Bien choisir ses langues étrangères



Quelles langues apprendre au cours de ses études et au-delà lorsqu'on est francophone ? Si l'anglais est devenu indispensable, le choix d'une deuxième voire d'une troisième langue est beaucoup plus ouvert. Et répond à des critères assez divers. Toutes les clés pour faire le choix qui vous convient.




Bien choisir ses langues étrangères
"Avant de se demander quelle langue choisir, il faut savoir pourquoi on veut l'apprendre... Ce peut être pour un motif professionnel, mais aussi pour aller s'installer à l'étranger, pour faire un voyage, ou bien pour l'intérêt linguistique, la découverte culturelle ou par fidélité à ses racines car il y a de multiples motifs d'apprendre une langue", explique Kseniya Yasinska, déléguée générale de l'Unosel, qui regroupe des organismes linguistiques.

Une précision importante avant de rechercher trop vite les langues "les plus utiles". Les plus "utiles" pour vous sont en effet celles qui vous aideront à bâtir un projet personnel et professionnel.  Les deux aspects pouvant tout à fait s'articuler.

Faites un choix mêlant le coeur et la raison

Au départ, souvent, nous nous sentons "par goût" plus attirés par certaines langues. "Moi j'ai choisi l'allemand parce que les sonorités me plaisaient, alors que l'espagnol ne me tente pas du tout. Après, si je rencontre un bel hidalgo, je changerai peut-être d'avis sur l'espagnol", expliquait une internaute en commentant la première édition de cet article.

Cet attrait spontané peut servir de motivation au départ mais il faudra veiller à l'entretenir par des séjours, des stages ou d'autres occasions de pratiquer la langue. Et de ce point de vue, rien de mieux que de l'utiliser pour son travail. Si par exemple vous voulez être styliste, vous pouvez avoir intérêt à apprendre l'italien, Milan étant souvent considéré comme la capitale du design. Dans l'aéronautique, vous aurez à utiliser l'anglais au quotidien. Et si vous travaillez en Suisse ou dans l'Est de la France, l'allemand peut s'avérer indispensable...

Pour faire le bon choix, tâchez donc de marier le coeur et la raison. Et tenez compte des caractéristiques et des atouts des principales langues enseignées en France.

Le rayonnement et le rôle des différentes langues

Toutes les langues n'ont en effet pas le même "rôle" ni le même rayonnement international. Certaines ne sont parlées que par les locuteurs dont c'est la langue maternelle (par exemple le hongrois ou le roumain en Europe), tandis que d'autres sont couramment parlées comme langue étrangère et utilisées dans les relations internationales.

Leur rayonnement varie aussi selon le lieu où vous vivez, en fonction des échanges plus ou moins importants entretenus avec les pays voisins.

- Au niveau mondial : Il y a trois grandes langues internationales qui servent aux échanges culturels et économiques entre les continents : l'anglais, le français et l'espagnol.


- Une étude du Laboratoire européen d'anticipation politique (LEAP) (Quelles langues parleront les Européens en 2025 ?) souligne que le français garde la 3ème place mondiale en terme de "puissance linguistique" avec 129 millions de personnes qui le parlent dans 33 pays. Cela grâce à la croissance de la population en France et en Afrique francophone. En revanche le français a perdu son statut de langue scientifique ou universitaire.

- L'anglais s'affirme comme langue internationale. D'après la même étude, il est toujours premier en "puissance linguistique" : parlé par 508 millions de personnes dans 45 pays. Mais il s'affaiblit sur ses propres terres : aux Etats-Unis, l'espagnol le détrône dans de nombreux états, et au Royaume-Uni, la montée des langues celtiques le fait aussi reculer. "Sur les 20 ans à venir, sur le continent européen, l'anglo-américain se maintiendra dans une niche de nature internationale, à savoir une langue véhiculaire populaire, à base d'un vocabulaire très limité", dit l'enquête.

- L'espagnol monte en puissance mais surtout à l'international du fait du décollage de l'Amérique du Sud et de l'expansion des "latinos" en Amérique du Nord. En Europe par contre, il restera faible du fait de l'importance des langues régionales en Espagne et de la concurrence du français.

- Au niveau européen, les trois langues de communication les plus répandues à  l'intérieur du continent sont l'anglais, l'allemand et le français.

Proche du continent européen, le russe reste sous-utilisé, en partie pour des raisons politiques, même s'il est parlé comme "langue étrangère" dans les pays d'Europe orientale, les pays baltes, l'Ukraine, etc.

Selon l'Eurobaromètre Les Européens et leurs langues  de février-mars 2012, l'allemand est encore la langue la plus parlée dans l'Union européenne avec 79 millions de locuteurs (15,71 % des habitants de l'UE), suivi de l'anglais avec 65 millions (12,91 %), puis de l'italien avec 63 millions (12,52 %) et du français avec 60 millions (12,09 %).

