Foot, samba, plage, carnaval, favelas... et après ?
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Jérémie Loevenbruck
Jérémie Loevenbruck

J'ai eu la chance d'effectuer le dernier semestre de mes études d'ingénieur à Rio de Janeiro, au Brésil... Ce blog est la publication hebdomadaire des quelques lignes que j'avais tentés d'écrire entre juillet et décembre 2009.... Elles retracent ces



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Le rugby !


La rééducation de mon genou avance. Je fête aujourd’hui les 6 mois de post-opération. J’ai repris la course il y a presque 2 mois, et j’ai donc pu commencer à participer à quelques entrainements de rugby, de loin.

A Niteroi

je peux donc commencer à m’amuser avec le ballon. Je vais quand je peux les mardis et jeudis à Niteroi, de l’autre coté de la baie de Rio. Une vrai équipe de rugby s’y entraine. Ça reste très compliqué. Mais je préfère ça au rugby sur la plage a ipanema ou l’on ne retrouve finalement que les gringos en exile, sans trop d’esprit d’équipe.

ça m’a fait du bien de me retrouver avec eux, je commençais vraiment à manquer de ce sport intarissable. C’est tout bête mais rien que de faire 3 passes ça me fait respirer.

Là j’y découvre des brésiliens un peu plus durs, que le coach brésilien essaye de garder dans le « droit chemin ». Les entrainements sont rigoureux. Je fais mes gammes et mes footings à coté, et j’essaye quand je peux de faire les exercices avec eux. Il y aurait tellement à faire ici pour le développement de ce sport…

A Ipanema

(Une semaine plus tard). Ca y est j’ai enfin pu faire mon premier toucher sur la plage. A 2 à l’heure, mais ça ressemblait à quelque chose. C’est vrai que sur la plage, avec quelques gamins du coin (la favela au dessus d’ipa) qui ont un talent fou, avec ces 28° à 22h, la baignade pour enlever le sel, et la ptite bière au club house (une baraca au bord de la plage), ça a quelque chose de magique.

Mais pas de coach, pas d’ambiance, pas de vraie culture du rugby… Et puis à Ipanema, c’est forcément du beach rugby, le rugby des vacances, forcément (c’est marrant comme tout se recoupe)…

Le rugby, Salvador et autres reflexions...
Les enfants de Salvador

Ces gamins du soutien scolaire à Salvador sont tellement attachants ! Je n’y suis pas rester longtemps, les 2 fois, mais dès le début on se sent capté par leur regard. Ils n’ont rien. Rien, c’est entre autre, à la maison, très rarement le père présent, un peu plus souvent la mère, mais quasiment jamais les deux.

Quand on les prend dans les bras on a peur de les rompre. Heureusement que le soutient scolaire gratuit leur propose 2 repas par jour, peut être leurs seuls repas. Ils ont presque tous une famille complètement explosée, au mieux, disséminé dans la favela d’Uruguai.

Ces quelques jours passés à Salvador, pour la deuxième fois, m’ont beaucoup appris sur 2 points essentiels : L’argent, et le langage.

Même si ma joie était de revoir Seb et Mathilde, avec qui c’est toujours un bonheur d'échanger, le fait de revoir une deuxième fois quelque chose qui m'a marqué, dans des conditions différentes (je parle portugais, j’ai déjà 3 mois de culture brésilienne), était vraiment intéressant. Bien qu’un bon nombre de discussions étaient en français, et même si le temps passé étaient très cours, rien que le fait de parler et comprendre le portugais ont considérablement fait évoluer ma relation avec les enfants et les encadrants de la structure. Je me sentais dans et pas à coté. Et je n’ai pourtant pas beaucoup parlé.

Le pouvoir du langage…

Mais au finale, les impressions sont plus ou moins restées les mêmes. Comme quoi l’attitude, le comportement des gens, le ton et l’intensité de la voix, seuls, nous donne déjà tellement d’infos… Je ne m’en rends compte que maintenant, quand on a été privé de la compréhension du langage pendant quelques temps. Enfin un coté positif à ce flou artistique qui m’a entouré pendant un bon moment et qui continu d’ailleurs au cours de certaines conversations : je m’attache à autre chose qu’aux mots… !

Le rugby, Salvador et autres reflexions...
Petite leçon d’entrainement

Comment apprendre beaucoup en 30 minutes ? Il suffit de prendre un groupe de 8 gamins d’une favela, seul, et de les emmener faire du sport.

Lieu : la cours de l’église des alagados, le point culminant de la favela (assez impressionnant). C’était précédemment le lieu des exécutions, avant que la place soit conquise par les enfants du soutient scolaire, il y a quelques années.

