Que faire avec un bac STI2D ?


Les débouchés du bac Sciences et technologies de l'industrie et du développement durable (STI2D) s'élargissent de plus en plus. Dans les IUT, les écoles d'ingénieurs, les prépas ou de nouvelles filières, les places réservées aux bacheliers STI2D augmentent car les entreprises ont besoin d'eux !



"Ne va pas en STI2D, fais plutôt un bac S, tu auras plus de débouchés !" Cette réflexion, vous l'avez sans doute beaucoup entendue. Or dans un monde de plus en plus marqué par les innovations technologiques, les choses sont en train de bouger.

D'abord car les profils technologiques sont de plus en plus recherchés en entreprise, que ce soit dans l'industrie, l'informatique, les PME, les startups innovantes... "Les entreprises ont grand besoin de  techniciens et de cadres intermédiaires polyvalents sur des postes d'assistants ingénieurs", assure le directeur de l'IPSA, école d'ingénieurs aéronautiques.

D'autre part les établissements d'enseignement supérieur, notamment les écoles d'ingénieurs, cherchent à diversifier le profil de leurs étudiants. Ainsi une école d'ingénieurs postbac réputée, l'INSA Toulouse, va doubler le nombre de bacheliers technologiques admis à la rentrée 2018 dans sa filière "Formation Active en Sciences" adaptée aux profils technos.

De plus en plus aussi, la pédagogie de l'apprentissage par le "faire" gagne du terrain en France et l'on admet qu'il n'y a pas qu'une forme d'intelligence valable pour devenir ingénieur ou technicien : la dictature du bac S faiblit !

Pour choisir votre orientation, c'est donc la première question à vous poser : avez-vous le profil adapté à la filière technologique ? Si oui, foncez ! Car c'est là que vous serez le plus épanoui, que vous réussirez le mieux vos études.

Une pédogogie basée d'abord sur les applications technologiques

Le bac STI2D parait tout indiqué si vous aimez la technologie, les innovations, que vous êtes intéressé par le fonctionnements des objets qui nous entourent.

Pour le comparer au bac S, on peut dire qu'il conduit aux mêmes carrières de techniciens et d'ingénieurs que le bac S, mais par une autre voie pédagogique.

"En bac techno, on accorde une large place à l'étude des applications technologiques et les maths et la physique viennent en soutien, alors qu'en S on reste dans une approche abstraite des matières scientifiques", explique un proviseur.

Alors, êtes-vous plutôt motivé par les applications ou d'abord par la théorie ? Etes-vous plus intéressé par les applications technologiques d'un théorème ou par sa démonstration ? C'est cette question qui doit guider votre choix d'orientation.

Les témoignages de lycéens STI2D


Quatre spécialités calées sur les filières industrielles d'avenir

En 2011, la filière STI a été rénovée. Elle a d'abord musclé la culture technologique transversale, pour rassurer les lycéens qui craignaient de s'enfermer trop vite dans une spécialité, et les horaires de langues ont été augmentés pour favoriser les poursuites d'études longues.

Le bac STI2D s'est ainsi rapproché des bacs généraux.

Ensuite, la technologie étant très vaste, quatre spécialités ont été définies en lien étroit avec les domaines en pleine évolution (et où les recrutements sont les plus forts). Vous devez choisir une spécialité parmi ces quatre domaines technologiques de pointe dès la classe de première :

- Innovation technologique et éco-conception (ITEC) est consacrée à la conception de nouveaux produits ou matériaux.

- Système d’information et numérique (SIN) s'attaque à l’analyse et au traitement des flux d’information : c'est la porte d'entrée vers toutes les applications du numérique (informatique, multimédia, télécoms).

- Energies et environnement (EE) est dédiée aux ressources énergétique et à leur impact environnemental : énergies renouvelables, économies d'énergies, etc.

- Architecture et construction (AC) reprend le champ de l'ancienne spécialité "génie civil" : on y étudie la construction d’ouvrages. Elle ouvre les portes des très sélectives écoles d’architecture, mais aussi des métiers du BTP qui offrent bien plus de débouchés.

