Etudiants tristes ou déprimés, prenez soin de vous !


Sept étudiants sur 10 ressentent un "mal-être" selon la LMDE : stress, tristesse, découragement, apathie... Et 36% ont des idées suicidaires ! Il ne faut donc pas avoir peur d'en parler, de prendre soin de sa santé mentale et de se faire aider.



L'enquête réalisée au printemps 2022 par la LMDE sur 3255 étudiants français fait un peu froid dans le dos :

Certes, 91% des étudiants se déclarent en bonne santé physique. Mais 70% se disent en situation de "mal-être" avec au moins deux symptômes dépressifs sur trois, 34% sont stressés en permanence et 44% ont des problèmes de sommeil !

"On observait déjà une dégradation de la santé mentale des étudiants avant 2020, commente Erkan Narmanli, président de l'association Nightline qui propose une écoute téléphonique. Mais la crise sanitaire a sans doute fragilisé encore leur tissu social et affectif".

Résultat : les services d'écoute de cette association créée en 2016 reçoivent plus de 13 000 appels par an. Le stress dû aux études, les problèmes familiaux, la solitude et l'anxiété sont les principaux motifs d'appels. Et près de 20% des appelants évoquent le suicide !
 

Ni déni, ni dramatisation

Alors, faut-il s'inquiéter docteur ? Oui et non.
Il faut prendre au sérieux ce malaise et ne pas être dans le déni. On dit trop souvent "qu'un coup de blues" est vite passé, et qu'il n'y a qu'à se divertir pour aller mieux (au fait, tu vas à la soirée samedi ?)

En réalité, si vous ressentez ce mal-être à des degrés divers, mieux vaut ne pas faire l'autruche. D'abord parce que ce blues peut cacher une dépression plus profonde. Certes, cela ne concerne qu'un petit nombre de jeunes. Mais mieux vaut se faire aider à temps plutôt que de s'enfoncer ou de compenser par des comportements à risque (addictions, gestes suicidaires, alcoolisation)...

Parlez-en tout simplement à votre médecin traitant, il saura vous rassurer ou vous aider de façon adaptée.

 

Mieux comprendre ses émotions négatives, un premier pas pour aller mieux

Ensuite, cela vaut le coup de mieux comprendre ces "coups de blues", tout simplement pour mieux se connaître. Il ne s'agit pas de dramatiser (et d'augmenter votre anxiété !) mais de repérer ce qui vous stresse, vous attriste ou vous fait peur.

La vie étudiante débute à la fin de l'adolescence, un temps de mue qui peut se faire de façon plus ou moins facile. Mieux comprendre, les émotions et les sentiments qui vous traversent, c'est déjà trouver les chemins qui permettent d'en sortir.

Pour y aider, l'association Nightline a mis en ligne un "kit de (sur)vie" qui permet d'auto-évaluer rapidement l'état de sa santé mentale. Avec des quiz, des mini-jeux et quelques explications, on peut ainsi repérer ses émotions, chasser les pensées négatives, et améliorer son climat intérieur grâce à des outils simples inspirés des thérapies comportementales et cognitives (TTC).
 

Pouvoir vider son sac et même... aller voir un psy !

Mais il est souvent très recommandé de s'ouvrir à quelqu'un de ses problèmes : rien de tel que de mettre des mots sur ses angoisses pour vider son sac et commencer à aller mieux...

Dans un premier temps, on peut appeler un service d'écoute téléphonique gratuit comme par exemple :
- une antenne Nightline dont les écoutants sont eux-mêmes étudiants (sur Paris, Lille, Lyon, Saclay, Toulouse, Pays-de-la-Loire).
- Le numéro d'appel 3114 pour la prévention du suicide
- Les lignes de SOS Amitié (09 72 39 40 50 ) ou France Dépression (07 84 96 88 28) ou SOS Crise (0800 19 00 00)

Il existe aussi des lignes pour les violences sexuelles, le harcèlement, les addictions (Drogue info Service, Tabac info Service, Joueurs Info Service, Ecoute cannabis, etc.)
"Il faut à tout prix déstigmatiser le fait d'aller consulter un psy"

Mais il ne faut pas hésiter à aller carrément voir un.e psychologue. Aller chez un psy, moi ?!! Et pourquoi pas ? "Il faut à tout prix déstigmatiser le fait d'aller consulter un psy", dit Erkan Narmanli, d'autant qu'il y a davantage de consultations psychologiques gratuites (voir sur www.soutien-etudiant.info  toutes les adresses !)
 

Les causes principales du mal-être étudiant

Une précédente enquête de l'Union nationale des sociétés étudiantes mutualistes régionales (USEM) réalisée sur 14000 étudiants de 22 ans détectait plusieurs causes :

- 35,2% des étudiants interrogés s'étaient sentis "seul ou trop isolé" pendant une période de plus de 2 semaines au cours des 12 derniers mois.
- 36,2% géraient mal leur stress.
- 8,4% n'étaient pas satisfaits de leur choix d'études.
- 19,9% déclaraient que leur formation ne répondait pas à leurs attentes.
- 29,2% se considéraient en difficultés financières.

A noter que les difficultés financières suscitent un fond d'inquiétude qui attise la peur de l'échec et fragilisent. D'autre part le fait de se sentir isolé, loin de sa famille ou de ses amis, accentue le sentiment d'être seul dans un monde hostile.
 
Illustration de l'enquête LMDE-CSA 2022 "Santé des étudiants".

Créez des liens qui vous font du bien

Quand ils choisissent leurs futures études, beaucoup de bacheliers ne réalisent pas en effet ce que représente l'arrivée dans une nouvelle ville, ou un nouveau cadre d'études... Beaucoup perdent d'un coup le soutien familial mais aussi tous leurs amis d'enfance et d'adolescence, un vrai choc !