Matériel : un ballon rond et des chasubles.

Temps : approximativement 1h, le temps que les filles prennent le « banho da mangueira » (une douche au tuyau d’arrosage !)

Mes compétences : 3 mots de portugais, des petits frères au moins aussi « garnement », quelques années d’entrainements de rugbyman futurs ingénieurs.

Résultat : Ridicule, j’ai été ridicule !!!

Les gamins montent avec moi, veulent prendre au passage les petits but de foot en bois qu’ils se sont confectionnés. Je refuse, sans savoir trop quoi faire, mais me dit que c’est l’occasion pour eux de faire autre chose que pousser le ballon rond.

Arrivée en haut, je fais 2 équipes et dessine un carré avec 4 chasubles. On commence à jouer à la passe à 10. Impossible de les faire rester dans le carré ! Je simplifie l’histoire, leur dis que le ballon peut tomber par terre, élargis le carré… Quoique je fasse, cela ne marchait pas. Les gamins s’énervaient, ils n’y arrivaient pas, je voyais que ça ne leur faisait pas plaisir.

Sur ce débarque un jeune volontaire qui les encadre au soutient, armé des 2 fameux buts de foot, trace la ligne de touche à la craie, et les gamins de nouveaux se régalent à jouer les Romario…

Quelque chose qui me paraissait tous simple était déjà trop dur pour eux. « Délimiter » un terrain : pour quoi faire, on a tout le parvis ? Pourquoi poser des règles ? « Imaginer » la ligne de touche délimité par les chasubles : trop dur, il fallait la tracer... Moi et ma passe à 10, avec toutes mes évolutions que je m’étais mises dans la tête, dans le souci de les faire « progresser » par le biais du sport, de leur « ouvrir » l’esprit avec des règles différentes, et ben ça n’a pas marché…

La cause : le coach ne s’est pas mis au niveau de ses ouailles, il a pris les choses dans le mauvais sens. Il a voulu imposer ses compétences au lieu d’aider au développement de ses joueurs, à partir de leurs compétences… Il a également manqué de patience…

C’est bête mais ca résume beaucoup de choses, et cette petite expérience m’aidera pour plus tard, dans plein de domaines.

Le rugby, Salvador et autres reflexions...
L’argent et l’humanitaire

Le rôle de l’argent et son utilisation dans l’humanitaire m’est également apparu sous un autre angle. Quand on voit ce que l’on peut faire avec si peu... Je suis arrivé un mercredi à midi, et l’après-midi de cette belle journée était jour de fête. La surprise promise quelques jours auparavant était de taille : un petit train conduit par un clown s’est arrêter devant le soutient scolaire et tout le petit monde a embarqué pour un tour de Bomfin, à proximité. Musique à fond (non stop, tous les enfants connaissaient toutes les musiques par cœur) et c’est parti pour 1h à traverser les favelas, à longer le port et les belles plages de la péninsule. Un moment de bonheur pour tous ces enfants qui ne sortent jamais de leur quartier.

100 euros pour 60 personnes, nous et nos salaires d’européen on se dit qu’on pourrait en offrir de ces instants. Tout comme du matériel scolaire, des vêtements, de quoi améliorer les repas...

Mais en cas de dons massifs, n’y a-t-il pas un moment où l’on ferait du soutien scolaire un endroit trop riche, matériellement parlant, en décalage avec ce que les enfants vivent au quotidien ? Je pense vraiment que l’argent, même s’il est donné dans un but louable, doit être utilisé avec intelligence, et que l’abondance n’est surtout pas la solution. Un gagnant au loto par exemple peut vite «péter le boulon» s’il n’arrive pas à bien gérer son pactole.

Donner de l’argent à des brésiliens qui, dans leur grande majorité, vivent a crédit, ne savent pas épargner, ne savent pas rien que ce qu’ils gagnent et combien ils dépensent, va à contre courant de l’effet rechercher. On favorisera la marchandisation des relations, la superficialité des gens, on créera des besoins inutiles...

Même si la priorité est d’abriter et de donner a manger à ces enfants, une fois que des conditions minimums de salubrité sont atteintes, l’essentiel me parait dans l’éducation et la formation. Et tout ceci nécessite plus de volontariat, de compétences humaines et intellectuelles, que d’espèces.

Vous me direz qu’avec des euros, on peut recruter des professeurs, on peut aller chercher des compétences... A grande échelle, c’est le principe de l’école privée. A moindre échelle, c’est essentiel, on le vois dans l’engagement de mathilde et seb qui est en parti financer par des dons (leur subvention couvre leur vie quotidienne, au standart favela +).