Les spécialités occupent 5 heures par semaine en première, 9h en terminale. Il est donc possible de changer d'option en cours de première ou entre la première et la terminale.

En effet, il y a aussi des enseignements technologique transversaux, c'est-à-dire communs aux 4 spécialités : 7 heures en première et 5 heures en terminale, qui donnent une culture technologique de base à tous et permettent d'éventuels changements de spécialité.

Une chose est sûre : toutes les spécialités ouvrent sur des filières métiers qui recrutent car la France manque de compétences technologiques et industrielles !

L’ouverture sur un grand choix d’études supérieures

On distinguait traditionnellement les études courtes (en deux ans vers un BTS ou un DUT) ouvrant sur des emplois de techniciens supérieurs, et les études longues conduisant en cinq ans après le bac aux carrières d'ingénieur (via une école postbac ou une école en trois ans accessible après deux ans de classes prépa).

Or aujourd'hui on peut de plus en plus poursuivre ses études après un bac+2 pour rejoindre des formations d'ingénieurs, notamment par la voie de l'alternance.

Les IUT sont d'autre part en train de créer un nouveau cursus en trois ans : le parcours technologique de grade licence. Les étudiants qui le choisiront après le bac seront assurés d'avoir à l'issue de leur DUT une place en licence professionnelle et de décrocher ainsi un diplôme d'Etat de niveau bac+3.

BTS, DUT : bien choisir sa spécialité

Il y a une grande variété de BTS et DUT à faire dans la suite logique du bac STI2D. Pour ceux qui ont fait la spécialité "Architecture et construction", un BTS Bâtiment ou Travaux publics paraît tout indiqué, ainsi que le DUT Génie civil.

Après la spécialité Innovation technologique et éco-conception (ITEC), on peut s'orienter vers un BTS Conception de produits industriels, ou bien un DUT Génie mécanique et productique... Mais vous pouvez aussi postuler dans un BTS ou DUT qui ne corresponde pas à votre spécialité de bac... A condition de bien expliquer votre motivation et d'avoir un bon dossier, puisque l'entrée en BTS et DUT est sélective.

BTS-DUT, quelles différences ?
Les BTS sont dispensés dans des lycées, alors que les DUT le sont dans des IUT (en Institut universitaire de technologie), un cadre plus universitaire. Dans les deux cas, vous faites des stages de technicien, en 1ère et 2ème année. L'enseignement en BTS est plus pointu qu'en DUT où le niveau théorique semble un peu plus élevé et plus propice à une poursuite d'études en école d'ingénieurs. Après un BTS, il faut souvent passer par une prépa ATS si l'on veut préparer les concours d'entrée en école d'ingénieurs. Mais on peut aussi poursuivre en faisant une "licence professionnelle", une formation spécialisée d'un an qui donne le niveau bac+3 et prépare bien à l'emploi.

"Le DUT est un choix intelligent pour des élèves qui ne savent pas s'ils sont faits pour des études longues", explique Bruno Darracq, professeur à l'université Paris IX.  En effet, au bout des deux ans, vous avez le choix entre l'insertion professionnelle ou la poursuite d'études (en licence pro ou en école d'ingénieurs).

La sélection d'entrée
En contrepartie, il faut passer la sélection d'entrée, car les DUT sont aussi pris d'assaut par les bacheliers généraux (notamment S). Toutefois depuis 2013, des quotas sont réservés aux bachelier technos en DUT et BTS. Et il faut dire que la désaffection des jeunes pour les carrières industrielles a plutôt desserré la sélection.

Au final, le plus dur est sans doute de choisir la spécialité qui vous passionnera le plus : prenez bien le temps en 1ère et terminale d'explorer les métiers, les secteurs professionnels. Profitez des visites d'entreprise, discutez avec des pros, visionnez des vidéos métiers sur internet pour forger votre projet professionnel.