Cependant l'anglais est la langue étrangère de 20,09 % des citoyens européens (et de 33% si l'on ajoute langue maternelle et langue étrangère). Le français est la langue étrangère de 7,62 % des citoyens européens (19,71 % : langue maternelle + langue étrangère), suivi par l'allemand avec 6,69 % (22,4 % : maternelle + étrangère).

Si l'ont s'en tient au rayonnement de la langue et aux relations commerciales, après l'anglais, un Français (vivant en France) aura donc "intérêt" à apprendre, dans l'ordre : 1. l'allemand, 2. l'espagnol, 3. l'italien.

L'anglais : incontournable mais pas toujours suffisant

Pour des Européens francophones, la maîtrise de l'anglais reste donc un passage obligé, à la fois pour communiquer avec des Anglo-saxons, mais aussi des Européens, des Asiatiques, et, last but not least, pour travailler dans de nombreux domaines utilisant l'anglais comme langue de communication professionnelle.

En plus de son rayonnement géographique, l'anglais s'est en effet imposé comme langue de travail dans de nombreux domaines : l'informatique et le web, la finance, l'aéronautique, le monde de la recherche scientifique... Une enquête réalisée en 2014 par Cadremploi montre que plus de 80% des cadres d'entreprise en France ont été amenés à utiliser l'anglais. D'après une étude de l'Ined de juin 2013 (Enquête sur les langues de recherche et d'enseignement en France), 26% des universitaires français donnent régulièrement des cours en anglais, et 83% des directeurs de laboratoire de recherche indiquent que l'anglais est la langue la plus utilisée dans leur domaine, voire exclusivement utilisée pour 42%.

Toutefois, dans de nombreux secteurs économiques (commerce international, tourisme...), la maîtrise d'une ou d'autres langues sera appréciée : l'anglais courant devient basique, et de plus en plus de jeunes le possèdent, donc... ce n'est plus un véritable atout pour se distinguer.
Pour de nombreux postes de cadres, on va sélectionner ceux qui maîtrisent une autre langue (allemand pour l'Europe, espagnol pour l'international par exemple).

Nos conseils :

- Commencez l'apprentissage de l'anglais le plus tôt possible, surtout à l'oral.

- Ne vous contentez pas de l'anglais scolaire, largement insuffisant : faites des séjours, des échanges, des stages à l'étranger et faites certifier votre niveau avec un test de langues. "La tendance est aux séjours de longue durée qui sont plus efficaces sur le plan linguistique", conseille Kseniya Yasinska de l'Unosel. Les lycéens peuvent aller étudier un an dans un lycée en pays anglo-saxon, les étudiants faire un échange Erasmus ou une année de césure.

- Pour rendre ludique cet apprentissage obligatoire, utilisez les nombreux outils multimédia : séries tv en anglais, chansons, sites de e-learning, etc.

- Complétez l'anglais par une autre langue, en fonction de votre projet professionnel, ou de vos goûts (l'un allant souvent avec l'autre).

L'allemand : un véritable atout si vous le maîtrisez

Bien choisir ses langues étrangères
Les élèves et les étudiants se sont massivement détournés de cette langue, réputée difficile, alors que l'Europe centrale (dont l'allemand est la langue dominante) devient une véritable force économique dans l'Union européenne.

D'autre part la population allemande étant en décroissance, le pays peine à recruter sur de nombreux métiers qualifiés indispensables pour maintenir à flot sa puissante machine économique.

Résultat : un grand nombre d'entreprises pleurent après des cadres ou des stagiaires maîtrisant l'allemand ! Si vous avez un profil commercial ou industriel (ingénieur, technicien), la mention d'un allemand courant (à côté de l'anglais) sera donc un atout indéniable.

Il est vrai que la langue allemande est complexe notamment si l'on a des difficultés. Mais la proximité de l'Allemagne pour les Français, le coût moindre des séjours, et surtout leur qualité (meilleure qu'au Royaume-Uni) rendent la pratique aisée.

Nos conseils :

- Apprenez l'allemand si vous avez un niveau correct en langue et en français de façon à pouvoir atteindre la maîtrise ; "La combinaison anglais-allemand est très formatrice sur le plan intellectuel car ce sont deux langues aux grammaires différentes", souligne François Tellier, spécialiste des programmes internationaux pour des établissements scolaires français.

- Profitez des nombreuses offres et formules de séjour, et cela dès le lycée, qui permettent de séjourner plusieurs mois en Allemagne très aisément : bourses étudiantes, échanges de plusieurs mois dès avant le bac, séjours linguistiques en famille, etc. L'Office franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ) ou l'Université franco-allemande (UFA) sont des bons lieux pour s'informer.

L'espagnol : toujours bon pour l'international

L'espagnol reste un bon plan si vous visez des débouchés à l'international, notamment du côté des Amériques, ou bien sûr si votre projet personnel vous amène de l'autre côté des Pyrénées. "L'espagnol vous permet de discuter avec la moitié du monde", rappelle Kseniya Yasinska.

