Jeunes diplômés : l'accès au premier emploi varie beaucoup selon la formation

Rédigé par Michèle Longour le Vendredi 2 Octobre 2015 à 08:30
Mots clés : jeunes diplômés



L'Apec publie les résultats de son enquête d'insertion de jeunes diplômés de niveau bac+5 pour la promotion sortie en 2014. De nettes différences apparaissent selon le type de diplôme et la discipline, avec une prime aux formations les plus professionnalisantes.


La reprise balbutiante et la prudence des entreprises ne facilitent pas l'insertion des jeunes qui ont poursuivi des études longues (jusqu'à bac+5 et plus). C'est ce montre l'enquête publiée ce 1er octobre par l'Apec et réalisée au printemps 2015 sur 4750 diplômés en 2014 (à télécharger en bas de l'article).

Un peu moins d'un an après leur sortie d'études, 28% sont en effet encore en recherche de leur premier emploi.

Il faut dire qu'en 2014, les entreprises ont recruté moins de jeunes diplômés : 35 200 contre 37 100 en 2013. "Cette baisse s’explique notamment par la préférence manifestée par les recruteurs pour les profils ayant 1 à 10 ans d'expérience (+9 %) et ceux ayant de 16 à 20 ans d'expérience (+14 %)", indique l'étude de l'Apec.


De forts écarts selon les diplômes et les métiers

L'enquête constate aussi de forts écarts d'insertion selon le type de diplôme, les disciplines de formation et les fonctions visées. C'est ce que j'aimerais souligner sur ce blog consacré aux débouchés professionnels porteurs.

L'Apec confirme en effet nettement que les jeunes issus des formations les plus professionnalisantes trouvent plus vite leur premier emploi et accèdent à un statut plus conforme à leur niveau de formation.

D'autre part, les métiers du commerce-marketing, de l'informatique et de l'ingénierie industrielle offrent de meilleures perspectives d'insertion que ceux des études et recherche, du droit, de l'information-communication.


Deux jeunes sur trois en recherche d'emploi

Au printemps 2015, 28% des jeunes diplômés 2014 n'ont toujours pas accédé à un premier emploi.

Mais ce n'est pas tout : 10% sont en recherche d’un nouvel emploi (soit +3 points par rapport à 2014), car ils ont démarré en CDD (dont la part s'accroît) et se retrouvent donc à nouveau sur le marché de l'emploi. Enfin, 24%, bien qu'ayant un emploi, en recherchent un autre plus conforme à leurs attentes.

Au total, 63% de ces bacs+5 sont en quête d'un autre emploi (contre 58% en 2013). Toute la difficulté de l'insertion des jeunes diplômés tient dans ces chiffres : l'insertion est plus lente et plus progressive. La durée moyenne pour trouver son premier emploi passe à 5,5 mois en 2015 contre 5,3 mois en 2014.
Source : Etude "Les jeunes diplômés de 2014 : situation professionnelle en 2015", APEC.



Les diplômés d'école mieux placés que ceux de l'université

Sur le marché de l'emploi, tous les "bacs+5" ne se valent pas aux yeux des recruteurs : malgré ses efforts, l'université française a encore des progrès à faire car l'étude constate une plus grande difficulté pour les titulaires de master universitaire à s'insérer : près de 7 sur 10 sont en recherche d’emploi, contre la moitié seulement des jeunes ingénieurs et diplômés d’écoles de commerce. Par rapport à la promotion précédente, on note toutefois une amélioration relative pour les titulaires d’un master ou d’un doctorat.

Le diplôme d'ingénieur reste un bon sésame pour accéder à un CDI sur des fonctions de cadres : de ce fait, les ingénieurs sont moins enclins à chercher un autre emploi lorsqu'ils sont en poste.
En revanche, les jeunes docteurs (bac+8 voire plus !) peinent à trouver leur premier emploi, une situation spécifique à la France.
Source : Etude "Les jeunes diplômés de 2014 : situation professionnelle en 2015", APEC.


Les disciplines qui mènent le plus à l'emploi

En ce qui concerne le contenu des formations, les résultats confirment ce qui est connu depuis longtemps. Ce sont les disciplines les plus "pratiques" pour les entreprises qui ont le plus fort taux d'insertion.

Ainsi, dans le tableau ci-dessous où le taux d'insertion moyen est de 62%, les diplômés en ressources humaines ou administration ont un taux d'insertion supérieur à la moyenne (70%), ainsi que ceux en commerce et marketing (67%), ceux de santé-social (69%) et les diplômés de l'informatique (68%). D'autres résultats montrent aussi que l'informatique est un des secteurs où les jeunes diplômés obtiennent le plus de CDI et le statut de cadre.

En revanche, le taux d'insertion est inférieur à la moyenne dans les sciences humaines et sociales (58%) et les disciplines des lettres-langues et arts (56%).

Dans les formations scientifiques, les diplômés de sciences fondamentales (physique, chimie, biologie, géologie) ont aussi d'assez fortes difficultés à s'insérer (51%), conséquence de la crise de l'emploi public dans la recherche. En revanche, les diplômés en sciences de l'ingénieur, les informaticiens et les pharmaciens s'insèrent bien.
Source : Etude "Les jeunes diplômés de 2014 : situation professionnelle en 2015", APEC.


Ajuster son projet à la réalité du marché de l'emploi

L'étude recèle encore bien d'autres résultats détaillés (par secteur économique, par type de contrat, etc.) qu'il faut prendre le temps d'analyser.

Un point intéressant à prendre en compte : l'Apec souligne l'importance de l'anticipation dans la recherche du premier emploi et invite les jeunes à mieux prendre en compte la réalité du marché du travail. Un leitmotiv sans cesse repris sur ce blog dédié aux débouchés.

Le tableau ci-dessous illustre en particulier le décalage entre les métiers visés par les jeunes diplômés et ceux qui sont recherchés par les recruteurs : les postes liés aux études et à la recherche-développement ne sont pas assez nombreux pour satisfaire la demande, ni ceux de la communication-création.
En revanche, il y a des débouchés que les jeunes diplômés devraient davantage cibler dans les postes commerciaux, l'enseignement, les postes techniques, l'industrie et les métiers des travaux et chantier.
Source : Etude "Les jeunes diplômés de 2014 : situation professionnelle en 2015", APEC.

Téléchargez l'ensemble de l'étude de l'Apec :

Les jeunes diplômés de 2014 - situation professionnelle en 2015.pdf  (433.05 Ko)

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