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Addiction : comment le cerveau devient accro



Le mécanisme de l'addiction prend racine dans le cerveau, dans un système cérébral dit de "récompense". Les drogues y laissent une marque profonde, qui nous pousse à renouveler la consommation... jusqu'à ce que le piège se referme.




Addiction : comment le cerveau devient accro

Imaginez une souris devant un morceau de fromage. Dans une insouciance la plus totale, elle commence à le déguster. Mais un pas de plus et le piège se referme : la voilà prisonnière avec pour seul compagnon, le bout de fromage restant. Certes, nous ne sommes pas des souris, mais l'histoire illustre bien l'addiction générée par les drogues. 

Tout commence dans le cerveau, où se niche un étonnant  "système de récompense".

Ce système est à l'œuvre dans les fonctions vitales (boire, manger...). "Aujourd'hui, l'homme qui mange une pomme ne se demande pas si c'est bien nécessaire, il le fait spontanément", explique Jean-Antoine Girault, neurobiologiste et directeur de recherche à l'INSERM. Et cela lui procure un sentiment double : satiété et bien-être. En effet, quand vous commencez à avoir faim, votre ventre gargouille : il vous indique un besoin de manger. A la fin de votre repas, vous avez bien mangé et vous en êtes satisfait. Ce double sentiment relève du système de récompense.

Celui-ci a d'abord permis la survie de l'espèce : en effet, "au fil de l'évolution, des mécanismes d'apprentissage automatiques se sont mis en place, explique Jean-Antoine Girault. Ils permettent d'apprendre sans effort à adopter des conduites qui procurent des récompenses. Par exemple, la "récompense du ventre" a aiguillé l'homme vers les aliments susceptibles de le rassasier, en fonction des lieux et des saisons.

Au-delà, la sensation de plaisir ressentie pousse à renouveler l'opération source de satisfaction. Cela peut favoriser des apprentissages, mais aussi des addictions.

"Les circuits de récompense ont été mis en lumière dans les années 50, grâce à des expériences réalisées sur des rats. Celles-ci ont montré que lorsque des rats avaient la possibilité d'auto-stimuler certains neurones de leur cerveau, ils se livraient spontanément à cette activité au détriment des autres", précise le chercheur.


L'addiction : une drôle de récompense

Addiction : comment le cerveau devient accro
"Vers les années 90, poursuit le Dr Girault, on s'est aperçu que toutes les drogues  avaient un point commun : chacune augmente le taux de dopamine dans les synapses d'une région du cerveau faisant partie des circuits de récompense."

La dopamine module les neurotransmetteurs, ces substances qui transmettent l'information entre les neurones du cerveau. Sa libération dans les synapses pousse le cerveau à répéter les actions qui l'ont amené à la récompense.

"Les produits addictifs piratent le système de récompense en le stimulant directement", poursuit le neurobiologiste. Pour comprendre l’impact de ces produits sur le cerveau, représentez-vous un lavabo avec de l'eau coulant dedans. "Si vous bouchez ce lavabo, le niveau d'eau va logiquement  monter puisque celle-ci ne pourra plus s'écouler. Il en va de même pour la dopamine. Habituellement, elle se dégrade en partie après avoir été libérée dans la synapse. Cependant, la consommation d'une drogue comme la cocaïne empêche la recapture de la dopamine par les neurones et donc sa concentration augmente."

La répétition des comportements amenant à la récompense pousse à la prise de drogues : le cerveau en redemande toujours plus. Le cercle vicieux se referme. Conséquence : bien qu'étant conscientes du caractère nocif des drogues, les personnes dépendantes n'arrivent pas à s'arrêter.


Comprendre le mécanisme de l'addiction en vidéo :



La répétition crée l'addiction

Quelqu'un qui fume pour la première fois n'apprécie généralement pas le goût de la cigarette. "Mais s'il recommence plusieurs fois, les effets désagréables, ressentis la première fois, disparaissent. Car les augmentations de la dopamine provoquées par chaque cigarette poussent à recommencer à fumer, explique Jean-Antoine Girault. La rencontre entre le cerveau et la substance addictive crée une tendance à la répétition de la prise de drogue".

Certaines drogues sont plus addictives que d'autres. C'est le cas de la nicotine, de l'héroïne ou de la cocaïne : elles agissent directement dans la synapse, et bloquent la recapture de la dopamine.
La vitesse d'élimination des drogues est aussi un facteur important. Par exemple, une drogue comme le cannabis s'élimine très lentement. "On a longtemps cru qu'il était peu addictif, mais les travaux récents ont prouvé le contraire", dit le chercheur.