Nos conseils :

- Veillez à acquérir un excellent niveau : ne vous contentez pas d'un espagnol scolaire si vous voulez jouer l'atout espagnol sur votre CV.

- Pour des séjours en Espagne, soyez attentifs à la région dans laquelle vous allez (surtout pour des longs séjours pour lesquels vous comptez profiter d'un bain linguistique) : les langues régionales sont très vivantes en Espagne et la langue de la rue n'est pas le castillan (espagnol) partout, même s'il est bien sûr compris et parlé.
A Barcelone on parle d'abord catalan, à Saint-Jacques de Compostelle le galicien, à Saint-Sébastien le basque, etc.

Apprendre une langue rare ?

Là encore, la langue rare peut être un bon plan, mais uniquement si cela a du sens dans votre projet. Une hôtesse de l'air parlant japonais en plus de l'anglais courant pourra ainsi intéresser de nombreuses compagnies aériennes desservant l'Asie.

"Apprendre l'arabe littéraire peut avoir du sens si vous avez des origines arabes ou si vous voulez faire une carrière diplomatique et travailler dans des structures françaises à l'étranger", indique Kseniya Yasinska de l'Unosel.

Mieux vaut donc ne pas se précipiter et attendre d'avoir précisé son projet postbac pour choisir entre l'arabe, le japonais ou l'hindi. "Mais quand vous maîtrisez bien deux langues, vous apprenez bien plus facilement les autres", assure Kseniya Yasinska, car l'apprentissage des langues est un excellent entraînement pour le cerveau".
 

Faire du chinois en deuxième langue ?

Une langue "rare" a fait une percée impressionnante : c'est le mandarin, la langue parlée par plus d'un milliard de Chinois. En France, dans l'enseignement secondaire, il est passé de la 9ème place des langues enseignées à la 4ème place et a ravi sa place à l'italien.

Avec le décollage de l'économie chinoise, la maîtrise du mandarin est certes une belle carte à jouer, notamment dans les métiers du commerce international. De plus en plus d'écoles de commerce proposent à leurs étudiants des échanges avec des écoles à Taiwan ou à Pékin et nombre de jeunes Français sont partis travailler en Asie.
Et pourquoi pas l'hindi ou le japonais ?
Attention toutefois à "l'effet de mode". D'une part car l'apprentissage du chinois, avec ses 10000 caractères, exige deux fois plus d'heures qu'une langue européenne. D'autre part le boom économique chinois semble en train de se tasser. "Et à long terme, la population chinoise va diminuer, souligne François Tellier. La langue qui va monter au niveau des échanges économiques, sera plutôt l'hindi".

Autre bon plan côté Asie pour un Français, le japonais. "Les échanges bilatéraux franco-japonais sont très vivants, souligne la déléguée générale de l'Unosel. Les Japonais sont francophiles, ils aiment la cuisine française, et en France, la culture japonaise est très présente". Les opportunités de stages professionnels au Japon seraient aussi intéressantes.

Un choix à poursuivre toute la vie

On le voit : le choix d'apprendre telle ou telle langue reste donc très personnel. Dis-moi quelles langues tu parles, et je te dirais qui tu es ou ce que tu vis. A chacun donc de trouver l'équilibre entre son intérêt culturel, ses capacités, les débouchés professionnels et les opportunités de la vie.

Que ceux qui craindraient en effet de ne pas faire le bon choix de langues au collège ou au lycée se rassurent : avec le développement de la mobilité et des échanges, nous aurons de plus en plus d'occasions de pratiquer et d'apprendre des langues étrangères au cours de notre vie.

 
  • Pour trouver un séjour linguistique, se renseigner sur les stages, les écoles de langues, les bourses pour partir, consultez le site de l'UNOSEL

Vendredi 29 Mai 2015

Qu'en pensez-vous ?

1.Posté par Taz le 23/09/2015 08:51
Votre article était très intéressant. Dans mon cas, je suis quasiment bilingue en Anglais, qui comme vous l'avez précisé, est une langue que presque tout le monde pratique dans le monde du travail aujourd'hui. Je fais des études universitaires en histoire de l'art et archéologie afin de devenir guide conférencier ou guide accompagnateur. J'avais des bases en espagnol mais je ne pensais pas continuer dans cette langue pour plutôt privilégier le russe ou une autre langue plus rare, car une troisième langue est nécessaire dans ce métier. Parler le russe dans le milieu du tourisme peut être un atout majeur, mais je suis encore hésitante entre le chinois ou le russe. Enfin ce commentaire n'est que mon avis personnel.

Nouveau commentaire :

Et vous, qu'en pensez-vous ?

Orientation | Méthodes de travail | Vie étudiante | Paroles d'étudiant | Partir à l'étranger | Spécial Bac







Inscrivez-vous à la newsletter et téléchargez gratuitement le guide "7 clés pour réussir ses études"
Pour connaître mes droits sur le respect de la vie privée, je consulte les conditions générales de service.













Guides à télécharger