Les grandes écoles accélèrent leur rapprochement


Centrale Paris et l'ESSEC ont annoncé leur rapprochement, et les douze grandes écoles déjà réunies dans le pôle ParisTech veulent devenir une "université de sciences et technologies de niveau mondial". ça bouge, et de plus en plus vite au pays des grandes écoles.





Bientôt, peut-être, vous ne direz plus que vous voulez "faire l'X" ou HEC mais "entrer à ParisTech". Pour atteindre la taille critique nécessaire pour rivaliser avec les plus prestigieuses universités mondiales, les grandes écoles françaises se sont décidées à sortir de leur superbe isolement.

Plusieurs facteurs favorisent ce mouvement :
- La nécessité de réduire les coûts d'enseignement croissants : professeurs internationaux, locaux, laboratoires... Ainsi en 2008, deux grandes écoles d'aéronautique situées à Toulouse, Supaéro et l'ENSICA, se sont-elles regroupées pour devenir l'ISAE.
- Le besoin de moyens pour financer des laboratoires et des activités de recherche (la publication des travaux de recherche étant un des critères de classement et de notoriété au niveau mondial).
- La nécessité d'attirer davantage d'étudiants "étrangers" de haut niveau via des ensembles prestigieux similaires aux grandes universités américaines par exemple
- La généralisation du système "LMD" (licence, master, doctorat) qui permet une meilleure lisibilité des diplômes en France et à l'étranger
- En France, la réforme votée en juillet 2OO7 qui réforme les universités et encourage la création de pôles d'excellence regroupant grandes écoles, universités et laboratoires de recherche.

ParisTech : le regroupement de 12 ''très grandes écoles''

Douze grandes écoles parisiennes, et non des moindres, ont "dégainé" les premières en se regroupant dans un "pôle de recherche et d'enseignement supérieur " (PRES) nommé ParisTech : Polytechnique, Ponts, Mines, Télécom Paris, Chimie, l'Agro, ENSTA, Arts et Métiers, ESPCI, ENSAE... Elle étaient déjà associées depuis 1991, mais le PRES leur donne un cadre institutionnel et des horizons plus ambitieux.

Elles offrent déjà de nombreux masters communs et ont adjoint l'appellation ParisTech à leur nom (Télécom ParisTech). Mais une nouvelle étape va être franchie dans le rapprochement : ParisTech a annoncé le 24 novembre 2009 son intention de créer à terme une "université de sciences et technologie" de niveau mondial. Elle serait installée sur trois campus : Paris, Marne-la-Vallé et Saclay.
Dès le 1er janvier 2010, 60% des étudiants préparant un doctorat dans l'une des 12 écoles décrocheront un doctorat unique ParisTech. (www.paristech.fr

Un double diplôme Centrale-Essec

Le 27 novembre, l'Ecole centrale de Paris, autre prestigieuse école d'ingénieurs, a annoncé son "alliance stratégique" avec l'ESSEC, école de commerce basée à Cery-Pontoise. Les deux écoles ne vont pas se contenter de proposer des masters et des doctorats communs. Elles frappent fort en annonçant que les étudiants de l'une ou l'autre école pourront désormais décrocher un "double diplôme" de Centrale Paris et de l'ESSEC. Autrement dit, un diplôme d'ingénieur et de management, qui dit mieux ?

Pour décrocher ce double diplôme, il faudra toutefois étudier cinq ans au lieu de trois (après les deux ans de classes préparatoires). Il n'empêche : la possibilité donnée à des diplômés d'école de commerce d'obtenir le titre convoité d'ingénieur est une première qui marque une petite révolution en France !
A terme, Centrale et l'ESSEC devrait ouvrir leur alliance à Supélec et rejoindre le PRES Universud qui rassemble déjà l'Ecole normale supérieure de Cachan et les universités Paris XI, Evry et Versailles Saint-Quentin.
Deux grands pôles se dessinent donc autour des grandes écoles parisiennes.

Et en province ? Le mouvement va être le même, d'autant plus que l'augmentation de taille s'impose encore plus. La constitution de pôles universitaires d'excellence va s'accélérer aussi.


Avantages et inconvénients des rapprochements

Le mouvement présente l'avantage de rapprocher grandes écoles et universités, deux univers d'enseignement que la France s'est souvent plu à opposer ou à comparer. De ce point de vue, l'adoption de standards plus internationaux qui consistent à créer de grands pôles universitaires comprenant écoles, facultés, laboratoires de recherche sur un même campus, est une bonne façon de sortir par le haut du vieux débat français ! Chacun gagnera en effet à s'enrichir de la "culture" de l'autre, l'enseignement ne peut qu'y gagner en qualité (avec davantage de moyens pour la recherche), et surtout en ouverture (internationale, sociale et culturelle).

Peut-être peut-on seulement craindre une tendance à l'allongement démesuré des cursus, dans le but d'empiler les diplômes. Autre danger : celui de l'isolement des petites universités ou petites écoles, notamment en province, qui ne parviendraient pas à se rattacher à un "grand pôle" d'excellence. Ce risque avait été dénoncé durant le débat sur l'autonomie des universités, et Valérie Pécresse avait en 2007 dû assurer que des financements publics suffisants leurs seraient garantis.



Rédigé par le Vendredi 4 Décembre 2009

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