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Le pape à Strasbourg : fonder l'Europe sur l'homme et non l'économie



Lors d'une visite au Parlement européen et au Conseil de l'Europe le 25 novembre 2014, le pape François s'est adressé aux eurodéputés mais aussi à tous les peuples du continent. Il a prôné le respect de la dignité humaine, des plus fragiles, le primat de l'homme sur l'économie et l'ouverture à la jeunesse. Best of de ses paroles.





Le pape François devant le Parlement européen, le 25 novembre 2014. (Photos : Osservatore Romano)
Le pape François devant le Parlement européen, le 25 novembre 2014. (Photos : Osservatore Romano)
La visite du premier pape non européen à Strasbourg était très attendue. Non seulement parce que François, depuis son élection en mars 2013, touche par ses paroles fortes en faveur des plus pauvres, mais aussi parce que la "vieille Europe" semble plus que jamais en quête d'une bonne étoile face aux conflits et aux crises.

Une "Europe grand-mère" qui doit retrouver sa vitalité

"D'un peu partout on a une impression générale de fatigue, de vieillissement, d'une Europe grand-mère et non plus féconde et vivante", a en effet constaté le pape François.

"À une Union plus étendue, plus influente, semble cependant s’adjoindre l’image d’une Europe un peu vieillie et comprimée", a-t-il aussi déclaré.

Un constat sans concession, mais non sans espérance : "En m'adressant à vous aujourd’hui, à partir de ma vocation de pasteur, je désire adresser à tous les citoyens européens un message d’espérance et d’encouragement".
 
"Construire ensemble l’Europe qui tourne, non pas autour de l’économie,
mais de la sacralité de la personne humaine"

Pour le chef religieux, l'Europe a en effet de grands atouts pour secouer le pessimisme : il lui suffit de puiser dans ses racines (notamment religieuses et culturelles) ce qui a fait son sel depuis des siècles, à savoir ses valeurs humanistes : "Chers eurodéputés, l’heure est venue de construire ensemble l’Europe qui tourne, non pas autour de l'économie, mais autour de la sacralité de la personne humaine"...

Au centre du projet européen : la confiance en l'homme, le combat pour sa dignité

C'est bien le leitmotiv de la pensée du pape, la clé des deux discours adressés aux Européens : "Au centre de cet ambitieux projet politique il y avait la confiance en l'homme, non pas tant comme citoyen, ni comme sujet économique, mais en l’homme comme personne dotée d’une dignité transcendante".

"La dignité est une parole-clé qui a caractérisé la reprise du second après guerre", a rappelé le pape qui a souligné combien la promotion des droits humains était l'aboutissement d'un "long chemin";

Mais qu'est-ce que cette "dignité" ? Pour le chef religieux, elle est forcément "transcendante", c'est-à-dire signe d'un Homme voulu et créé par Dieu : "Parler de la dignité transcendante de l’homme signifie donc faire appel à sa nature, à sa capacité innée de distinguer le bien du mal, à cette «boussole» inscrite dans nos cœurs et que Dieu a imprimée dans l'univers créé".

Etre relationnel, l'homme ne peut être traité comme un bien de consommation

En conséquence, pour le pape François, il s'agit de "regarder l’homme non pas comme un absolu, mais comme un être relationnel".

Or, "Une des maladies que je vois la plus répandue aujourd'hui en Europe est la solitude, précisément de celui qui est privé de liens. On la voit particulièrement chez les personnes âgées, souvent abandonnées à leur destin, comme aussi chez les jeunes privés de points de référence et d’opportunités pour l’avenir ; on la voit chez les nombreux pauvres qui peuplent nos villes"...

Pour le pape chrétien, tous ces maux sont liés à l'éclipse du sens de l'homme, de sa vraie dignité et de sa vocation à la relation et au don. Conséquence pour lui : "On constate avec regret une prévalence des questions techniques et économiques au centre du débat politique, au détriment d’une authentique orientation anthropologique"
 
"L’être humain risque d’être réduit à un simple engrenage "

On se trompe donc «quand l’absolutisation de la technique prévaut", a-t-il insisté, car "L'être humain risque d’être réduit à un simple engrenage d’un mécanisme qui le traite à la manière d’un bien de consommation à utiliser".

Pour François, nombre de revendications liées à la bioéthique découlent de cette mentalité utilitariste : "lorsque la vie n’est pas utile au fonctionnement de ce mécanisme elle est éliminée sans trop de scrupule, comme dans le cas des malades, des malades en phase terminale, des personnes âgées abandonnées et sans soin, ou des enfants tués avant de naître".

