Métiers du social : quelles formations pour quels débouchés ?



En France, le social offre un beau choix de métiers : éducateur spécialisé, moniteur-éducateur, assistant de service social, éducateur de jeunes enfants... Pour y accéder, il faut souvent décrocher un diplôme d'Etat dans une école et pour commencer, franchir la barrière des concours d'entrée.




Métiers du social : quelles formations pour quels débouchés ?
Vous cherchez un métier qui ait du sens et qui soit tourné vers les autres ? Les carrières sociales sont à envisager d'autant que la France offre un beau panel de professions permettant de travailler dans des milieux variés : mairies, services de la Ddass, mais aussi écoles, internats, prisons, associations d'aide aux personnes handicapées, maisons de retraite, entreprises d'insertion...

Le choix est donc vaste mais il doit être anticipé car chaque métier dispose de sa propre filière de formation dès le bac (voire même avant pour certaines professions), chacune préparant à son diplôme d'Etat, sésame obligatoire en France pour pouvoir exercer la plupart de ces métiers.

Il faut donc forger son projet professionnel assez tôt : par exemple en faisant des lectures mais surtout des rencontres avec des professionnels, des stages (par exemple en troisième ou au lycée) ou en participant à des activités associatives. Les écoles apprécient cependant aussi les "parcours atypiques" de jeunes ayant eu diverses expériences auparavant, du moment qu'ils prouvent leur motivation et leurs aptitudes pour le métier visé.

Cinq grandes familles de métiers

Métiers du social : quelles formations pour quels débouchés ?
L'excellent guide de l'Onisep (collection Parcours) sur Les Métiers du social   publié en septembre 2015 a classé les métiers et les professionnels qui les exercent en 5 familles :

- les professionnels de l'éducation spécialisée :
Ils participent à l'éducation ou à l'accompagnement éducatif de publics plus ou moins ciblés. L'éducateur(trice) de jeunes enfants ne travaille qu'auprès d'enfants de moins de 7 ans, le conseiller pénitentiaire d'insertion et de probation auprès de délinquants. L'éducateur(trice) spécialisé ou l'aide médico-psychologique (AMP) peuvent, eux, intervenir auprès d'enfants, d'adolescents, de personnes handicapées, de personnes âgées...

- les professionnels de l'action sociale :
Leur rôle est d'aider les personnes fragiles à régler leurs difficultés sociales de logement, de budget, d'intégration, et cela grâce à leurs connaissances des dispositifs d'aide... C'est le coeur de métier de l'assistant(e) de service social, mais aussi du conseiller en économie familiale et sociale et du médiateur familial qui travaillent davantage auprès des familles.

- les professionnels de l'aide à domicile :
Ils exercent des métiers en plein boom du fait du vieillissement de la population et de l'activité professionnelle croissante des femmes. Objectif : apporter une aide matérielle mais aussi relationnelle au domicile de personnes âgées, de familles, de personnes handicapées. Assistant(e) familiale, assistant(e) maternelle, auxiliaire de vie sociale, technicien de l'information sociale et familiale sont de nouveaux métiers souvent accessibles sans le bac après des formations courtes.

- Les professionnels de l'insertion professionnelle :
Le conseiller d'orientation-psychologue travaille pour les jeunes dans les CIO, le chargé de mission handicap est un nouveau métier qui s'exerce en entreprise, le conseiller en insertion sociale et professionnelle aide les demandeurs d'emploi en mission locale, à Pôle Emploi ou dans des associations.

Quatre métiers accessibles en trois ans après le bac

Faisons un zoom sur 4 grands métiers comparables : on y accède après une formation spécialisée de trois ans après le bac qui permet de décrocher un diplôme d'Etat.

- L'éducateur/trice spécialisé(e) travaille auprès de personnes présentant des problèmes d'adaptation à la vie sociale : handicapés, enfants ou adolescents présentant des troubles du comportement, jeunes en placement judiciaire, population ayant des difficultés d'insertion. Il ou elle cherche à établir une relation avec eux en partageant des moments de vie de façon à leur faire acquérir plus d'autonomie. Des qualités de contact doivent aller avec un bon équilibre psychologique et une certaine maturité.