Nouveau : des bachelors proposés en école d'ingénieurs

En 2014, une des écoles d'ingénieurs les plus réputées en France, l'Ecole nationale supérieure des Arts et Métiers (ENSAM) a innové en lançant un nouveau type de formation spécialement pour les bacheliers STI2D. Il s'agit d'un "bachelor de technologie", formation postbac en trois ans calquée sur les bachelors proposés par les écoles de commerce. Elle allie l'approche technologique et théorique. Le diplôme permet soit d'entrer dans la vie professionnelle (avec le diplôme d'une école réputée), soit... d'entrer dans le cursus ingénieurs de l'ENSAM. Il va aussi donner le grade de licence.
Le bachelor est proposé sur deux sites : à Bordeaux Talence et à Châlons-en-Champagne. L'inscription est à faire sur APB, non sous l'appellation "bachelor" mais "Diplôme d'études supérieures de technologie".

C'est donc une nouvelle voie, très attirante, qui s'ouvre pour les bacs STI2D, d'autant que d'autres écoles d'ingénieurs ont depuis lancé leur bachelor : l'ESEO, école d'ingénieurs postbac spécialisée dans le numérique a ouvert à Paris et Angers un bachelor "Solutions numériques connectées" (ouvert aux bacheliers scientifiques et technologiques) et à la rentrée 2017, l'Institut Mines-télécoms de Saint-Etienne ouvre aussi son bachelor de technologie (réservé aux STI2D et aux bacs pro). L'IPSA envisage aussi de créer des bachelors d'aéronautique.

Attention : ces bachelors ne confèrent pas le titre d'ingénieur, mais offrent une formation de qualité dispensée dans l'environnement d'une école d'ingénieurs et préparent à occuper des emplois qualifiés de techniciens supérieurs ou d'assistants ingénieurs. Ils permettent aussi de poursuivre des études.

Les écoles d’ingénieur

C'est bien sûr une voie royale pour accéder à des postes de cadres dans l'industrie. Pour y accéder après le bac, deux options s'offrent à vous :

- Faire une classe préparatoire scientifique aux grandes écoles (CPGE) : les meilleurs bacheliers STI2D peuvent en effet accéder à des prépas qui leur sont exclusivement réservées : les prépa TSI. L'enseignement tient compte de leur formation technologique, mais le rythme de travail est soutenu et il faut être très motivé. Assurez-vous que vous êtes fait pour la prépa. "La plupart des grandes écoles d’ingénieurs ont des places réservées pour les élèves de STI2D. C’est un très bon moyen d’y entrer, vous avez autant, voire plus de chances qu’un élève issu d’un bac S !", soutient Pierre Schott, professeur à l’ENSEIA.

Autre possibilité, les écoles d'ingénieurs postbac en 5 ans.
- Les concours communs Alpha et Avenir Bac sont ouverts aux STI2D et ont lieu au printemps de votre année de terminale. "En plus des écrits des concours, l’admission se fait sur dossier et entretien personnel" précise l’ESTACA.
Deux écoles du concours Avenir Bac, l'ECE Paris et l'ESILV ont annoncé en 2017 l'ouverture d'une prépa intégrée commune réservée aux bacheliers STI2D. Si vous réussissez le concours, vous n'êtes donc plus mêlé aux bacheliers S, mais vous bénéficiez durant un an d'une pédagogie et d'un soutien adaptés à votre profil pour vous donner de meilleures chances de réussir le cursus ingénieur.

- Le concours GEIPI-Polytech a aussi ouvert en 2013 un concours réservé aux bacs STI2D et aux STL qui donne accès à 18 écoles d'ingénieurs publiques : le signe que les écoles d'ingé apprécient le nouveau bac STI2D.

- Le concours INSA, lui, admet des bacheliers technologiques à l'INSA Toulouse et à Lyon et annonce qu'il va doubler le nombre de places en 2018 (de 24 à 48). Une fois intégrés, les étudiants issus des séries technologiques bénéficient d'une pédagogie adaptée à leur profil (dans la filière Formation Active en Sciences).

