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L'art du vitrail, c'est leur métier



Ce sont un peu les héritiers des artisans verriers du Moyen-Age. De jeunes pros pratiquent aujourd'hui l'art du vitrail, pour restaurer des vitraux anciens ou en créer de modernes dans des ateliers comme celui d'Amandine Steck à Honfleur. Une passion et un métier d'art difficile, tout d'ombre et de lumière.




Amandine Steck dans son atelier boutique à Honfleur. © Arnaud Lombard (www.lombard-photographe.com)
Amandine Steck dans son atelier boutique à Honfleur. © Arnaud Lombard (www.lombard-photographe.com)
C'est dans les rues anciennes du petit port normand d'Honfleur que l'on pousse la porte de L'Amande et l'obsidienne. Non, ce n'est pas une boutique de perles ni l'atelier d'un peintre, mais celui d'un maître verrier. En vitrine, quelques objets en verre coloré attirent l'oeil mais surtout la lumière.

Penchée sur sa grande table, Amandine dessine un calque et s'apprête à couper finement le verre. Il lui faudra ensuite en peindre chaque partie, puis monter et souder l'ensemble sur une armature de plomb pour achever sa pièce : un vitrail aux lignes contemporaines commandé par un particulier pour orner une entrée.

"J'essaye de convaincre que le vitrail peut être renouvelé et qu'on peut en faire quelque chose de vraiment moderne", explique Amandine Steck, qui a repris cet atelier de vitrail en 2014 en le rebaptisant "L'amande" (clin d'oeil à son prénom) et "l'obsidienne", du nom d'un verre naturel. Depuis, elle partage son temps entre quelques restaurations de vitraux d'église, et la création pour des particuliers ou des entreprises.

Un métier qui allie l'art et la technique, le savoir-faire et la création

Mais comment en vient-on à être vitrailliste ? D'abord, Amandine a grandi dans la région de Chartres, non loin de la cathédrale et de ses célèbres vitraux. "Et puis, j'avais envie d'un métier qui allie l'art et la technique, qui permette de pousser loin le savoir-faire tout en étant créatif"...

Après le bac, elle choisit de préparer les grandes écoles d'art proposant une option vitrail. Aucune porte ne s'ouvre mais elle garde son cap et continue à pratiquer le dessin et la peinture sur verre. Finalement, c'est un établissement professionnel qui l'accueille : au lycée Lucas de Nehou à Paris, elle prépare en un an un CAP Arts et techniques du verre option vitrail.

En 2007, son CAP et son talent en poche, elle démarre sa carrière d'artisan d'art.

Des postes assez rares aux quatre coins de la France

Est-ce facile de trouver du travail dans le vitrail ? "Pas vraiment, répond la jeune artiste. Il faut vraiment être prêt à bouger. J'ai trouvé mon premier emploi à côté d'Evreux, puis je suis partie à Valence, puis à Rouen". Durant plusieurs années, elle a ainsi acquis une belle expérience dans de grands ateliers faisant beaucoup de restauration de vitraux d'église.

"C'est très formateur de travailler sur des vitraux anciens car il faut tenir compte des contraintes de l'époque et adapter sa main à celle du verrier d'origine". Malgré tout, l'envie de créer ses propres vitraux était vive alors quand son premier maître de stage lui a proposé de reprendre son atelier à Honfleur, elle a sauté sur l'occasion.

Amandine Steck devant une de ses créations sur un Festival des métiers d'art.
Amandine Steck devant une de ses créations sur un Festival des métiers d'art.

Aujourd'hui Amandine apprécie de créer des pièces toujours nouvelles inspirées de ses voyages, ses photos, sa connaissance de l'art du verre mais aussi des demandes spécifiques des clients : "J'aime échanger avec eux, et toujours venir voir sur place le lieu où prendra place le vitrail".