Actuellement le système repose sur l’investissement d’un couple proposant gratuitement ses compétences, mais alimenté et hébergé par des dons de particuliers. Il repose également sur le volontariat des adolescents plus âgés de la favela qui donnent les cours, et le sponsoring de certaines entreprises.

Des professeurs et des administrateurs payés seraient peut être plus compétant, mais le prix de la gratuité du volontariat est énorme en termes d’efficacité. L’impact d’un engagement gratuit sur celui qui en dépend est bien différent d’un engagement contractué. On peut perdre en compétence, mais on gagne en rendement, on gagne en simplicité, la relation est seine, est belle.

C’est sur qu’une relation de travail est plus claire. On a un patron qui possède un moyen de pression essentiel sur ses employés : le contrat. Ce dernier établi clairement qu’à un travail donné, on a un salaire payé. Pas de travail : pas de salaire. La hiérarchie est établie, le pouvoir est clairement définis.

Du coté du volontariat c’est dur de remettre en place une personne qui s’engage gratuitement, dur d’organiser les choses, dur d’etre exigent, dur d’arriver à l’efficacité. En face d’un travail réalisé, on a...rien de matériel.

Certaines actions particulières nécessitent des fonds (financer les études d’un élève brillant, acheter du matériel pour une formation professionalisante...) mais l’investissement doit être durable (= entre autre, assurer sur le long terme). Rien de pire que le manque après l’abondance !

On aimerait faire tellement pour eux, et nous, futur européen, futur plein d’argent, il serait tellement facile de leur envoyer un chèque pour régler l’histoire de ces 50 gamins. Mais ici, on se rend bien compte que l’argent ne fait pas tout, et qu’aux mains de personnes non éduqués, il devient vite source de perversion.

Le statut d’étudiant à l’étranger

J’essaye de vous décrire le Rio que je vie, de comprendre le plus finement possible cette culture carioca et brésilienne. Mais comment ne pas être influencé par, entre autre, mon statut d’étudiant en échange ?

La difficulté de faire confiance aux cariocas vient de leur culture, ou du fait que je sois étranger, que je ne connaisse les gens d’ici que depuis très peu de temps ? Alors qu’on est habitué en France à connaitre les gens depuis longtemps, le changement est radical. En France, cette situation serait-elle identique pour un brésilien qui débarque un semestre ? Les rencontres que l’on fait sont également le fruit du hasard. Je ne pense pas qu’en 6 mois je puisse tomber sur un échantillon représentatifs des cariocas.

Bref, tout ce que je dis est à prendre avec certaines précautions…

Une petite anecdote de plus : je me baladais du coté de Niteroi, entre autre avec un brésilien. Il nous manquait 1 real pour que tout le monde puisse prendre le bus. Ce dernier nous indique qu’il n’y avait que 30 min de marche, on est donc tous parti à pieds (de toute façon l’unique solution). 2 heures et demi plus tard et quelques dizaine de « vous inquiétez pas, on est en train d’arriver », on y arrive enfin. Ca, ça me parait universel à Rio et j’aimerais bien savoir si ça existe ailleurs (peut-être à Marseille) !

Le rugby, Salvador et autres reflexions...
RIO 2016

L’élection de Rio a été un moment fort. Tout le monde attendait l’évènement avec impatience. Ca devait tomber à 13h30. Le matin, j’avais cours à 7h. Après l’histoire très vite expédiée, je commence à suivre sur internet les différentes présentations des villes candidates. Les reportages sur Copacabana commençaient à se diffuser.

En face du mythique Copacabana palace, la mairie avait dressé une scène géante, sur la plage. J’y retrouve Mehdi à 11h. On se retrouve malheureusement « piégé » par ces innombrables vendeurs de bière ambulant, même plus besoin de se déplacer au comptoir. La tentation est grande !

Les concerts avaient déjà commencé, des mecs connus parait-il ! Tout le monde chantait et les éliminations successives de Chicago et Tokyo renforçaient chaque fois un peu plus l’ambiance… Ca ne pouvait pas échapper à Rio.

Apparait à ce moment là le film qui a clôturé la présentation de Rio à Copenhague, celui auquel j’avais participé. Bizarre de voir toutes ces têtes de figurants que je connaissais…

Je ne vous raconte pas le verdict final : explosion de joie. Et comme ça ne suffisait pas, on est allez se baigner quelques mètres plus loin pour revenir assister au show d’une des meilleur batoucada du monde, ceux qu’ont voit au carnaval… 100 percussions et ces danseuses, ca déménage !

Rédigé par Jérémie Loevenbruck le Lundi 19 Avril 2010 à 21:56 | Commentaires (0)