Contre la "culture du déchet", prendre soin de la fragilité

C'est pour lui le résultat inévitable de la «culture du déchet» et de la «mentalité de consommation exagérée», un thème qu'il a repris devant le Conseil de l'Europe : "De l’individualisme indifférent naît le culte de l’opulence, auquel correspond la culture de déchet dans laquelle nous sommes immergés".

Au contraire il s'agit de prendre soin de la fragilité ce qui veut dire "force et tendresse, lutte et fécondité"...

"Prendre soin de la fragilité de la personne et des peuples signifie garder la mémoire et l’espérance ; signifie prendre en charge la personne présente dans sa situation la plus marginale et angoissante et être capable de l'oindre de dignité". Ainsi la dignité n'est-elle pas seulement individuelle, mais renvoie à un devoir social et même politique.

Migrations : la Méditerranée ne peut devenir un cimetière

Dans la même ligne, François est revenu sur un sujet qui lui est cher : le respect des immigrés en particulier de ceux qui arrivent clandestinement. On se souvient de son appel lancé en juillet 2013 sur l'île italienne de Lampedusa contre la "mondialisation de l'indifférence".

"On ne peut tolérer que la mer Méditerranéenne devienne un grand cimetière ! a-t-il martelé à Strasbourg. Dans les barques qui arrivent quotidiennement sur les côtes européennes, il y a des hommes et des femmes qui ont besoin d’accueil et d’aide".

Il a été grandement applaudi lorsqu'il a critiqué le manque de soutien de l'Union Européenne qui "risque d’encourager des solutions particularistes aux problèmes, qui ne tiennent pas compte de la dignité humaine des immigrés, favorisant le travail d’esclave et des tensions sociales continuelles", allusion à des mesures purement répressives adoptées récemment.

Le pape a encouragé les hommes politiques européens à adopter"des législations qui sachent en même temps protéger les droits des citoyens européens et garantir l’accueil des migrants" et aussi à aider les pays d’origine des immigrés à se développer et à résoudre leurs conflits internes, "au lieu des politiques d’intérêt qui accroissent et alimentent ces conflits". "Il est nécessaire d’agir sur les causes et non seulement sur les effets", a-t-il conclu.

La recherche de la paix : un chemin constant d'humanisation

Le pape à Strasbourg : fonder l'Europe sur l'homme et non l'économie
Enfin François ne pouvait manquer de revenir sur la vocation première de la construction européenne : maintenir la paix entre des nations et des peuples que l'histoire a pu opposer.

En faisant référence aux fondateurs de l'Europe (comme par exemple Maurice Schuman), il s'est alors permis une petite leçon de politique et de diplomatie : "La voie privilégiée vers la paix, c’est de reconnaître dans l’autre non un ennemi à combattre, mais un frère à accueillir. Il s’agit d’un processus continu, qu’on ne peut jamais considérer pleinement achevé."

"Un chemin constant d’humanisation est nécessaire, a-t-il précisé en citant Paul VI, l'un de ses prédécesseurs. De sorte qu’« il ne suffit pas de contenir les guerres, de suspendre les luttes, (…) une paix imposée ne suffit pas, non plus qu'une paix utilitaire et provisoire; il faut tendre vers une paix aimée, libre, fraternelle, et donc fondée sur la réconciliation des esprits."

Le défi du dialogue et de la transversalité

Tout ceci nécessite un véritable esprit de dialogue entre groupes de pensée très divers, sans esprit de clan ni de chapelle :
"On a besoin de l’esprit de jeunesse qui accepte le défi de la transversalité", a déclaré le pape qui se dit très frappé par l'ouverture des jeunes politiciens qu'il rencontre.

Au final, "Il s’agit d’effectuer ensemble une réflexion dans tous les domaines, afin que s’instaure une sorte de « nouvelle agorà », dans laquelle chaque instance civile et religieuse puisse librement se confronter avec les autres, même dans la séparation des domaines et dans la diversité des positions, animée exclusivement par le désir de vérité et par celui d’édifier le bien commun."
"Je souhaite que l’Europe retrouve cette jeunesse d’esprit qui l'a rendue féconde et grande"
On l'a compris : l'Eglise catholique, que représente le pape, compte bien tenir sa place et apporter son regard, avec les autres religions dans cette réflexion : "Je souhaite que l’Europe, en redécouvrant son patrimoine historique et la profondeur de ses racines (...) retrouve cette jeunesse d’esprit qui l'a rendue féconde et grande", a conclu François.

Un message clair à ceux qui voulaient gommer des textes et des esprits les "racines chrétiennes de l'Europe".



Rédigé par la rédaction le Mercredi 26 Novembre 2014

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