Foot, samba, plage, carnaval, favelas... et après ?
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Jérémie Loevenbruck
Jérémie Loevenbruck

J'ai eu la chance d'effectuer le dernier semestre de mes études d'ingénieur à Rio de Janeiro, au Brésil... Ce blog est la publication hebdomadaire des quelques lignes que j'avais tentés d'écrire entre juillet et décembre 2009.... Elles retracent ces



Je publie environ un nouvelle article par semaine ! N'hésitez pas à commenter et/ou à me contacter pour des infos...



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Copacabana
Le corcovado
La favela sécurisée de Babylonia



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Toutes les semaines, un étudiant en échange universitaire à l'étranger publie un article dans la rubrique "tarte postale" du journal de l'école. Voici celui envoyé quelques jours avant mon retour en France, à l'inter-semestre; là où les étudiants reviennent ou partent à l'étranger. Il fait suite à un précédent article d'un


La confeitaria Colombo
La confeitaria Colombo
Moi, les tartes postales, j’adore… Il me prend cependant l’envie de fêter différemment le retour des partants du premier semestre, et de souhaitez bon vent à la nouvelle vague d’aventuriers. Allez soyons fou, troquons pour l’occasion la tarte pour ce succulent mille-feuilles. Quelque chose de plus fin, plus complexe, plus difficile à cerner que la sempiternelle tarte qu’on nous sert parfums fraise ou crème, variante pas si variée que ça.

Il sera au chocolat, de la même saveur que celui dégusté Brasserie Colombo, un ilot presque parisien au cœur de Rio de Janeiro, celui du Brésil. Colombo et ses miroirs sans fin, son pianiste qu’un mélange de touristes et de cariocas bien locaux applaudissent frénétiquement … Le symbole d’un Rio démesuré, classe, vivant mais également si contrasté. On sort en évitant ce gamin/adulte de 13 ans, allongé sur le trottoir, dormant/survivant les yeux ouvert, globuleux (Le «crack», un drame...). On traverse le « largo do carioca » en observant cette foule de travailleurs costards-cravate se perdant dans les nombreuses « botecos », des bars de rue où la bière coule à flot.

Petit détour, on attrape le « Bonde » de Santa Teresa, l’antique tramway qui nous monte sur les hauteurs du quartier Bohème. Les peintres, sambistas et autres dealers y ont chassé, entre autre, ces jeunes ingénieurs qui gagnent déjà 10 fois le SMIC. De là, quelle merveille, cette baie de Guanabara dont Rio garde l’entrée, un paysage urbano-amazono-pyrénéen, une carte postale vivante, mais également toutes ces favelas miséreuses… On redescend rapidement par l’Ecadaria Selaron, escalier de céramique rouge, on sonne au 14, on est à Lapa, le cœur de la vie nocturne, le poumon du samba, c’est chez moi.

Le "Bondinho" de Santa
Le "Bondinho" de Santa
Le Centro, Santa, Lapa : un Rio « de verdade », à des années lumières de Copacabana, sa plage bien évidemment magnifique, mais également symbole d’une richesse indécente : il suffit de tourner la tête pour plonger dans l’univers des favelas. A des millénaires de la PUC, l’université « blanche » à 10 000 euros l’année. A des lustres de la majorité des 300 étudiants en échange universitaire. Ces étrangers qui vivent à plein temps ce qu’on pourrait appeler l’« intercambio standard ». Le même vécu dans toutes les universités du monde. Club Med quand tu nous tiens… Un pseudo « melting pot» en anglais ou dans sa langue maternelle, un rassemblement naturel pour faire face à l’isolement. On ne découvre finalement qu’un florilège culturel très superficiel et faussé. Celui des pays ou des gens riches (ceux qui peuvent se permettre de partir étudier à l’étranger) ! Un moyen radical pour se couper d’une vie locale si passionnante à découvrir, en profondeur.

