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Amélie, élève ingénieur à Polytechnique



Amélie, 22 ans, est en troisième année à l'Ecole Polytechnique, une grande école d’ingénieurs au statut militaire. A l’occasion du 40ème anniversaire de l’entrée des femmes à Polytechnique, elle a répondu à nos questions sur son parcours, sa vie sur le plateau de Saclay et ses projets.




 Amélie, élève ingénieur à Polytechnique

Faire l'X, vous en rêviez dès le lycée ?

Amélie : "Au lycée*, je ne pensais même pas à la prépa. Quand on m'en parlait, j’imaginais une expérience plutôt pénible, avec du travail intense, de la compétition, des mauvais coups entre élèves… l'image que l'on nous présente à la télé. Et puis un prof m'en a donné une image plus positive en première, il décrivait une grande diversité de niveaux et d'ambiance.

En terminale, l’idée d’une bonne prépa parisienne s'est imposée, grâce encore à un prof. J'ai quand même hésité car j’étais attirée par des études de pharmacie, j’aimais beaucoup la biologie et en revanche, je n’étais vraiment pas une littéraire…

* : Amélie était en seconde au lycée Gaston Bachelard à Chelles (77) et en première et terminale au lycée André Boulloche à Livry-Gargan (93).

Les filles restent minoritaires dans les études scientifiques…

Oui elles sont de moins en moins nombreuses quand on poursuit des études de sciences : la moitié des effectifs en début de série scientifique au lycée, encore moins en prépa… Peut-être un quart de filles en MPSI (Mathématiques, physique et sciences industrielles), 5 ou 6 sur 40 en "spé".

Une fille qui aime les maths s'ouvre pourtant beaucoup de portes, c'est dommage pour les littéraires... Les maths sont survalorisées alors qu'à Polytechnique, certains passent beaucoup de temps à lire de la philo !

Vous avez fait une classe préparatoire à Louis-le-Grand. Comment l’avez-vous vécue ?

J’ai remarqué que les études se passent mieux dans les grandes prépas que dans d'autres moins réputées, en particulier parce que les profs ne nous "cassent" pas avec des notes catastrophiques ! La moyenne reste à 12 et ça aide à garder le moral.

J'ai continué le saxo en sup’ (mathématiques supérieures, 1ère année de classe prépa scientifique) , mais j'ai arrêté en spé’ (maths spéciales, 2e année) pour me concentrer sur la préparation du concours. Je rentrais chez moi, en Seine-et-Marne, une fois toutes les deux semaines, j’allais à la piscine derrière le Lycée Henri IV, deux lignes étaient réservées pour les élèves de prépa : c’est chouette de continuer le sport quand on est en prépa ! J'avais un studio à Saint-Michel au Quartier latin,  un très bon coin pour se changer les idées, aller boire un coup ou voir un film.

Quels conseils donneriez-vous pour vivre la prépa ?

Il faut beaucoup travailler, s’investir, ne pas le faire "pour papa-maman", avoir sa motivation personnelle, sinon ça marche deux ou trois mois et c’est fini. Je suis toujours allée vers ce qui me motivait, sans pression, sans directives de mes parents, au fur et à mesure de ce qui se présentait à moi.

Cela donne en plus une méthode de travail très utile par la suite.

Vous avez intégré Polytechnique parce c'est l’école d'ingénieurs la plus prestigieuse ?

En prépa, je ne voulais pas être 5/2 (redoubler la 2e année) , j'aurais pris l’école réussie du premier coup, même si elle n’était pas la meilleure… je visais juste une école qui corresponde à mon projet et une douzaine d’autres écoles m'attiraient. C'est important de ne pas viser une école juste pour le prestige, mais de faire ce qui correspond à son projet professionnel, car beaucoup d’écoles sont très proches de Polytechnique : Centrale Paris, Les Mines, etc.

Au début, je ne connaissais Polytechnique que par les défilés du 14 juillet. C’est le stage de 1ère année qui m'a attiré, une année de coupure, une ouverture. En plus je voyais que l’on pouvait faire de tout : des cours de bio, de chimie, de méca… J'ai ainsi pu continuer la bio alors que pharmacie aurait pu me décevoir. Je n'ai donc pas choisi mon école après le concours, mais avant. Je l'avais classée en tête dans ma liste de choix… et j'ai réussi le concours.

Polytechnique, pour beaucoup, ce sont les bicornes sur les Champs Elysées… En tant que femme, cet aspect militaire vous a-t-il fait peur ?

L'initiation à cette dimension est progressive. A l’arrivée à l’Ecole, fin août, la première semaine permet de découvrir la vie "sur le plateau"*, et d’apprendre le B.A.-BA : mettre un treillis, lasser ses rangers… puis nous faisons un "stage de formation humaine et militaire", de septembre à avril.

