J'ai le baby blues !



Accueillir un bébé n'est pas toujours si rose qu'on le croit. Le fameux "baby blues" existe et peut parfois se prolonger... Rien de grave si vous osez en parler et vous faire aider. Il faut simplement parfois un peu de temps pour entrer dans la joie d'être mère, ou père.




J'ai le baby blues !
"Quand j'ai appris que j'étais enceinte, j'étais folle de joie. Je tournais une page, j'allais enfin connaître THE bonheur." "Cet enfant, je le voulais, je l'imaginais déjà", "J'avais eu une grossesse merveilleuse, je voulais l'allaiter, j'avais tout lu sur le sujet"...

Beaucoup de jeunes femmes se réjouissent ainsi d'accueillir leur bébé. D'autant que l'accouchement, aujourd'hui bien pris en charge, fait moins peur. Mais la naissance reste un bouleversement immense. Emotion, stress, fatigue, joie et craintes mêlées... Du jour au lendemain, vous voilà en charge d'une petite vie, et ça vous fait craquer ! Vous pleurez pour un rien, vous vous sentez vidée, débordée... Pas de panique ! Ce coup de mou bien connu touche 30 à 80% des accouchées. Il survient en général 3 à 5 jours après la naissance, et dure seulement quelques jours.

Dans cette vidéo réalisée par Doctissimo, deux femmes témoignent de leur "baby blues".


Et si le baby blues se prolonge ?

La plupart du temps, le "baby blues" repart comme il était venu. De retour à la maison, vous prenez votre rythme, vous vous organisez, vous faites connaissance avec votre bébé, vous prenez confiance en vous. Et malgré la fatigue et les nuits mouvementées (un bébé n'est pas une machine !), vous commencez à goûter le bonheur de vous occuper de lui ou d'elle comme en témoignent les parents qui accueillent leur premler enfant.

Mais parfois aussi, l'anxiété grandit. Les pleurs du bébé vous stressent, vous avez l'impression de ne pas le (la) comprendre, de ne pas être à la hauteur. Vous ne prenez pas plaisir à vous occuper de lui et ne parvenez pas à établir un lien affectif.

Vous n'osez pas en parler car "vous avez tout pour être heureuse" et vous vous culpabilisez. C'est un tort car ce "baby blues" prolongé peut conduire à une vraie dépression postnatale, un trouble mieux connu aujourd'hui :  "On sait maintenant que plus de 10% des femmes font un épisode dépressif après la naissance d'un enfant", explique le docteur Romain Dugravier, pédopsychiatre au CHU Sainte-Anne Paris.

D'où vient la dépression postnatale ?

Ecartez d'abord les jugements moraux ou dévalorisants : non, vous n'êtes pas une "mauvaise mère", incapable de vous occuper d'un bébé, de l'aimer, de le comprendre. D'ailleurs des femmes peuvent avoir ce genre de déprime pour un deuxième enfant alors que tout s'est bien passé pour le premier.

"La maternité humaine est un temps de remaniements psychiques majeurs, nécessaires et incontournables, pour pouvoir accueillir et donner naissance à son enfant. Devenir mère s’apparente alors à un voyage intérieur, véritable retour sur soi et en soi", expliquent les animatrices de l'association Maman Blues, qui aide les mamans confrontées à ces difficultés.

Autrement dit, l'arrivée de votre bébé peut faire remonter en vous des souvenirs douloureux liés à votre histoire familiale, votre enfance. Cela peut être aussi le souvenir d'un avortement, et le regret d'un bébé perdu que le bébé présent rappelle. Ou bien simplement la difficulté de s'adapter au tête-à-tête avec un petit, à ses rythmes chaotiques, alors qu'on avait une vie professionnelle active où l'on croyait tout maîtriser. Ou la déception de ne pas être la "maman parfaite" qui "gère".

"Il peut aussi y avoir des facteurs aggravants, souligne Cécile Croquin, de l'association Maman Blues : le fait d'être isolée et de ne pas être soutenue par le papa, des difficultés sociales, des conflits conjugaux durant la grossesse". Si vous avez eu du mal à accepter l'enfant et que vous vous sentiez déjà déprimée en l'attendant, il est encore plus important de vous faire aider.
Car si l'on connaît mieux la dépression postnatale, on sait mieux aussi la traiter...

Oser en parler, le premier pas vers la guérison

Le premier pas pour s'en sortir est sans nul doute d'oser demander de l'aide, d'en parler.

"Face à ma difficulté, ne sachant que faire, j'ai tapé "baby blues" sur internet et j'ai découvert des forums de discussion où d'autres femmes partageaient la même difficulté", raconte Cécile Croquin. Ce sont les femmes qui fréquentaient ces forums qui ont créé l'association Maman Blues. Sur le site maman-blues.fr, vous pouvez trouver de nombreux témoignages, mais aussi échanger, vous exprimer sur un forum. Des relais Maman-Blues existent aussi en France.

Vous pouvez aussi vous diriger vers les professionnels de la naissance et de la santé : médecins généralistes, PMI, psychologues...

Enfin, il existe en France quelques "unités mère-enfant", services hospitaliers spécialisés pour la prise en charge de mamans en difficulté avec leur bébé : (adresses sur le site de la Société Marcé)

Ne tardez pas à faire ce pas, car plus tôt vous regarderez le problème en face, plus tôt vous pourrez rétablir une bonne relation avec votre bébé.

D'autres conseils pour éviter la déprime postnatale

- Faites-vous aider, acceptez de confier votre bébé pour vous reposer, prendre un peu de temps pour vous
- Ne vous isolez pas, parlez de vos difficultés avec d'autres
- Si vous n'avez pu l'allaiter, ne vous culpabilisez pas : l'essentiel est de nouer une relation tendre avec votre bébé
- Ne confondez une difficulté à vous occuper du bébé avec le fait de ne pas l'aimer.
- Ne vous jugez pas, et surtout, renoncez au rêve d'être une mère idéale !

Car la bonne nouvelle est qu'avec de l'aide, on peut en sortir et trouver ou retrouver le bonheur d'être maman. "On ne naît pas mère, On le devient...", assurait le pédo-psychiatre Jean-Marie Delassus.

"Aujourd'hui, je suis capable de dire que je suis une bonne maman, car j'ai su me battre, pour mes filles, à plusieurs reprises, témoigne Isabelle, 25 ans, sur le site de Maman Blues. Etre une bonne maman, ce n'est pas être parfaite et infaillible, c'est aussi savoir admettre quand quelque chose ne va pas, c'est vouloir changer cela par amour pour nos petits".

 


Dimanche 16 Novembre 2014



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