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Indiscrétions sur  les formations et les métiers qui mènent vraiment à l'emploi


Tuyaux sur les formations et les métiers qui mènent vraiment à l'emploi





Deux études récentes estiment que les métiers de l'ingénierie pourraient créer 80000 nouveaux emplois pour répondre aux besoins de transition de l'économie. Cependant 20% de ces emplois pourraient rester non pourvus du fait du manque de techniciens et d'ingénieurs formés !


L'ingénierie prévoit de créer 80 000 emplois d'ici 2030

C'est le syndicat Syntec-Ingénierie qui l'annonce en s'appuyant sur les résultats de deux études récentes :  le diagnostic de formation France Ingénierie 2030 et l’étude OPIIEC sur l’évolution des métiers de l'ingénierie de construction et d'aménagement (voir références ci-dessous).

Les métiers de l'ingénierie, qui fournissent des expertises techniques et des solutions innovantes, vont être sur-sollicités dans les mois et les années qui viennent pour aider les entreprises à s'adapter aux grands enjeux de transition énergétique, écologique, et numérique.

"En effet, explique  Michel Kahan, président de Syntec-Ingénierie, le propre de notre profession est d’imaginer des solutions concrètes et opérationnelles pour décarboner l’industrie, éco-concevoir les bâtiment et infrastructures, réaliser des plans climat, déployer de nouvelles énergies, etc."
 


20 000 emplois dans la construction et 60 000 dans l'industrie

​Sur les 80 000 nouveaux postes que les entreprises envisagent de créer d'ici 2030, un quart irait au secteur de la construction et trois quarts à l’industrie.

Ces emplois serviront par exemple à quantifier l’empreinte environnementale des projets et ouvrages, éco-concevoir, améliorer l’efficacité énergétique, développer l’hydrogène vert et les réacteurs nucléaires de petite taille, décarboner les mobilités, etc.  Dans la transition numérique, ils doivent développer les modèles d’algorithmes et l’IA, intégrer la conception industrialisée dans la réalisation d’un ouvrage, améliorer la cybersécurité, intégrer l’analyse de données, etc. 
 


Déjà un déficit de talents de 4% par an

Pour cela, "il est absolument vital que nous augmentions au plus vite le nombre de professionnelles et professionnels formés", poursuit  Michel Kahan.

Le syndicat Syntec-Ingénierie souligne en effet que l'ingénierie souffre déjà d’un sous-effectif structurel de l’ordre de 2 à 4%. "Ce sont environ 15 000 professionnels (tous niveaux d’études confondus) qui font défaut chaque année" indique le communiqué publié en mars 2024.

L’explosion des nouveaux besoins pourrait donc creuser ce déficit : "d'ici 2030, ce sont 20 000 talents qui feront défaut dans l’ingénierie."


Une pénurie déjà forte pour les techniciens de niveau bac+2/3

Le manque de candidats se fait en réalité déjà sentir depuis plusieurs années sur les postes de techniciens supérieurs et de cadres intermédiaires. Les entreprises ont beaucoup de mal à recruter des professionnels formés de niveau bac +2/+3.

C'est une des raisons qui a poussé les IUT à allonger leur cursus de deux à trois ans pour permettre à davantage de jeunes (notamment issus des séries technologiques) de se former pour accéder à ces postes. La création du bachelor universitaire de technologie (BUT) n'est pourtant pas une réponse suffisante. Aucune nouvelle mention de BUT n'a en effet été créée et les les BUT industriels sont ceux qui ont le plus de mal à recruter comparés aux BUT du tertiaire.
Environ 50% des diplômés à bac+3 poursuivent leurs études

Les écoles d'ingénieurs tentent aussi de répondre à la demande des entreprises à ce niveau en ouvrant des cursus postbac en trois ans débouchant sur des "bachelors". Et les universités déploient aussi quelques licences professionnelles.

Cependant tous les diplômés à bac+3 n'entrent pas sur le marché du travail car environ 50% poursuivent leurs études. Syntec Ingénierie invite donc les pouvoirs publics à ouvrir ou à favoriser encore la création de nouvelles formations courtes.


Et une nouvelle pénurie de bac+5 à l'horizon

Les évolutions technologiques requièrent d'autre part des compétences pointues et des soft skills permettant de travailler sur des projets complexes. Dans certains domaines comme l'informatique, le bac+5 a longtemps été un préalable au recrutement sur de nombreux postes, que ce soit en bureau d'études ou en cabinet de conseil.

Le développement de l'apprentissage dans le supérieur a déjà permis à des jeunes plus nombreux de décrocher un titre de niveau bac+5 ou un diplôme d'ingénieur. Et pourtant cela pourrait bien ne pas suffire non plus vu l'explosion des besoins attendus d'ici 2030.

"La pénurie de profils bac+5 devrait se manifester de manière évidente en 2025", prévoit Syntec-Ingénierie. Et si les entreprises ne parviennent pas à recruter suffisamment de talents, elles devront réduire la voilure ou renoncer à certains projets.

Selon l’étude OPIIEC, cela pourrait représenter un manque à gagner de 2,2 à 4,2 milliards d’euros pour les entreprises d’ingénierie, rien que dans le secteur de la construction (bâtiment et infrastructures).


Un plan d'actions concrètes 

Face à ce constat, la fédération professionnelle de l’ingénierie propose une série d’actions concrètes, à mener de concert avec les pouvoirs publics.

Une grande campagne de communication vient d'être lancée à destination des 13-18 ans pour redorer le blason de l'ingénierie ou simplement faire connaître ses métiers. 

Elle invite aussi à élargir les viviers de recrutement en formant davantage de femmes et de jeunes issus de milieux défavorisés.
Syntec-Ingénierie a ainsi donné l'exemple en lançant en septembre 2023 Parcours Ingé, premier parcours 100% en alternance vers l’ingénierie. 

Et puis bien sûr, il faut favoriser la formation continue des salariés du secteur qui peuvent monter en compétences ou acquérir des expertises nouvelles. Si l’offre existante est déjà riche, elle est néanmoins jugée insatisfaisante par près d’une entreprise sur 4, indique Syntec-Ingénierie. C’est particulièrement vrai en ce qui concerne l’hydrogène, le nucléaire et plus largement les compétences liées à la transition écologique et énergétique et à la transition numérique.

 


Pour en savoir plus :

- Diagnostic de formation France Ingénierie 2030, réalisé dans le cadre de l’appel à manifestation d’intérêt France 2030, juin 2023

Étude OPIIEC sur l’évolution des métiers de l'ingénierie de construction et d'aménagement, janvier 2024
 

Rédigé le Lundi 18 Mars 2024 | Commentaires (0) | Permalien

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Michèle Longour
Michèle Longour



Certains traînent dans les bars, d'autres fréquentent les stades ou les cinémas... Moi, je hante les journées recrutement, je fouine dans les forums emploi et les salons dédiées à toutes les carrières. D'où l'idée de ce blog pour...



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