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Dans les grandes écoles aussi, on apprend autrement




Hackathons, serious games, études de cas... Si les cours de management ou d'ingénierie sont de plus en plus fun, c'est que les grandes écoles innovent pour former autrement. Et mieux préparer au monde du travail de demain.




Dans les grandes écoles aussi, on apprend autrement
A Grenoble Ecole de Management (GEM), les 700 étudiants de première année du programme Grande Ecole ne s'attendaient pas à une telle proposition en arrivant au cours d'introduction au management en mai 2018.

Leur enseignant ne leur a en effet prodigué aucun cours, mais proposé une expérience originale : simuler un travail d'équipe dans un centre d'appels afin de découvrir, en les vivant, trois méthodes de management différentes. Concrètement, les uns sont devenus téléopérateurs, les autres superviseurs ou chefs de plateau.
 
Et comme dans la réalité, les chefs de plateau ont fixé des objectifs à atteindre, les superviseurs ont organisé le travail des téléopérateurs qui sont efforcés de répondre au mieux aux ordres... Une méthode immersive qui leur a permis d'expérimenter ce que peut être une "posture managériale" et de comprendre l'enjeu de toutes les théories sur les organisations.

Vidéo : Une introduction au management immersive à GEM


Des connaissances qui s'auto-construisent

"Nous nous adressons à des étudiants de première année sans aucune expérience professionnelle significative pour la plupart d’entre eux, explique Lionel Strub, professeur chargé du cours d'introduction au management à GEM. Ainsi, tout peut leur paraître évident, ils ont parfois l’impression qu’il n’y a rien à comprendre (...) ".
 
Au contraire, après l'expérience FlashTel (nom donné au centre d'appels simulé), le ressenti donne du sens aux théories et "les connaissances en management s’auto-construisent", explique l'enseignant. 

"J'ai mieux compris en le vivant ce qu'une organisation pouvait générer chez les salariés d'une entreprise", témoigne un étudiant.

Place à la pédagogie inversée

Le fait est que l'enseignement descendant classique - de la bouche de l'enseignant au cerveau de l'élève - a du plomb dans l'aile. De la maternelle à l'université monte la vague de pédagogies plus actives, plus ludiques, plus connectées.

Alors, les grandes écoles ont beau avoir des élèves rompus à l'enseignement classique, elles sont entrées dans la danse. Place à la pédagogie inversée : c'est désormais l'étudiant, avec ses questions, ses centres d'intérêt et ses talents qui va chercher les connaissances qui lui manquent... 

Test : Avec quelle méthode apprend-on le mieux ?

A Novancia Business School, autre école de management, l'enseignante chargée du cours d'introduction au management a fait un test : le même contenu a été dispensé à trois groupes d'étudiants selon trois méthodes différentes :
- un cours magistral suivi de cas pratiques (pédagogie classique)
- une classe inversée (un cours construit à partir des questions des étudiants) et un apprentissage auto-dirigé (l'étudiant choisit ses objectifs, l'enseignant l'accompagne).
- une pédagogie mixte (avec des classes inversée et des cours magistraux).

Au final, ce sont les étudiants qui ont bénéficié de la classe inversée et de l'apprentissage auto-dirigé qui ont obtenu les meilleures notes. Surtout, c'est la pédagogie qui a suscité les émotions les plus positives : joie, plaisir et fierté pour 63% des étudiants, contre 30% pour la pédagogie mixte et 14% dans le cours classique.

Le "Learning by Doing" s'impose

Une autre école de management, Skema Business School, a lancé elle aussi son "programme expérientiel".

En février 2018, pour la deuxième année, 46 étudiants des cycles L3 à master 2 ont embarqué pour la "Learning by Doing Expedition". Direction l'université Ben-Gurion de Beer Sheva en Israël, un pays souvent qualifié de "Startup Nation", à la pointe des technologies en matière de cybersécurité. 

Mais n'imaginez pas un voyage de classe classique. Les étudiants ont enchaîné les rencontres de créateurs de startup avec des "séquences actions" : visites d'incubateurs, tables rondes, hackathon et échanges autour des meilleures pratiques...

