Foot, samba, plage, carnaval, favelas... et après ?
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Jérémie Loevenbruck
Jérémie Loevenbruck

J'ai eu la chance d'effectuer le dernier semestre de mes études d'ingénieur à Rio de Janeiro, au Brésil... Ce blog est la publication hebdomadaire des quelques lignes que j'avais tentés d'écrire entre juillet et décembre 2009.... Elles retracent ces



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Le « trem do Samba » !!
Tout vient de ce personnage que nous rencontrons à la pedra do sal… Je pose mon vélo et je récupère le Mehdi et son collègue Allemand de l’auberge, et manque de place oblige nous nous attablons en compagnie d’un couple de vieux. 30 secondes plus tard, normal, la discussion s’engage ! Ce grand gaillard cinquantenaire nous décrit l’événement qu’il a créé avec quelques amis, voici quelques années.

Un concert à la central do brasil (la gare de train mythique) regroupant toutes les anciennes gloires de la samba carioca, un départ pour Oswaldo cruz, quartier dépravé, le cœur du samba (et de la zone nord !)… 4 trains et 3000 personnes à déplacer, chaque wagon animé par une roda de samba.

10 jours plus tard, un 2 décembre, jour du samba, nous voila parti pour la centrale. Quelques bières à écouter la vielle garde des écoles de samba les plus réputées de rio, au coeur des milliers de voyageurs qui empruntent quotidiennement les couloirs de la gare. L’ambiance se réchauffe.

Le « trem do Samba » !!
On fait la halte au marché attenant, une sorte de souk où les tuyauteries se vendent aussi bien que les maillots de bain bon marché.

Pas le même genre de magasin qu’à la riche zona sul, pas non plus les mêmes restaurants, vous vous en doutez également. Le PF (prato feito : assiette faite, le plat de base) le moins cher de Rio, entre le jukebox et le billard où les cachaceros (les accrocs de la cachaça, rhum local) se défient toute la journée…

C’est l’heure d’embarquer ! On se faufile dans un wagon déjà plein… L’ambiance est folle. Sa chante et sa danse, le déraillement est d’actualité ! Demi-heure plus loin, c’est le débarquement à Oswaldo Cruz, le choque !

Le « trem do Samba » !!
50 000 personnes nous attendent entre les bars d’époque et autres bicoques dressées pour l’occasion. La voie de chemin de fer traverse le cœur de la fête, une petite passerelle la surplombe et relie les deux parties…

Une feria, un Vic Fezensac où vous troquer les bandas pour les rodas, et les français par des brésiliens, de 7 à 77 ans, normal, mais ceux là étaient tous noirs : la zone nord. Et pourtant le quartier est sympa. On découvre en se faufilant ici et là quelques belles bâtisses, loin, très loin des clichés de la zone nord. Plus loin (pas si loin), des favelas à perte de vu, celles qu’on aperçoit sur le chemin de l’aéroport. Le quartier est cependant réputé « chaud », on s’en est rendu compte…

On se balade en passant de roda en roda, quelle joie sur les visages, quelle passion pour cette musique ! Une pedra do sal puissance 10 ! Inoubliable…

La fête brésilienne qui bat son plein, avec son lot de malheur, forcément. Pas de police, pas d’organisateurs. On tente de traverser la minuscule passerelle qui traverse la voie ferrée et par la même la fête en 2. En haut, on se retrouve nez à nez avec une horde affolée, à contre sens, près à tout pour traverser. Sentiment de panique…

Nous, ça va. Quoiqu’une fois sorti de l’histoire, après le demi-tour inévitable, après s’être cramponné aux barrières que vous imaginez dimensionnées pour supporter ce cas extrême, on en tirait pas large. On se regardait tous affolé se demandant à quoi tenait notre survie. Et je me souviendrais toujours de cette mère qui venait de subir la même, mais son bébé dans les bras. Elle descendait l’escalier en état de choque... Pas d’orga, pas de police… Et le meilleur reste à venir.

Petite parenthèse, un blanc (le seul ?), nous avait repéré, nous, les 4 français. Et c’est parti sur la tirade de la honte, celle du racisme : « vous avez vu ça, j’ai honte, regardez moi tout ces noirs, aucune éducation, c’est ça le brésil, c’est ça le problème avec eux, c’est des dangers » ! C’est vrai que cette petite dame de 45 ans face à toi, prête à te marcher dessus pour traverser la passerelle, ça fait réfléchir. Mais l’autre allait trop loin. Je m’énerve et lui fait remarquer qu’il en serait au même point s’il était né là, s’il avait subit les même conditions qu’eux…

Le « trem do Samba » !!
A ce moment là, on commence à flipper. Lisant les journaux le lendemain, la bousculade semble avoir été provoquée par ce qu’on appelle ici un policier… Suite à une altercation, ce dernier aurait tiré sur 2 hommes, tuant l’un au passage. Je vous rassure, le policier est en prison !

Un temps plus tard, on tente à nouveau de traverser. Heureusement, quelques hommes en jaune (de l’organisation ?) régulaient. On passe sans encombre. S’ensuit une belle discussion sur la condition de tous ces gens qui nous entourent. Une petite heure plus tard, nous ne sommes plus que 2.

Pour rentrer, on attend le bus, les vans qui n’arrivent pas… on revient au cœur de la fête à la recherche d’un autre bus. De là on assiste à quelque chose qui ressemblait au début d’un lynchage à coup de bar de fer et de bouteille de bières cassés. J’espère que les types s’en sont sortis. On aperçoit finalement le dernier train qui arrive, heureusement pour nous en retard. 10 minutes plus tard on se retrouve assis dans le même train qui nous a amené, et, malgré la fatigue, on y retrouve les éternels chants et danses connus de tous…

Peut être que ça n’intéressait pas ces quelques gros bras préféraient en découdre, face à nous. De beaux gabarits que l’on devait éviter, histoire de ne pas se retrouver l’arcade saignante au détour d’un coude qui se perd. Impossible de sortir. J’aperçois quelque chose de louche sous le tee shirt d’un des protagonistes. Je préviens mon collègue, trop tard. Le gaillard sort un flingue et menace, tranquille… là on s’échappe. ça choque.

La fin du trajet, quelques wagons plus loin, se passe en compagnie d’un anglais qui vit à rio depuis 25 ans. Il faisait des traductions, entre autre en français.il nous raconte qu’avec son ami virtuel « windows », il décuplait son rendement. Marrant ! Il revient d’Oswald Cruz avec son tambour, un sambistas convertis…un voyageur qui n’a pas su revenir…

Retour de la central en vélo, j’arrive chez moi sans encombre… ouf ! La soirée brésilienne par excellence. Quelque chose de magnifique, désormais impossible à voir en France, règlementation oblige.

Malheureusement, pas non plus de tout repos, avec 1 mort à la clef et quelques grosses frayeurs. Je ne me fais pas de soucis, d’ici 20 ans, à force de bagarres et autres exécutions, on arrivera surement à ce qui se fait très bien en France : des flics partout, une réglementation surréglementé….


Rédigé par Jérémie Loevenbruck le Vendredi 30 Juillet 2010 à 10:01 | Commentaires (0)