Vers un service civique européen en 2022


Et si tous les Européens de moins de 25 ans pouvaient vivre une expérience de six mois dans un autre pays de l'UE ? Cette proposition de "service civique européen" pourrait être adoptée dans les six premiers mois de 2022.




L'adoption d'un "service civique européen" pourrait bien être l'un des fruits de la présidence française de l'Union européenne. La France assume en effet cette présidence tournante au premier semestre 2022, et le président français a fait savoir début décembre que ce projet serait une de ses priorités.

Mais concrètement, que serait ce service civique européen ? Dans son discours du 9 décembre, Emmanuel Macron a juste indiqué qu'il permettrait aux moins de 25 ans de faire durant six mois "un échange universitaire ou d’apprentissage, un stage ou une action associative" dans un autre pays de l'Union européenne que le leur.


(Vidéo) Les précisions de Clément Beaune, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes :


D'abord élargir Erasmus+

En réalité la proposition française - soutenue par diverses associations comme les Jeunes Européens ou Unis-Cité - prendrait appui sur des dispositifs ou des expériences qui existent déjà :

- Le programme Erasmus+, financé par l'Union européenne, permet déjà à des étudiants de l'Enseignement supérieur d'effectuer des échanges universitaires. Il profite aussi de plus en plus à des jeunes qui souhaitent faire un stage ou vivre une expérience professionnelle à l'étranger, comme le montrait l'enquête mobilité réalisée en 2019 par l'agence française Erasmus+.

Plusieurs actions tendent aussi à développer Erasmus+ pour les apprentis et les jeunes en alternance, des projets toutefois conditionnés par les enveloppes budgétaires allouées à Erasmus+. 

Or le budget alloué à Erasmus+ sur 2021-2027 par le Conseil européen (21,208 milliards d’euros) est finalement moins ambitieux que ce qu'avait proposé la Commission européenne (24,60 milliards). Tous les jeunes n'obtiennent donc pas la mobilité Erasmus qu'ils demandent.

Simplifier et faire connaitre le Corps européen de solidarité

Un volontariat européen, remplacé en 2018 par le corps européen de solidarité permet aussi aux jeunes Européens de 18 à 30 ans de participer à une action de solidarité pour une durée de 2 à 12 mois, soit dans un projet local, soit dans un autre pays.

Mais cette option est d'une part peu connue, et d'autre part le nombre de demandes est largement supérieur aux offres de mission, ce que dénonce sur son site l'association Les jeunes Européens : "Beaucoup de jeunes ne prévoient pas d’effectuer de mobilité en l’absence d’information sur ces programmes et les aides financières mobilisables". 

Partir de l'expérience du service civique français

Plusieurs pays européens dont la France, l'Allemagne, l'Italie et le Luxembourg ont aussi mis en place un dispositif national efficace de "service civique" qui permet de vivre une expérience de citoyenneté et d'acquérir des compétences tout en recevant une indemnité mensuelle.

Une des associations pionnières du service civique en France, Unis-Cité, a donc salué le projet d'un "service civique européen" en proposant de s'appuyer sur les expériences nationales :

"Le Service Civique européen pourrait être conçu comme une année de césure citoyenne de 12 mois menée en deux temps : six mois de missions d’intérêt général sur le territoire national du jeune et six mois dans un autre pays européen", indique Unis-Cité dans son communiqué du 14 décembre 2021.

Une expérience déjà menée à Metz et Strasbourg

Cette proposition de deux fois six mois s'appuie sur une expérience mise en place depuis deux ans par Unis-Cité en partenariat avec le Collectif pour un service civique européen (CES) à Metz et à Strasbourg.

Unis-Cité accueille d'abord à Metz et à Strasbourg pour 6 mois une cinquantaine de jeunes organisés en promotions de 12 jeunes français et 12 jeunes européens – français, allemands, italiens, belges. 
Ils interviennent d'abord en France en équipe franco-européennes en EHPAD et à domicile auprès de personnes âgées pour rompre leur isolement et aussi dans des établissements scolaires pour sensibiliser les enfants aux discriminations. 
Puis ils prolongent leur service civique six mois dans un autre pays européen.
 
Développer la rencontre et le dialogue

"Ce qui m’a plu, raconte Axel, volontaire français de 21 ans, c’est le contact social avec les Européens, les personnes âgées et les enfants. On a affaire à des publics différents, c'est très intéressant, et cela permet de développer la confiance en soi  et la capacité à avoir  un  dialogue".

Médéric, volontaire belge de 22 ans, a apprécié le travail d’équipe, et le fait d’être en groupe de jeunes de toute l’Europe (…) : "ça permet de voir plusieurs façons de travailler (…)", dit-il.

Ce programme intitulé "Européen.ne.s et Solidaires" a été lancé en 2020-2021 avec le soutien de Malakoff Humanis à Metz avec 24 volontaires français, allemands, un Italien et un Belge. Malgré la crise sanitaire, ils sont intervenus 290 fois auprès de 2962 bénéficiaires !

Le "service civique européen" pourrait donc prendre des formes variées, dans la durée et le contenu : il faudra sans doute attendre plusieurs semaines pour que ses contours se concrétisent et surtout que les financements nécessaires soient débloqués.




Rédigé par le Vendredi 31 Décembre 2021
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