Quand les étudiants donnent leur Master-Class

Dans les grandes écoles aussi, on apprend autrement
A l'ESILV, école d'ingénieurs du groupe Léonard de Vinci, un enseignant-chercheur a poussé très loin la pédagogie inversée : Clément Duhart a proposé à des volontaires de monter eux-mêmes une Master-Class sur l'intelligence artificielle, selon une méthode qui fait déjà fureur dans les grandes universités anglo-saxonnes comme le MIT ou Stanford.

Entre novembre 2017 et avril 2018, chaque semaine, une dizaine d'étudiants volontaires ont été nommés "Teacher Assistant" pour donner un cours sur l'IA, c'est-à-dire explorer la documentation et les articles de recherche, construire un enseignement théorique, le délivrer, concevoir les travaux pratiques... La semaine suivante, un autre groupe présentait un autre sujet. 

Résultat : 90 volontaires ont animé la Master-Class pour un public étudiant de plus en plus nombreux au fil des mois. Signe que l'engagement stimule la curiosité, porte d'entrée de l'apprentissage.

Apprendre à collaborer, parier sur l'intelligence collective

A Grenoble Ecole de management, l'innovation pédagogique est loin d'être un simple gadget puisque l'école prévoit d'adapter ses locaux aux nouvelles méthodes d'enseignement en ouvrant deux campus "modulables et expérientiels" en 2019 et 2020.

Ils abriteront peu de salles de classe et de bureaux mais des lieux où se mêleront étudiants, enseignants et entreprises : cinq plateaux modulables pour des cours "expérientiels" comme celui de FlashTel ; un lieu dédié aux serious games ; un hub pour l'innovation, des espaces de coworking, un Learning Center équipé de "bulles de travail", une "no work zone" pour favoriser les échanges.

Echanger, se rencontrer... Longtemps centrées sur l'excellence individuelle, beaucoup de nos grandes écoles veulent désormais cultiver le goût du travail d'équipe, enseigner l'art de collaborer, de créer ensemble. Et favoriser l'éclosion de l'intelligence collective.
Dans les grandes écoles aussi, on apprend autrement

Le hackathon : un accélérateur d'innovation

Dans les écoles d'ingénieurs, le hackathon est un exercice privilégié pour mobiliser les étudiants, les faire travailler en équipe sur des projets concrets avec un challenge technologique à relever : créer une application, inventer un logiciel, un nouveau service, un produit industriel.
Le tout en un temps limité et dans une ambiance festive.

Du 22 au 25 mai 2018, plus de 1800 élèves ingénieurs de l'UTBM (Université technologique de Belfort-Montbéliard) ont ainsi planché sur 150 projets technologiques soumis par 60 entreprises partenaires lors de l'Innovation Crunch Time.

Les candidats devaient par exemple imaginer un véhicule ferroviaire d’exploration des voies, basé sur de l’intelligence artificielle et capable de piloter un train. Ou utiliser la réalité augmentée pour inventer un outil de valorisation du patrimoine.

Vidéo : l'Innovation Crunch Time 2017

Si les grandes entreprises sponsorisent allègrement ces événements, c'est que les hackathons portent réellement du fruit : des idées innovantes ou de vraies avancées technologiques jaillissent parfois du cerveau de la génération Z, familière des usages numériques et pas encore formatée par les méthodes de "l'ancien monde". Un terreau de choix pour les innovations "disruptives".

Au passage, les recruteurs sont à l'affût pour repérer les étudiants les plus talentueux.

La gamification pour apprendre en jouant

Autre ingrédient incontournable des nouvelles pédagogies, la "gamification" ou utiilisation du jeu pour stimuler les apprentissages. Rien de tel qu'un jeu pour rendre un élève actif et lui permettre d'apprendre avec plaisir.

Dans les grandes écoles, des serious games (jeux sérieux) sont utilisés dans certaines disciplines. L'EMLV (Ecole de management Léonard de Vinci) a ainsi noué un partenariat avec un éditeur pour enseigner le webmarketing avec un jeu de simulation en ligne. Les étudiants s'entraînent en équipe à valoriser un site web : ils se glissent dans la peau d'un marketeur, achètent du référencement, programment des emails...

Plus récemment, les Escape Games (jeux d'évasion) ont fait leur apparition. En 2018, l'UTT (Université technologique de Troyes), une école d'ingénieurs universitaire, a proposé aux étudiants de 1ère année du cycle ingénieur un "Chemical Game".  Enfermés par équipe dans une suite de salles, les joueurs devaient résoudre durant 90 minutes une série d'énigmes physico-chimiques pour retrouver le professeur Bismuth, mystérieusement disparu !