"En addictologie, on peut juger en partie du degré d'addictivité d'une substance en détectant un pic dans la concentration de dopamine. Ce pic varie selon le mode d'ingestion de la drogue  (voie orale, nasale, intraveineuse...). Plus l'absorption sera directe, plus les effets seront immédiats et le caractère élevé", précise le neurobiologiste.

Le revers de la médaille

Malheureusement, il est souvent trop tard quand on s'aperçoit d'une addiction. A ce stade, le cerveau à déjà eu le temps de s'accoutumer à la substance. En effet, les neurones gardent en mémoire la stimulation et une certaine tolérance s'installe. D'où le besoin d'augmenter les doses pour conserver un même degré de plaisir. 

Conséquence : lorsque l'on décide d’arrêter de consommer une drogue, de se sevrer, deux types de manifestations apparaissent :
  • le syndrome de manque : très net pour certaines drogues comme l’héroïne. Cette phase est de relativement courte durée et peut être aisément surmontée avec un environnement médical adapté. Le syndrome de manque est dû à un déséquilibre du fonctionnement des neurones, qui s'adaptent à la présence de drogue. Lorsque celle-ci disparaît brutalement, cela entraîne des symptômes parfois très graves.
  • la tendance à la rechute. C'est le problème le plus difficile à surmonter, car il résulte du conditionnement subi et persiste très longtemps. Cette tendance à la rechute est aggravée par les situations préalablement associées à la prise de drogue ou par le stress.

Addiction : comment le cerveau devient accro
En temps normal, des circuits de contrôle dans le cerveau envoient un signal à la personne "attention, tu vas trop loin". Cela lui permet de se raisonner dans ses actions tant morales que physiques. 

Cependant, dans les cas de manque et de rechute, ces circuits ne peuvent faire face à l'appel de la drogue. "Les hommes, par l'intermédiaire de la drogue, ont détourné de façon pathologique un système d'apprentissage qui leur était  naturel", regrette le chercheur. Les personnes qui ont été "addicts" sont susceptibles de traîner un boulet toute leur vie car l'effet des drogues dans le cerveau ne disparaît pas complètement.

Une forte composante génétique

Des études ont déjà  montré qu'il y avait une forte composante génétique dans le mécanisme de l'addiction. Eh oui, nous ne sommes pas tous égaux face au risque d'addiction ! Dans certaines familles on peut avoir un "terrain addictif" qui rend plus ou moins vulnérable. Par exemple, il peut arriver qu'une personne fume tous les jours pendant un temps et que du jour au lendemain, elle ne remette jamais la main sur une cigarette. A l'inverse, dans une autre famille, il peut suffire de quelques cigarettes pour créer directement une addiction.

Le neurobiologiste évoque des recherches en cours pour déterminer avec  précision les gènes concernés par l'addiction : "Par exemple, une étude a été faite sur des souris mutantes à qui l'on avait retiré un gène en particulier. Lorsqu'on leur faisait boire de l'alcool, ces souris ne semblaient pas vouloir en consommer à nouveau, à la différence de souris non mutantes qui buvaient de l'alcool dès qu'elles en avaient à leur disposition. A la fin de cette étude, il a été conclu que le gène retiré chez les souris mutantes régulait l'activation des neurones à dopamine".

Cependant,  les gènes ne sont qu'un facteur parmi d'autres, ils ne sont pas les seules explications au phénomène de l'addiction.

Et les addictions comportementales?

L'addiction n'est pas causée uniquement par la consommation de substances. Certaines addictions peuvent être créées par des comportements  (jeux, shopping, smartphones, sexe), qui produisent les mêmes effets dans le cerveau.

Dans le cas d'une addiction aux jeux, on a pu observer que l'excitation provoquée chez le joueur par le hasard active aussi les neurones à dopamine. Une personne qui sait qu'elle a 50% de chances de gagner va chercher à rejouer pour atteindre les 100% : le hasard excite les neurones de la personne.


Pour en savoir plus
- Fédération pour la Recherche sur le Cerveau (FRC)

- Campagne 2012 sur la réaction du cerveau lors de la consommation d'une drogue :
Guide addictions (en pdf ci-dessous)

Lundi 15 Juillet 2013

Qu'en pensez-vous ?

1.Posté par Ogier le 04/06/2018 08:58
Dans le cas d addiction aux jeux vidéos ou ecrans y a t il le même mécanisme ?

Le taux de dopamine augmente t il pareillement

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