La dépendance au tabac concerne-t-elle toujours autant les jeunes ?
Pierre-Antoine Migeon reçoit les jeunes en consultation de tabacologie à l'hôpital de Fleyriat.
Pierre-Antoine Migeon : "Oui, c’est un vrai problème. Mais il y a eu des évolutions dans le profil des consommateurs de tabac. On observe notamment que les femmes fument plus aujourd’hui que les hommes : on estime que cela concerne une femme sur trois en âge de procréer.
Mais il faut préciser que, globalement, on ne fume pas pour les mêmes raisons selon l’âge qu’on a, et que le rapport avec la cigarette évolue. (…)
Mais il faut préciser que, globalement, on ne fume pas pour les mêmes raisons selon l’âge qu’on a, et que le rapport avec la cigarette évolue. (…)
De quelle façon cela évolue-t-il ?
Il y a deux types de dépendance qu’il faut distinguer : la dépendance pharmacologique ou nicotinique (au produit), et la dépendance psycho-comportementale (ce qui relève du besoin de fumer dans certaines situations comme face à un stress, par habitude, ou dans un contexte de groupe par exemple).
A l'adolescence, on va plutôt avoir tendance à développer d’abord une dépendance psycho-comportementale. On peut ainsi être dépendant au tabac sans être dépendant au produit, sans fumer tous les jours : souvent, les jeunes peuvent ne pas toucher de cigarette pendant les vacances ou le week-end quand ils sont chez leurs parents, mais ils vont retrouver leur besoin de tabac dès qu’ils retrouvent leur rythme de vie habituel. C’est très insidieux car la dépendance au produit va peu à peu s’installer.
A l'adolescence, on va plutôt avoir tendance à développer d’abord une dépendance psycho-comportementale. On peut ainsi être dépendant au tabac sans être dépendant au produit, sans fumer tous les jours : souvent, les jeunes peuvent ne pas toucher de cigarette pendant les vacances ou le week-end quand ils sont chez leurs parents, mais ils vont retrouver leur besoin de tabac dès qu’ils retrouvent leur rythme de vie habituel. C’est très insidieux car la dépendance au produit va peu à peu s’installer.
Pourquoi est-on particulièrement vulnérable quand on est jeune ?
''Pour les filles, l'association pilule-tabac est une bombe à retardement''.
Parce qu’à l’adolescence, on est en construction, on fait des choix, on cherche à s’affirmer et on fait des expériences. Dès lors, on est la cible idéale des campagnes de communication des cigarettiers : le tabac va être présenté comme tendance et socialisant. Une certaine convivialité va être associée à ce produit.
C’est aussi une période où certains vont être tentés de fumer pour répondre à des situations de stress (examens, etc.). Il ne faut pas sous-estimer les risques liés au tabac, on devient dépendant beaucoup plus vite qu’on croit. Il y a plus de 4000 produits toxiques dans la cigarette et il faut savoir, pour les filles, que l’association cigarette/contraception orale est une bombe à retardement.
C’est aussi une période où certains vont être tentés de fumer pour répondre à des situations de stress (examens, etc.). Il ne faut pas sous-estimer les risques liés au tabac, on devient dépendant beaucoup plus vite qu’on croit. Il y a plus de 4000 produits toxiques dans la cigarette et il faut savoir, pour les filles, que l’association cigarette/contraception orale est une bombe à retardement.
Quels conseils donnez-vous quand on souhaite arrêter ?
Agir sur son comportement et ses habitudes...
La dépendance au produit en lui-même, nous pouvons globalement la traiter grâce à des traitements substitutifs nicotiniques (patchs, gommes...), mais pour la dépendance psycho-comportementale, c’est plus compliqué. Le jour où l’on décide d’arrêter, il ne faut pas seulement avoir de la volonté, il faut aussi trouver des moyens de traiter cette dépendance. Il est donc fortement conseillé de se faire aider par un tabacologue.
Au-delà des produits médicamenteux, il est possible d’aller vers des thérapeutiques complémentaires pour agir sur son comportement et ses habitudes. Peuvent y contribuer des médicaments mais aussi des thérapies cognitives et comportementales : il s’agit notamment de chercher pour chaque personne les raisons qui la pousse à fumer, son type de dépendance, pour apprendre à se passer du tabac. Le point de départ de cette démarche est d’évaluer là où on en est dans sa relation avec la cigarette. Est-on mûr pour réaliser le sevrage, pour parvenir à remplacer les anciennes habitudes par de nouvelles ? Arrêter de fumer, c’est aussi passer par un processus de deuil.
Au-delà des produits médicamenteux, il est possible d’aller vers des thérapeutiques complémentaires pour agir sur son comportement et ses habitudes. Peuvent y contribuer des médicaments mais aussi des thérapies cognitives et comportementales : il s’agit notamment de chercher pour chaque personne les raisons qui la pousse à fumer, son type de dépendance, pour apprendre à se passer du tabac. Le point de départ de cette démarche est d’évaluer là où on en est dans sa relation avec la cigarette. Est-on mûr pour réaliser le sevrage, pour parvenir à remplacer les anciennes habitudes par de nouvelles ? Arrêter de fumer, c’est aussi passer par un processus de deuil.
Y a-t-il un bon moment pour arrêter de fumer ?
Il n’y a pas de mauvais moment. L’important est d’être prêt à prendre la décision. Tant que ça n’est pas une urgence médicale, on peut aborder ça de façon tranquille pour bien préparer cet arrêt et réfléchir à sa démarche. Choisir une date à l’avance peut être une bonne chose. Un bon moment est sans doute celui où l’on change d’environnement (le départ de chez les parents, un déménagement, etc.) car cela va faciliter la prise de nouvelles habitudes.
Comment réagir après plusieurs échecs ?
Il ne faut pas culpabiliser : il n’y a que ceux qui n’essaient pas qui n’échouent pas. En cas d’échec, il faut essayer de comprendre les raisons qui l’ont provoqué avec un tabacologue. Les leçons qu’on peut en tirer peuvent être utiles pour réussir la fois suivante."