En dépit de son aspect ludique et délirant, l'expérience s'est avérée très productive pour la formation des étudiants :
"Non seulement le jeu a permis de consolider et de valider leurs acquis de base en physique-chimie, explique l'école, mais il les a placés en situation de recherche et de résolution de problème. Il a aussi favorisé le travail de groupe et la mise en relation d'étudiants de différents niveaux".

Inventer des solutions aux problèmes de société

Les écoles en feraient-elles trop ? A force de flatter la motivation des étudiants, les préparent-elles à affronter la réalité du monde du travail ? Posée il y a quelques années, la question n'a plus cours désormais tant ce monde professionnel intègre de plus en plus les nouvelles façons de travailler, de produire et de créer de la valeur.

D'ailleurs les jeux sérieux et les hackathons ne servent pas seulement à former les étudiants de façon agréable, mais à concevoir de vrais produits. A impacter les entreprises et toute la société.

En février 2018, Microsoft proposait ainsi à 800 étudiants des trois écoles du groupe Léonard de Vinci (une école le de management, l’EMLV, une école d'ingénieurs, l’ESILV, et une école du numérique, l’IIM) d'inventer des solutions "citoyennes" en utilisant le jeu vidéo Minecraft : pour résoudre des problèmes d'éducation, de citoyenneté, de pollution...

Répondre à la quête de sens des étudiants

Car les étudiants du 21ème siècle portent en eux cette quête que n'avaient peut-être pas ceux du siècle passé : ils cherchent du sens.

Bons élèves ayant souvent suivi les rails proposés par l'institution scolaire, les étudiants des grandes écoles sont les premiers à se questionner. Une fois diplômés, ils sont plus nombreux à hésiter face aux carrières que leur offrent les grands groupes. Les esprits entrepreneuriaux créent leur startup. Les aventuriers partent faire le tour du monde et les humanitaires font de l'entrepreneuriat social !

Alors les recruteurs vantent leur entreprise comme "Great Place to Work". Les grandes écoles, elles, mettent en place des modules de connaissance de soi et des services de coaching. Pas facile en effet de choisir sa voie quand on sait que 60% des métiers que l'on exercera dans dix ans n'existent pas encore !

CORE : un cours d'économie novateur pour faire bouger le monde

Dans les grandes écoles aussi, on apprend autrement
Le contenu des enseignements lui-même est parfois remis en question. Ainsi Toulouse School of Economics et Sciences Po ont complètement remanié leur cours d'économie pour le rendre moins théorique, plus proche des questions actuelles d'inégalités sociales ou de développement durable.

Les deux grandes écoles ont adopté pour cela un cours en ligne, gratuit et ouvert à tous, le programme CORE,  fruit de la révolution des Moocs : cette introduction à l'économie s'est construite de façon collaborative pour répondre aux attentes des étudiants du monde, et elle  est déjà enseignée avec succès dans les universités de nombreux pays.

Les données empiriques, les faits, les expériences sont au cœur de sa méthode d’apprentissage. Les êtres humains n'y sont plus de simples "homo oeconomicus" uniquement guidés par la recherche du  profit, mais des acteurs également capables de coopération. Le cours intègre aussi les questionnements sur la crise financière, l'écologie...

Traduit en français par Science Po sous forme de ebook (https://core-econ.org) CORE pourrait même inspirer une réforme des programmes d'économie enseignés au lycée ! En tout cas, Science Po va le tester dans ses lycées partenaires à la rentrée 2018.
La donne change pour les grandes écoles : elles forment les futurs cadres qui sauront peut-être inventer d'autres règles


On le voit, ça bouge dans les grandes écoles... mais à la mesure d'un monde qui évolue aussi très vite comme l'indique le titre de CORE : "Economics for a changing world", l'économie pour un monde en mutation.

Des années durant, les grandes écoles ont répondu à une mission clairement établie : former les futurs cadres d'une économie et d'une société dont on cernait assez bien les règles. Aujourd'hui, la donne change : on forme ceux qui peut-être, avec d'autres, sauront inventer d'autres règles... 



Lundi 11 Juin 2018

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