Plus qu'une formation militaire, c’est l’occasion de se connaître… Mes préjugés sur l’Armé "bête et méchante" sont tombés, et j'ai décidé d’effectuer un stage militaire, alors que j’étais arrivée avec l’idée de choisir un stage civil (Dans la Police, l’Education, les collectivités territoriale, les associations ou ONG) !

Je l'ai fait au 25ème régiment de génie de l’Air à Istres près de Marseille, j’étais chef de section. Pour une vingtaine de militaires expérimentés, je gérais l’emploi du temps, je distribuais les tâches à accomplir. Ça s’est très bien passé. J’étais la seule femme, je ne savais rien… mais j’étais respectée en tant que supérieur hiérarchique, tout simplement.

* : Le plateau de Saclay, à une vingtaine de km au sud de Paris. L'Ecole Polytechnique s’est implantée sur la commune de Palaiseau en 1976.


Photos : Ecole Polytechnique / Jérémy Barande

Comment se passent les études sur le plateau de Saclay ?

Au retour du stage commence le "tronc commun" de 1ère année, qui dure trois mois, d'avril à juillet. Il met tous les élèves au même niveau en mathématiques, en physique, en mécanique, en économie… puisque nous venons de formations différentes.

En 2e année, on choisit des cours de six matières. J’ai pris en "majeure" la biologie et l’informatique, et aussi de la physique, de la chimie et de la mécanique. En troisième année, j’ai encore resserré mon choix sur la "bio-informatique" (Construction de modèles informatiques et mathématiques pour rendre compte des phénomènes biologiques, chimiques et physiques).

Je ne travaille pas autant qu’en prépa... On étudie ce qui nous plaît, la quantité de travail est fonction de nos projets personnels. Rien ne m’oblige à travailler la bio particulièrement, je le fais parce que j’adore ça, j'aime approfondir.

Comment voyez-vous votre avenir après Polytechnique ?

En 4ème année, je ferai une école d’application (autre école d’ingénieurs spécialisée) ailleurs, il y en a toujours deux ou trois qui choisissent l’Armée, mais ce n’est pas la majorité. C’est finalement dur de savoir que l’on peut tout faire : une école, un master, de la recherche… Il faut un grand travail personnel pour discerner son avenir.

J’avais quelques idées qui me paraissaient claires et, en rencontrant des professionnels, j’ai tout remis en cause ! J’aimerais faire avancer la recherche, découvrir de nouveaux médicaments, de nouvelles protéines, étudier la génétique… En parlant avec les chercheurs, je constate à quel point c’est difficile ; une thèse, ce sera encore 4 ans d’étude, alors que j’ai envie de travailler.

Je choisirai peut-être du développement en entreprise, dans le privé. Il ne s'agira plus de recherche pure, mais de lancer des nouveaux produits : participer à l’innovation, faire avancer les choses concrètement.

Que conseiller à une fille qui viserait cette école ?

Je dirais : y aller ! Oser… En ce moment les femmes sont recherchées, on est bien vu. Cependant, une femme évolue moins qu’un homme, même si les salaires à l'embauche sont identiques. Je ne sais pas si c’est elles qui recherchent moins cette évolution ou si on le leur propose moins…

Personnellement, je cherche un travail, mais je pense aussi au temps libre, au temps que je consacrerai à mes enfants. Envisager un post-doctorat de 2 ans aux Etats-Unis me fait beaucoup hésiter à commencer une thèse ! Dans 4 ans, j’aurai commencé ma vie, j'aurai peut-être un enfant, alors... Les hommes ne pensent pas encore à leur vie personnelle, ils sont ravis de partir, c’est tout. Encore une petite différence, mais ça pourrait ne pas durer !"


Propos recueillis par Priscille Leroy, le 29/10/2012

En savoir plus sur Polytechnique

 Amélie, élève ingénieur à Polytechnique
- Le site officiel de l’Ecole Polytechnique

- Le portail événementiel "Célébration du 40eanniversaire de l’entrée des femmes à l’École polytechnique : Femmes de Polytechnique, femmes de progrès
Ceest en 1972 que le concours de l’École polytechnique devient accessible aux femmes et c'est une femme, Anne Chopinet-Duthilleul, qui est reçue cette année-là major au concours d’entrée. Alors qu’elles n’étaient que sept polytechniciennes dans la première promotion mixte, elles sont 61 sur 400 en 2012.

Lire aussi :
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Y a-t-il des métiers d'hommes et des métiers de femmes?

Mercredi 6 Mars 2013


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