes).

D'autre part, mesure la plus forte, le procureur de la République sera saisi systématiquement et immédiatement pour chaque situation préoccupante. Et des sanctions pénales graduées vont être mises en place, depuis le stage de citoyenneté, la réparation pénale, jusqu'à des peines aggravées en cas de suicide d'une victime. 
 

Une criminalisation excessive des harceleurs ?

Est-ce pour faire montre d'une détermination nouvelle des autorités ? Le 18 septembre, un garçon de 14 ans a été arrêté en plein cours dans son collège d'Alfortville (94) et placé en garde à vue pour avoir insulté et poussé au suicide une camarade en transition de genre. Le gouvernement a justifié l'intervention en disant vouloir "envoyer un message fort aux harceleurs".

Mais nombre d'éducateurs, à commencer par des parents d'élèves, ont critiqué la méthode, peu propice à apaiser le climat scolaire.

Pour Guillaume Prévost, directeur général du Think Tank VersLeHaut, "ces interpellations dans des établissements soulignent la tentation de criminaliser les enfants et relèvent de graves confusions quant aux responsabilités respectives des adultes et des enfants. Est-il raisonnable de faire porter sur les seuls "harceleurs" la responsabilité d'un phénomène complexe qui doit autant à l'environnement et à l'effet de groupe qu'à la volonté de nuire d'adolescents souvent eux même en difficulté ?"

Développer des cours d'empathie basés sur une méthode danoise

Le travail éducatif sur les dynamiques de groupe et la prévention des violences constituent pourtant la majeure partie des mesures du plan de lutte contre le harcèlement. Mais il s'agit de la partie immergée de l'iceberg.

Le ministre de l'Education a soulevé le coin du voile en déclarant que des "cours d'empathie" allaient être développés dans les écoles, comme cela se fait déjà au Danemark. De fait, La Ligue de l'Enseignement expérimente dans les maternelles d'une cité éducative de Paris (18è) la méthode danoise "Fri For Mobberi" (libérés du harcèlement).

Basée sur des travaux de recherche, celle-ci postule que le harcèlement est le fruit d'une dynamique de groupe dysfonctionnelle basée sur l'exclusion. A travers les activités proposées dans une mallette, les enfants apprennent peu à peu à former des groupes bienveillants, tolérants et respectueux où chacun a sa place et se sent en sécurité.

Les études montrent que la méthode améliore la capacité des enfants à gérer leurs conflits par eux-mêmes, leur esprit d'équipe ou encore, leur indice d'empathie. Elle peut être développée ensuite sur le niveau primaire jusqu'en CE2.

Corriger les dynamiques de groupe : la méthode de la préoccupation partagée

Le programme PHARe lui-même, développé par l'Education nationale en 2022 dans tous les collège et en 2023 tous les lycées, accorde une importance particulière au climat scolaire et aux dynamiques de groupe. Rappelons qu'il signifie "Prévenir le Harcèlement et Agir avec Respect entre élèves".

Chaque établissement doit certes avoir son "référent harcèlement" pour coordonner les actions, mais le programme invite surtout des adultes (enseignants, ou personnels administratifs) à constituer des équipes ressources pour détecter les situations de harcèlement, intervenir, dialoguer, prévenir et former les élèves.

A certains endroits, ces équipes utilisent aussi une méthode d'origine suédoise : la méthode de la préoccupation partagée. Elle consiste, dès qu'un fait de harcèlement se produit, à écouter les victimes de façon bienveillante et attentive, puis à aller vers chaque harceleur (pris individuellement) dans une attitude "non blâmante". L'adulte ne le blâme pas, ne le sanctionne pas, mais lui partage sa "préoccupation" de la situation de l'élève victime.
Au lieu d'être montrés de doigt, les responsables des faits sont ainsi invités à chercher eux-mêmes ce qu'ils pourraient faire pour améliorer le sort de leur camarade. Les entretiens se poursuivent jusqu'à ce que les intimidateurs aient trouvé une solution et que les faits aient cessé.
 

S'appuyer sur des élèves ambassadeurs : la prévention par les pairs

Pour développer ces approches à grande échelle, le programme Phare prévoit de former tous les personnels de l'Education nationale, mais aussi des jeunes volontaires pour devenir "élèves ambassadeurs" dans leur établissement. En 2022-2023, il y avait 15 000 élèves-ambassadeurs, un chiffre qui devrait augmenter afin d'impliquer encore davantage d'élèves dans les solutions.

Ces élèves ambassadeurs sont incités à monter un projet dans leur collège ou lycée pour sensibiliser leurs camarades, sortir de la loi du silence et pratiquer une prévention par les pairs.

"Dans mon lycée, on a mis plusieurs choses en place dont un projet de radio, dit Fatou. Notre première émission sur le harcèlement a découlé sur le cyberharcèlement car la plupart des élèves en ont parlé. Ils nous ont dit que sur les réseaux sociaux ils se faisaient beaucoup insulter mais qu'ils n'en parlaient pas souvent."

L'Education nationale dit vouloir aussi mieux informer les familles du traitement des cas de harcèlement et travailler dans "un esprit de partenariat". "L'information des familles est un élément très favorable à l’apaisement du climat scolaire", indique le dossier de presse du plan interministériel. 

 

Mieux détecter les situations et réagir vite

Enfin, le dernier volet des mesures annoncées fin septembre concerne la détection des faits de harcèlement. Le 3018 devient désormais le numéro unique pour signaler tous les problèmes, et les subventions accordées à l'association e-enfance qui gère la ligne vont être augmentées.

L'élève qui n'ose pas parler dans son établissement ou ne s'estime pas écouté peut ainsi appeler ce numéro (ou bien envoyer un message via l'application mobile 3018). Sa situation est alors prise en charge par les référents harcèlement de son académie.

On sait maintenant que plus la détection est précoce, et plus le harcèlement peut être rapidement stoppé. Dans l’académie de Poitiers par exemple, une situation a été traitée dans les cinq heures qui ont suivi la réception du courrier d'alerte ; le principal a immédiatement reçu les enfants et les familles impliqués. 

Autre nouveauté : un bouton de signalement va être mis à disposition par les réseaux sociaux. En cliquant dessus, on pourra  prévenir le 3018 qu'on est victime de harcèlement.

 

Mieux écouter la parole des enfants : une nouvelle campagne de sensibilisation

Il faudra sans doute encore plusieurs mois pour que toutes ces mesures se déploient et qu'elles changent les états d'esprit.

En attendant, la Journée annuelle de lutte contre le harcèlement scolaire, le 9 novembre 2023, donnera le top départ d'une nouvelle campagne de sensibilisation dans les médias. Elle vise cette fois les adultes qui trop souvent minimisent la parole des enfants et  mettra en lumière de véritables mots d’enfants et d’adolescents.

Des mots en apparence anodins qui cachent en réalité une détresse parfois absolue. Près d’un million d’enfants vivent une situation de harcèlement à l’école. Et cette violence conduit à des fins tragiques avec une hausse de +300% de tentatives de suicide chez les jeunes de moins de 15 ans au cours des dix dernières années.



Rédigé par la rédaction le Mardi 3 Octobre 2023

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