Si vous n'êtes accepté dans aucune de ces voies, les écoles d'ingénieurs ne vous sont pas fermées pour autant : vous pouvez en effet viser un DUT et entrer ensuite en école d'ingénieur via les admissions parallèles à niveau bac+2 ou bac+3.

Un cycle préparatoire pour des écoles d'ingénieurs en apprentissage

C'est encore une nouvelle voie après le bac STI2D qui a été ouverte en septembre 2014 par un grand réseau d'écoles d'ingénieurs en apprentissage, l'ei.cesi (pour "école d'ingénieurs du Cesi").
Ce réseau propose un cycle préparatoire de deux ans durant lesquels les étudiants peuvent à la fois travailler sur des projets industriels concrets, et acquérir les bases scientifiques nécessaires pour intégrer ensuite une école d'ingénieurs. Il s'agit en quelque sorte d'une prépa intégrée, avec une pédagogie adaptée aux profils technologiques.

Deux options sont proposées : Innovation technologique, pour devenir ingénieur généraliste, et Architecture et construction, pour être ingénieur BTP. Neuf centres du Cesi proposent la formation.
Ces deux années permettent ensuite de suivre une formation d'ingénieur par l'apprentissage dans le réseau Cesi, une voie qui permet de travailler en entreprise, en alternance avec la formation.

L'admission se fait via le portail APB, sélection sur entretien, tests (anglais et maths) et dossier. "Il faut avoir un projet professionnel et un profil concret", souligne une responsable.

Le boom du numérique : encore de nouveaux débouchés

Avec la révolution numérique qui bouleverse toute l'économie, on cherche plus que jamais des spécialistes des nouvelles technologies, à commencer des développeurs informatiques, des spécialistes de cybersécurité, des "data scientists", des webmarketers...

Les bacheliers STI2D attirés par le numérique ont donc l'embarras du choix, d'autant qu'à côté des classiques écoles d'informatique, ils peuvent aussi choisir de postuler directement après le bac dans une des nouvelles écoles des métiers du web. Peu importe alors qu'ils aient fait la spécialité SIN ou pas au lycée, du moment qu'ils sont motivés et ont une bonne culture technologique et numérique.

Pour les passionnés, de belles carrières peuvent alors s'ouvrir sur des métiers neufs : intégrateur web, spécialiste de e-commerce, chef de projet multimédia, ou même... créateur de startup !

L’engagement personnel et la motivation avant tout

On le voit : le bac STI2D ouvre de nombreuses portes, encore faut-il savoir laquelle pousser. "Quel que soit votre cursus, technique, théorique, en atelier, il faut se sentir à l’aise dans ses études", assure Gilbert Derrien.

Préparez-vous donc à montrer votre motivation dans les entretiens d'admission. "Lors des entretiens pour les BTS, on s'assure que l'élève sait où il va, qu'il a une petite idée de son futur métier, dit Gilbert Derrien. Et puis comme les projets de groupe sont très importants en BTS, l'élève doit montrer qu'il est motivé et ouvert dès le début".

Une exigence qui vaut aussi pour les études longues. "En entretien, j’aime bien demander au candidat comment il définit le terme ingénieur, explique Renaud Roy, de l'Estaca. Après tout, c'est le métier auquel il se destine". A l’ESTACA, explique-t-il, la motivation compte presque autant que les écrits et les oraux réunis".

Enfin, dans ces filières techniques les filles sont très appréciées. "Elles sont trop rares dans ces cursus, il faudrait que ça change car elles sont souvent excellentes !" assure Renaud Roy. "Une fois sur le marché du travail, elles rivalisent largement avec les hommes !" Mesdemoiselles, à vous de jouer !

Lire aussi :
DUT industriels : des débouchés assurés
Métiers de la mécanique : des spécialités industrielles très recherchées
Voir ci-dessous la brochure Onisep sur le bac STI2D :

Bac_STI2D_2012.pdf  (193.2 Ko)


Mercredi 3 Mai 2017
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