- L'assistant(e) de service social suit un public en difficulté sociale : famille, enfant maltraité, personne isolée, salarié en difficulté. Son rôle est d'abord d'accueillir, d'écouter, et de conseiller en orientant les personnes vers les meilleures solutions pour elles. Il travaille dans des lieux très variés : écoles, hôpitaux, communes, régions, Sécurité Sociale...

- L'éducateur(tric) de jeunes enfants est un spécialiste des enfants de 0 à 6 ans. Sa mission est d'aider les enfants qui lui sont confiés à grandir harmonieusement. Il peut travailler dans des crèches, des haltes-garderies, des hôpitaux où il met en oeuvre un projet éducatif. Mieux vaut aimer les enfants, mais aussi le travail d'équipe car il faut travailler en lien avec les parents et de nombreux professionnels.

- Le conseiller en économie sociale et familiale conseille les personnes en difficulté sur tous les sujets liés à la vie quotidienne : alimentation, santé, logement, budget, santé, travail... Contrairement aux autres, ce diplôme ne se prépare pas en école spécialisée mais après un BTS d'économie sociale et familiale (ESF) puis une année complémentaire.

Comment préparer les diplômes d'Etat de travailleurs sociaux ?

Métiers du social : quelles formations pour quels débouchés ?
Pour les trois premier métiers (éducateur spécialisé, éducateur de jeune enfant, assistant social), il y a deux façons de préparer le diplôme d'Etat :

- l'école spécialisée (publique ou privée) : on y entre sur concours, puis il y a trois années d'études pour décrocher le diplôme d'Etat en passant un examen que l'on réussit en général sans problème. Par contre, le concours d'entrée est très sélectif. Il est donc très souvent nécessaire de suivre une année préparatoire dans un cours spécialisé, plusieurs formules étant possibles (préparation sur un an dans un cours, par correspondance, par internet).

- le DUT Carrières sociales : ce diplôme universitaire se prépare en deux ans après le bac. Il est proposé par 5 à 16 IUT selon les options. Il faut choisir dès la première année l'option correspondant au métier que l'on vise : option éducateur spécialisé, ou assistant de service social, ou éducateur de jeune enfant. Une quatrième option prépare au métier d'animateur, et une cinquième plus récente aux métiers de la médiation urbaine.

Après le DUT, il faut encore faire une année complémentaire de formation pour obtenir le diplôme d'Etat du métier visé. Attention : si vous n'êtes pas pris dans cette année complémentaire, vous ne pouvez pas exercer avec le DUT seul (excepté pour les carrières d'animateur). Vous ne pouvez pas non plus passer de concours de la Fonction publique territoriale de niveau B (qui exigent un bac + 3).

Comment réussir le concours d'entrée en écoles du secteur social ?

- D'abord, ne ratez pas l'inscription : pour s'inscrire aux concours, il faut retirer dans chaque école son dossier entre septembre et novembre. Les écrits se déroulent en effet entre novembre et début février (selon les écoles). Puis les oraux entre janvier et fin avril. Les résultats d'admission sont donnés fin mai, date à laquelle il faut se mettre en recherche d'un stage pour septembre.

- Trouvez la formule de préparation qui vous convient. Les écrits consistent en général en épreuves de français du type dissertation, contraction de texte, analyse de coupures de presse. On teste le niveau d'expression écrite, la capacité de synthèse et d'analyse et la connaissance du monde social.
Si vous venez d'un bac techno et êtes faible en français, vous devrez travailler davantage l'expression et la qualité de votre écrit.
 

Témoignage : "J'ai multiplié les stages pendant mon année de prépa"

"Personnellement, je n'ai pas trouvé les écrits tellement difficiles, estime Domitille, qui a réussi une école d'éducateur spécialisé après un bac L et une année de prépa. Le niveau n'était pas beaucoup plus élevé que pour une terminale L. Par contre, le positionnement qui nous est demandé est moins scolaire.
Pour réussir, j'ai dû beaucoup travailler les matières sociales et juridiques que les ES ou les ST2S maîtrisaient mieux. Et surtout, j'ai multiplié les stages pendant mon année de prépa : j'ai commencé à en faire juste après le bac et j'ai doublé la durée des stages par rapport à ce qui nous était demandé en les poursuivant pendant les vacances scolaires".