Vous connaissez Rio violence, Rio plage, Rio samba, Rio foot… On vous a déjà raconté ! On a déjà moins parlé en vrac du Rio sourire : des cariocas fondamentalement gentil, et souriant ! Le Rio des familles, souvent inexistantes : pères assassinés, couples instables, gamins dans les rues… Le Rio travail, valeur qui n’a pas le même sens ici. Le Rio culture, plus populaire qu’abstraite… Ni Rio future, les JO et la tentative (vouée à l’échec) de policer les favelas par la violence ! Des favelas qui ne représentent qu’une « petite » partie de Rio (20%), il fallait le dire !

Je ne parle là que de Rio, une ville si particulière dans un Brésil encore plus métissé et contrasté. En vrac : L’Europe au sud, l’Afrique au nord, 50 morts le jour du réveillon dans des mouvements de terrain, à 2h de Rio sur l’ile la plus touristique de l’état. Et que penser de cette discussion fantastique avec ce directeur de thèse brésilien, bien plus en avance dans la conception d’une humanité durable que bon nombre de nos représentants politiques ? Des brésiliens qui, à raison, passent plus de temps à Vivre qu’à réfléchir sur ce que pourrait être leur vie ! Une vie ou le temps à encore une signification, où je me permets d’écrire ces 3 lignes entre la plage, du poisson frit et mon hamac….

Je reviens dans mon pays plein d’images, de discussions, plein d’interrogations et d’incompréhensions. Finalement heureux d’habiter en France, symbole de sécurité, d’éducation, de liberté, d’égalité… Peut être moins de fraternité ! Triste de quitter ce Brésil si simple et passionné, si plein de vie… Un pays magnifique !

Je reviens forcément transformé par ce semestre d’ouverture culturelle et sociale plus que d’études… Mon pays et mon école me l’ont offert, Merci ! Une chance qu’il faut saisir, mais qu’on n’a pas le droit de vivre superficiellement. Pensez à ces nombreux jeunes brésiliens travaillant 30h par semaine pour avoir accès aux études supérieurs…

Et toi qui reste à Toulouse, et surtout toi qui reviens d’échange, peut être est-il temps de renvoyer l’ascenseur. Faisons preuve d’hospitalité et d’ouverture, provoquons les rencontres avec les étrangers de notre campus. Aidons les à s’intégrer individuellement dans notre réseaux d’amis, partageons nos collocs, faisons leur découvrir notre belle ville de Toulouse, nos terrains de rugby, nos vins, nos fromages, notre langue, nos idées… Ils nous partageront les leur ! Refusons cet « intercambo standart » sur notre campus. Vaste programme !

J’espère plus simplement qu’on fêtera bientôt le départ d’aventuriers de la culture, d’étudiants ayant soif de différences, de dépaysement, soif de rencontres locales… Et pas besoin d’allez jusqu’à Rio, l’Angleterre ou la Belgique ont déjà tant de différences… Revenez pleins de souvenirs, plein d’histoires croustillantes, plein d’opinions… Partagez les pour enrichir la vie de ceux qui n’iront peut être jamais dans les endroits où vous aurez vécu.

Préférez le mille-feuille je vous dis, au chocolat oui, mille rencontres qui, au final, deviennent ce succulent souvenir….
Le reveillon à Copacabana
Le reveillon à Copacabana

Rédigé par Jérémie Loevenbruck le Mercredi 8 Septembre 2010 à 16:57 | Commentaires (1)

Commentaires

1.Posté par DURAND Françoise le 16/09/2010 10:25
Salut Jérome,
Tu te souviens de moi... le "ministre des finances" du crsu de Toulouse ... à la retraite depuis 16 jourts !
Impossible de trouver ton mail perso.... donc j'essaie par ton blog (super entre parenthèses !)
J'aurais souhaité t'inviter à une petite soirée apéro-tapas-bulles pour fêter la fin de ma vie pro...
Si tu lis mon message d'ici là, si tu es dispo, si tu en as envie.... merci de me faire signe !

Bises et à bientôt j'espère

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