Il y a donc tout un travail d'ouverture à faire pour tisser autour de soi de nouveaux liens relationnels et amicaux dont nous avons tant besoin. Cherchez des amis oui, mais pas n'importe quels amis. De quoi avez-vous besoin ? D'échanger, de vous livrer en profondeur, d'être en confiance, de ne pas jugé et jaugé, d'être apprécié et respecté...

Privilégiez la qualité à la quantité : mieux vaut avoir deux-trois amis avec qui vous pouvez travailler et parler en profondeur que des dizaines de relations sur les réseaux sociaux. Si vous êtes réservé(e), engagez-vous dans un projet étudiant ou une activité qui rejoint un de vos centres d'intérêt :  vous y rencontrerez des étudiants qui ont les mêmes passions ou les mêmes valeurs.

Surtout, fuyez les groupes ou les personnes qui vous mettent mal à l'aise et entretenez les liens qui vous font du bien ! Qui peut me témoigner de l'affection ? Pensez par exemple à revoir régulièrement vos grands amis d'enfance, et programmez des temps de qualité pour retrouver votre famille, vous en avez toujours besoin.
 


Apprenez à vous connaître, répondez à LA question : "Qui suis-je ?"

La période de la vie étudiante n'est pas seulement le moment où vous vous formez pour exercer un métier. C'est aussi la fin de l'adolescence, et le passage vers la vie adulte... L'homme ou la femme qui est en vous pointe son nez, votre personnalité doit commencer à se déployer, voilà le véritable enjeu.

Or souvent, jusqu'au bac, nous suivons les "rails" tracés par notre famille, nos profs, notre entourage. Quand ils deviennent étudiants, certains ont alors du mal à se prendre en main, à faire leurs choix. Ils sont stressés et paniqués, car incapables de répondre à LA question : Au fait, qui suis-je ?!
 
Plus vous avancerez dans la connaissance de vous-même, et plus vous serez confiant et heureux de vivre malgré les embûches

C'est la questions essentielle qu'il faut se poser et se reposer... C'est en apprenant à vous connaître que vous allez repérer ce qui vous convient, découvrir vos talents, (re)prendre confiance en vous, vous dégager de l'influence des autres, etc.

Plus vous avancerez dans la connaissance de vous-même, et plus vous serez confiant et heureux de vivre malgré les embûches du chemin.

Connaissance de soi mode d'emploi

Pour apprendre à vous connaître, vous pouvez faire des tests ou demander à vos proches quelles sont les qualités qu'ils apprécient chez vous. Mais vous pouvez aussi analyser vous-même vos traits de caractères, vos centres d'intérêt, votre forme d'intelligence. Dans toutes vos activités (loisirs, vie relationnelle, éudes, projets) soyez attentif à ce qui vous permet de vous révéler. Les activités de groupe sont aussi très précieuses pour se découvrir soi-même, notamment dans notre relation aux autres.

Le site reussirmavie consacre de nombreux articles à la connaissance de soi :
- L'article Découvrir ma personnalité en 4 questions sur le test MBTI
- La rubrique Projet professionnel / Cerner son profil
- Des tests de connaissance de soi à faire en ligne en partenariat avec Central Test

Donnez du sens à votre vie

Vous commencez à mieux vous connaître, il faut en tenir compte en formant des projets qui vous correspondent et qui vous motivent. Nous avons tous besoin de trouver du sens à ce que nous faisons, notamment de donner du sens à notre travail, surtout les étudiants qui s'engagent dans des années de formation parfois difficile. Et tout ça pour quoi ?

Sans remettre en question vos choix d'orientation tous les matins, creusez vos motivations, revenez à la source, cherchez ce qui vous fait vivre !

On vous dit souvent comment réussir, mais demandez-vous "pour quoi", dans quel but ! Pour apporter votre pierre à un secteur qui vous passionne, rendre service à des personnes en difficulté, éduquer, créer, être médiateur, fabriquer de beaux objets, transmettre ? Plus vos finalités sont précises et profondes, plus vous aurez de goût à vivre, à bâtir des projets et à avancer dans la vie.

 

Prenez soin de vous, respectez-vous

Vous n'êtes pas non plus un pur esprit ! La vie étudiante vous offre beaucoup de liberté mais comporte aussi beaucoup d'exigences à concilier : travail personnel, études, loisirs, courses à faire, jobs, sollicitations des amis...

Il faut apprendre à gérer son temps en redonnant à chaque chose sa vraie place, celle qui est nécessaire à votre équilibre. Et pour commencer, le sommeil ! De plus en plus d'étudiants souffrent ainsi de désordres du sommeil (difficultés d'endormissement, sommeil fractionné, fatigue intense) parce qu'il ne dorment pas assez chaque jour. Tout ceci alimente le stress et vous enferme dans un cercle vicieux.

Pour retrouver la forme, adoptez une meilleure hygiène de vie : sommeil, repas équilibrés, exercices physiques... et vous vous sentirez déjà moins stressés, plus confiant et plus efficace pour aborder vos études.

Enfin, le sujet qui fâche :  54% des étudiants déclarent une "alcoolisation ponctuelle importante" (6 verres ou plus en une même occasion) au cours de l'année écoulée, dont 33% au cours du dernier mois. Or l'ivresse ou la sensation de planer pourront vous faire oublier votre tristesse un soir, mais ne vous aideront pas à mieux vivre le réel de votre vie, au contraire cela risque de vous entraîner dans une véritable addiction.

Là encore, il faut entrer dans une gestion responsable de votre vie : devenir vraiment adulte, vous aimer, vous respecter, et vous donner les moyens d'avancer vite vers les grands horizons qui vous attendent.


Vendredi 16 Décembre 2022
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