A l'oral, lors d'entretiens personnel et collectif, on va en effet tester votre connaissance du métier, votre expérience en la matière, et votre maturité psychologique et humaine. "Moi par exemple, je suis passée l'année des émeutes dans les banlieues, et l'on m'a posé énormément de questions là-dessus en me présentant des études de cas, raconte Domitille. Il faut donc suivre l'actualité, et ne pas se laisser déstabiliser. Il faut aussi savoir où on en est dans la vie, dans ses choix, par exemple sur le plan religieux.

On teste aussi notre autonomie par rapport aux parents, on m'a demandé comment je comptais financer mes études. Je pense que j'ai été prise car j'avais fait énormément de stages, et parce que j'avais un parcours atypique : j'avais préparé mon bac avec le CNED en section sport-études pour pouvoir poursuivre la compétition et ils ont apprécié cette autonomie."

Après le bac, l'année préparatoire est donc nécessaire mais pas toujours suffisante pour acquérir la maturité demandée. Certains candidats préfèrent donc commencer par faire une ou deux années de fac (en sciences humaines : psycho, sciences de l'éducation, économie...) avant de se présenter aux concours. Cela vous permet de capitaliser des crédits pour obtenir un diplôme universitaire, d'élever votre niveau d'expression et de culture générale, et de vous laisser une porte de sortie pour d'autres carrières.

Si vous avez du mal avec les études théoriques, le DUT Carrières sociales est plus accessible (mais l'entrée reste sélective) : de nombreux candidats passent les concours d'entrée en école spécialisée après le DUT.

Quoi qu'il en soit, il ne faut pas oublier de faire de nombreux stages dans le travail social pour acquérir de l'expérience et forger sa motivation. On peut aussi faire un service civique durant 6 à 12 mois dans une mission d'ordre social. "C'est après mon service civique dans une association qui intervenait dans les cités que j'ai décidé d'être éducatrice spécialisée", témoigne Marie.

Ecole spécialisée ou DUT Carrières sociales ?

La question se pose pour les trois métiers accessibles après le bac : éducateur spécialisé, assistant de service social et éducateur de jeunes enfants.

Du point de vue de la durée d'études, le DUT dure deux ans + un an d'études pour obtenir le diplôme d'Etat. Si l'on rentre en IUT directement après le bac, on peut donc être diplômé trois ans après alors qu'il faut au moins un an de classe prépa sociale + trois ans d'étude soit quatre ans en école spécialisée.

Du point de vue du contenu des études, le DUT aurait une approche plus théorique, malgré les stages. "Pour les éducateurs spécialisés, le contact avec le terrain, le nombre de stages et l'expérience sont bien plus importants que la théorie, indique Domitille, ancienne étudiante à Buc Ressource. C'est pourquoi les étudiants préfèrent la formation en école et certains viennent même faire l'école après le DUT".

Les écoles ont chacune leur choix pédagogique mais offrent toutes une véritable formation en alternance, avec énormément de stages et d'expériences de terrain. Reste la difficulté du concours d'entrée. Pour rentrer en DUT, pas de concours mais une sélection assez sévère sur dossier, test écrit (de français), et un entretien de motivation, capital.

Là encore, on cherche à cerner la cohérence de votre projet. Pour être pris en option animation (A) par exemple, il faut témoigner d'un goût réel marqué par un engagement : avoir le BAFA, avoir eu des expériences réussies dans l'animation. En option assistance sociale (B), les bacheliers STMG sont appréciés du fait de leur projet professionnel déjà ancien.

Débouchés, salaires, évolution

Un éducateur lors d'un camp avec des jeunes de cités.
Un éducateur lors d'un camp avec des jeunes de cités.
La tendance générale. D'après l'enquête de la Darès sur les Métiers en 2022, le social devrait continuer à recruter d'ici cette échéance, notamment du fait du départ en retraite de nombreux travailleurs sociaux. Cependant, les embauches dans le social seront moins nombreuses qu'au début des années 2000 car les restrictions budgétaires limitent les recrutements dans le public et aussi les associations.

Les recrutements seront surtout nombreux dans le secteur des services à la personne et dans les métiers ou les structures auprès des personnes âgées. Pas de problème de débouchés pour les assistantes maternelles, les auxiliaires de vie sociale et les aides médico-psychologiques (AMP). Les éducateurs et éducatrices spécialisés trouveront aussi des postes du fait du large spectre de leur métier : ils restent recherchés tant par de nombreux internats de jeunes que des structures pour les personnes âgées.

