Violences sexuelles : comment réagir ?


Les agressions sexuelles sont aujourd'hui un fléau qui touche femmes et hommes de tout âge. Que vous soyez menacé, victime ou proche d’une personne meurtrie, il est important de briser le silence. Les conseils du Dr Violaine Guérin, présidente de l'association "Stop aux violences sexuelles".



Insoutenables, injustes, atroces. "On ne peut jamais vraiment connaître tous les traumatismes causés par un acte de violence sexuelle", explique le docteur Violaine Guérin, gynécologue et présidente de l'association "Stop aux violences sexuelles".

Une chose est sûre : ces agressions provoquent des dégâts physique et psychologiques graves. "C'est vraiment un polytraumatisme, cela fait exploser tout l'être", dit Violaine Guérin. Et c'est parce qu'elles marquent une personne à vie que de telles violences sont à dénoncer. Le premier moyen de les combattre et les prévenir : en parler.

La violence sexuelle, c'est quoi ?

L'amalgame est souvent établi entre viol et violences sexuelles. Pourtant, ce terme générique englobe plusieurs types de réalités, considérées comme des délits par la loi française et évidemment sanctionnables :
 
- Le viol est un acte sexuel imposé par la contrainte : il y a viol s'il y a un acte de pénétration sexuelle de quelque nature que ce soit, commis par violence, contrainte, menace ou surprise.

Mais d'autres actes peuvent toucher directement l'intimité de la victime et son intégrité physique."Ce sont aussi des violences sexuelles", insiste Violaine Guérin. Ainsi:
- L'agression sexuelle désigne tout geste sexuel imposé, par exemple des attouchements.
- L'inceste est une relation sexuelle entre membres d'une même famille. Il est puni par la loi s'il implique un mineur et rentre alors dans le cas suivant.
- L'abus sexuel sur mineur désigne une relation sexuelle entre un adulte et un mineur de moins de 15 ans, qu'il soit consentant ou non. En effet la majorité sexuelle est de 15 ans en France.
- Le harcèlement sexuel est le fait de harceler un individu dans le but d'obtenir des faveurs de nature sexuelle. Encore une fois, le harceleur est souvent une personne qui a le dessus psychologique ou physique et qui est placé en position de domination sur sa victime.
- L'exhibition sexuelle est un acte qui consiste à dévoiler en public ses parties intimes ou des actes sexuels.
 
Face à ces agressions, les victimes peuvent avoir des réactions très contrastées suivant leur sensibilité et leur pudeur. Exhibitionnisme, attouchements, menace, un même geste peut être perçu de manière différente selon la personne. "Avoir affaire à un exhibitionniste peut avoir la même violence qu'un viol pour certains", assure Violaine Guérin.

Il faut alors se demander si l'acte en question a touché votre intimité profonde. "Il faut savoir s'écouter, sentir le malaise, la gêne".

Victime, ne minimisez pas l'agression

Le Dr Violaine Guérin.
Gêne, pudeur, culpabilité, "il ne doit pas y avoir de tabou", souligne la gynécologue, "c'est important d'en parler" ! N'ayez pas honte non plus de la situation dans laquelle cette agression est arrivée. "Certains jeunes sont honteux car ils étaient ivres pendant leur agression, ou avaient pris de la drogue", confirme Violaine Guérin. N'oubliez pas que c'est vous qui avez subi des violences et que vous êtes la victime.
Ne pas se dire : ce n'est pas grave, je garde ça pour moi

Ne minimisez jamais l'agression que vous pouvez avoir subie. On peut être tenté de se dire : "il n'y a pas eu viol, ce ne doit pas être grave, je peux garder ça pour moi". Or toute violence qui vous touche doit être sanctionnée. "Un attouchement peut faire plus de dégâts qu'un viol, avec les répercussions sur tout le reste de la vie", rappelle Violaine Guérin.
 
Premier pas de taille, parvenir à se livrer à la bonne personne. Si vous avez peur d’être jugé par un membre de votre famille ou un ami, pensez à une personne neutre, infirmière scolaire, médecin, psychologue ou écoutant d'une ligne téléphonique. "Je pense d'abord au gynécologue, plutôt femme si on est une fille car c'est toujours plus facile de parler de cela avec quelqu'un du même sexe que soi", conseille le Dr Guérin.

Evitez les situations à risques, protégez-vous

S'il est évidemment et malheureusement impossible de prévoir le danger, vous pouvez néanmoins éviter les situations à risques. Etudiants, beaucoup d’agressions sont perpétrées dans le cercle d'amis pendant des soirées. L'important est de rester maître de soi-même. "Ne laissez pas traîner votre verre mais gardez le à la main, ne buvez ou ne mangez rien sans savoir ce que c'est", rappelle Violaine Guérin.

Les autres moyens de prévention rejoignent les conseils de bon sens : se faire raccompagner lorsque l'on rentre chez soi, rester sur ses gardes face à des inconnus, partir au bon moment dune soirée qui pourrait dégénérer.
Toujours se demander : suis-je à l'aise avec ce qui se passe ?

 
Face à une personne qui vous semble menaçante que ce soit un individu de votre cercle d’amis ou un membre de votre famille, l'important est de mettre les choses au clair dès le départ. Avances, gestes déplacés, "il faut dire stop tout de suite", insiste Violaine Guérin. Parlez-en directement à la personne concernée ou à un tiers de confiance qui pourra vous épauler. En cas de doute, de pression, gardez à l'esprit cette question : suis-je à l’aise avec ce qui se passe, ce que je fais et ce qui m'arrive ?

Revenir à une "sexualité saine" et sans pression

Vous pouvez aussi être blessé par des actes ou gestes sexuels pour lesquels vous étiez consentant(e)... en apparence. Vous trouviez cela "cool" sur le moment ou étiez sous l'emprise d’un groupe, mais cela a pu vous heurter au plus profond de vous-même.
 
"Les jeunes d'aujourd’hui oublient parfois que la sexualité peut être quelque chose de beau", remarque Violaine Guérin. En cause, les phénomènes de mode, la pornographie sur Internet mais aussi l'influence de séries nord-américaines. "je l'ai fait, je ne l'ai pas fait, la pression autour de l'acte sexuel est en train de devenir la norme", déplore la gynécologue. Or, la pornographie n'est pas un modèle à suivre, ni un cadre à donner ses expériences sentimentales et sexuelles.
 
Le manque de repères sur la sexualité explique cette dérive."Pourtant, il n'y a pas de questions tabous ou idiotes". Même si vous êtes en couple, il est important de dire vos attentes, de vivre vos relations intimes dans le respect et d'oser dire non aux gestes qui vous ne vous plaisent pas. Céder à la pression ou rechercher la performance sexuelle à tout prix peut en effet vous faire perdre toute estime de vous-même.

"Je reçois beaucoup de confidences de très jeunes filles que leur copain force à des fellations qui les dégoûtent", confie une conseillère conjugale et familiale. Certains étudiants sont si bloqués et désorientés par leurs expériences, que la Smérep, mutuelle étudiante, a dû ouvrir à Paris une consultation de santé sexuelle.
 
Age de la première relation sexuelle, expérience à plusieurs, doute sur certains gestes… sachez poser les questions aux bonnes personnes. Et sentez-vous libre de dire "stop" pour que la sexualité reste pour vous quelque chose de beau, orienté par l'amour.

D’autres sources précieuses d’informations :
- www.stopauxviolencessexuelles.com
- www.sosfemmes.com
- www.jeunesviolencesecoute.fr

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