Au quotidien, il faut aussi garder du temps pour se faire connaître, participer aux salons des métiers d'art, développer la clientèle. "Car un vitrail, ça dure 100 ans, alors il faut sans cesse trouver de nouveaux clients", souligne Amandine. D'autant que le marché n'est pas toujours favorable aux artisans d'art.

Floriane Larue, une autre vitrailliste, dans le Centre

Floriane devant une porte en vitrail réalisée chez un particulier.
Floriane devant une porte en vitrail réalisée chez un particulier.
En 2013, reussirmavie avait ainsi fait le portrait d'une autre vitrailliste, Floriane Larue, qui avait ouvert très jeune son atelier, La Rue du vitrail, dans la Loire puis dans le Brionnais. Cette fille d'artisan menuisier nous avait raconté la naissance de sa vocation. Elle qui voulait travailler avec ses mains dans un métier d'art avait eu un "flash" en voyant un reportage télé sur un maître verrier.

"Ce que faisait cet homme correspondait en tout à ce que je voulais faire, raconte Floriane, Il touchait à l'art, avec la restauration des vitraux d'église par exemple, et il créait de ses mains. J'ai vraiment été confortée dans mon idée personnelle."

Après son bac option arts plastiques, Floriane a donc fait le Centre européen de recherche et de formation des Arts Verriers (Cerfav) une école située près de Nancy, à Vannes-le-Chatel, qui enseigne tous les métiers de l'art du verre : souffleur, décorateur, techniques des vitraux. "Nous étions vraiment plongés dans cet univers ! J'ai dû cependant trouver un maître d'apprentissage car c'était des études en alternance : 3 semaines de travail manuel avec mon maître d’apprentissage, et une semaine de cours à l’école.

Des années de formation sur le terrain pour affiner son art

L'art du vitrail, c'est leur métier
"Ce ne fut pas très facile au début car mon maître d'apprentissage était à Saint-Étienne et j’ai dû y trouver une petite chambre. Mais le travail m’intéressait et j’apprenais beaucoup en étant en prise directe avec les contraintes de l’art du verre. En deux ans j'ai obtenu mon CAP."

Les conseils de Floriane rejoignent ceux d'Amandine :  travailler d’abord dans plusieurs ateliers différents pour acquérir une approche complète du métier est un excellent apprentissage.

"Ce n'est pas en deux ans que l'on possède une technique et un art, assure Floriane. Après la préparation du CAP, où j'ai travaillé dans un atelier avec trois personnes, puis à Valence dans l'atelier Thomas où nous étions une douzaine. C’est l’entreprise la plus importante de France dans le domaine. Là j'ai travaillé sur de gros chantiers de restauration (celui d'une cathédrale par exemple) qui duraient plusieurs mois et où notre travail est à une autre échelle : dépose des vitaux, restauration en atelier puis réinstallation sur place, pas le moins délicat !"

Des expériences multiples qui lui ont permis d'affiner son savoir-faire et en 2006, d'ouvrir son atelier pour faire à la fois de la restauration de vitraux d'église et des créations pour des particuliers.

Vie et mort d'un atelier

Travail du vitrail traditionnel au plomb.
Travail du vitrail traditionnel au plomb.
Mais au bout de dix ans, début 2017, La Rue du Vitrail a hélas dû fermer ses portes. "Avec la baisse des dotations de l'Etat, les communes ont diminué les commandes et la restauration des vitraux d'église, le coeur du métier, s'est effondré, explique Floriane. J'ai tenté de me diversifier mais les commandes des particuliers sont restées insuffisantes".

Une histoire qui illustre bien les difficultés économiques de ce métier d'art. "Ce qui me donne vraiment de la joie dans mon métier, nous disait Floriane, c'est de créer en utilisant des couleurs et des jeux de lumière à l'infini et pouvoir ainsi offrir de la beauté..."

Mais la lumière a aussi ses éclipses et l'art du vitrail ses ombres. A ne pas négliger avant de s'engager dans ces métiers passion.


Mercredi 26 Juillet 2017

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