Des difficultés. En revanche, les métiers de l'action sociale proprement dite sont plus à la peine, en particulier les conseillers en économie sociale et familiale et les assistants sociaux dont le premier employeur est le secteur public.

Enfin, les débouchés sont très difficiles pour les psychologues ou les titulaire du diplôme d'Etat d'ingénierie sociale, de niveau bac+5, pour lequel les emplois sont rares. De même pour l'option "gestion urbaine" du DUT Carrières sociales préparée dans six IUT et aussi les licences et masters universitaires du type "Intervention sociale" pour lequel les débouchés restent flous.

Insertion, salaires. L'insertion professionnelle passe souvent par des CDD et des contrats aidés pour le premier emploi, mais 8 jeunes diplômés sur 10 sont en CDI trois ans après leur diplôme.
De façon générale, les salaires restent bas dans les carrières sociales, mais les postes peuvent présenter une certaine stabilité.

Poursuite d'études. Après un diplôme d'Etat de travailleur social, on peut poursuivre ses études, notamment pour obtenir des diplômes comme le Certificat d'aptitude à la fonction de directeur d'établissement social (Cafdes)... On peut aussi obtenir un master (bac +5) pour accéder par concours à des postes de fonctionnaires de niveau A. Enfin, le développement de l'économie sociale et solidaire peut offrir de nouvelles perspectives à des travailleurs sociaux qui peuvent évoluer vers des entreprises de l'ESS ou s'installer à leur compte dans le domaine des services à la personne.

Les métiers du social accessibles sans le bac

Les métiers de l'aide à la personne deviennent essentiels.
Les métiers de l'aide à la personne deviennent essentiels.
Bonne nouvelle pour ceux qui n'ont pas le bac, ni aucun autre diplôme : le social a plusieurs carrières à vous proposer, accessibles après une formation de quelques mois. Que ce soit pour vous occuper de personnes âgées ou handicapées, on a besoin de bras et notamment dans les "métiers de l'aide à la personne". Quelques métiers :

- L'aide médico-psychologique aide les personnes âgées ou handicapées à effectuer les gestes de la vie quotidienne (lever, coucher, déplacements, lecture...) et participe à leur rééducation sous l'autorité d'un travailleur social ou paramédical. Il travaille en équipe en centre de soins, maisons d'accueil, centre de handicapés, etc. Il faut avoir de la patience, le sens de la relation avec l'autre mais aussi une bonne forme physique.
Formation en 12 à 24 mois qui débouche sur un diplôme d'Etat d'aide médico-psychologique (DEAMP), indispensable pour exercer.

- Le moniteur-éducateur aide des enfants ou des adultes déficients à accomplir les gestes de la vie quotidienne. il travaille dans une structure ou une association au sein d'une équipe médico-sociale. Il faut être patient, attentionné, bien équilibré, prêt à travailler en équipe.
Formation de 24 mois (entrée sélective) pour obtenir le diplôme d'Etat de moniteur-éducateur (DEME).

- L'auxiliaire de vie sociale (AVS) va au domicile des personnes âgées, handicapées ou malades pour les aider dans leurs tâches quotidiennes : ménage, courses, linge, rangement, mais aussi conversation et relations humaines. Il faut donc avoir des qualités d'organisation, un bon sens pratique, mais aussi aimer le contact et les personnes dont on doit s'occuper.
Formation de 9 à 36 mois, par modules, avec alternance de stages et de cours théorique, pour obtenir le diplôme d'Etat d'auxiliaire de vie sociale.

- La technicienne de l'intervention sociale et familiale (TISF) Encore un nouveau nom pour les "travailleurs familiaux", en général des femmes, qui interviennent dans les familles en grande difficulté : au centre social ou à domicile, elle vient donner un coup de main pour la préparation des repas, le rangement, mais aussi l'aide aux devoirs, l'éducation des enfants, le suivi du budget ou les démarches administratives... Là encore, son rôle n'est pas seulement d'assumer des taches matérielles, mais de conseiller et d'éduquer. Qualités à avoir : bon équilibre, sens pratique, goût du dialogue et de la vie de famille, discrétion et patience.
Formation de 18 à 24 mois pour obtenir le diplôme d'Etat de TISF. ( Lire le témoignage : Samia, auxiliaire de vie ).

Lundi 19 Décembre 2016

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