Ecoles d'ingénieurs : le réseau Polytech et le Groupe INP poursuivent l'ouverture sociale


Le réseau Polytech va continuer à diversifier le profil de ses étudiants, notamment par l'accompagnement de bacheliers STI2D en IUT. Quant au Groupe INP, il étend son projet IngéPLUS qui consiste à aider des étudiants en BTS à intégrer une école d'ingénieurs.




Des étudiants de l'Esisar © Groupe INP
Lentement mais sûrement, certaines écoles d'ingénieurs diversifient l'origine sociale et le profil de leurs étudiants. 

Les 20 et 21 octobre, les écoles d'ingénieurs universitaires du réseau Polytech ont ainsi dressé le bilan d'un projet lancé en 2012 pour "l'Accompagnement des Vocations Scientifiques et Techniques vers le Titre d'Ingénieur" ou "AVOSTTI".

Financé par l'Etat à hauteur de 9 millions d'euros au titre des "initiatives d'excellence " (IDEDI), ce projet AVOSTTI a permis en 9 ans d'accueillir en écoles d'ingénieurs 2760 étudiants grâce à des actions d'accompagnement ciblées qui ont donc fait leurs preuves.

Et maintenant ? La plupart de ces actions vont se poursuivre, en s'adaptant toutefois aux réformes de l'enseignement supérieur, comme celle des IUT ou des études de santé.

Un partenariat avec 17 IUT pour les bacheliers STI2D

Les bacheliers technologiques, notamment STI2D, vont ainsi continuer à bénéficier du partenariat qui lie le réseau Polytech à 17 IUT proposant des spécialités scientifiques ou industrielles.

Jusqu'à 2021, ces étudiants pouvaient effectuer simultanément leur cursus à l’IUT et les deux premières années de prépa intégrée du réseau Polytech appelé Parcours des écoles d'ingénieurs Polytech (PeiP). Un enseignement renforcé leur permet de préparer un cursus ingénieur en parallèle de leur DUT.

Ils peuvent ensuite continuer (sans passer le concours) en cursus ingénieur dans une Polytech correspondant à leur spécialité, ou bien faire d'autres choix d'orientation (vie professionnelle, licence pro, bachelor, etc.)

Depuis 2012, 1032 bacheliers STI2D ont bénéficié du dispositif ; et en 2020-2021, 51% des étudiants engagés ont réussi à valider leur DUT et leur PeiP, donc à obtenir un ticket d'entrée vers une formation d'ingénieur.

Un accès au cycle ingénieur à bac+2 ou bac+3 ?

La réforme des IUT, qui ont allongé leur cursus à trois ans jusqu'à un "bachelor universitaire de technologie" ou BUT, va sans doute faire évoluer le dispositif.

Les étudiants pourront-ils toujours obtenir leur PeiP en deux ans, ou la préparation sera-t-elle étalée sur les trois années du BUT ? "Une réflexion est en cours entre le réseau Polytech et l’Assemblée des directeurs d'IUT", indique le réseau.

L'obtention du PeiP en trois ans porterait au final l'ensemble du cursus (PeiP + cycle d'ingéneur) à six ans.

Mais cela pourrait aider davantage d'étudiants issus d'un bac techno à franchir la marche jusqu'à l'école d'ingénieur, d'autant que les IUT sont désormais tenus d'accueillir 50% de bacheliers technologiques.

Etudiants en santé : une mineure PASS Ingénieur Polytech envisagée

Le réseau Polytech va aussi poursuivre l'accueil spécifique des étudiants "reçus-collés" en première année d'études de santé (licence PASS, ex-PACES). 

Ce dispositif, appelé "PeiP Accès Santé" permet aux étudiants de PASS qui ont plus de 10 de moyenne mais ne sont pas admis au concours de médecine de rejoindre le PeiP en deuxième année du cursus, donc sans perdre un an. 

A la rentrée de septembre 2022, les étudiants pourraient même choisir sur Parcoursup une  licence PASS comportant une mineure "Ingénieur Polytech" : ils suivraient certains cours liés au PeiP dès leur L1 en PASS afin de préparer une réorientation éventuelle, comme cela se fait déjà avec d'autres mineures (droit, sciences, économie) qui permettent de basculer sur une autre L2, mais aussi de repasser une deuxième fois les concours de santé.

Ce PeiP Accès Santé permet d'accueillir notamment davantage de filles en cursus d'ingénieur.

De nouvelles pédagogies et des outils de e-learning pour la mise à niveau

Le réseau Polytech va aussi poursuivre des actions afin d'accueillir des sportifs ou artistes de haut niveau, des étudiants en situation de handicap, et également des étudiants internationaux, via des partenariats avec des universités étrangères, notamment en Afrique. 

Pour accueillir tous ces étudiants plus ou moins atypiques (par rapport à l'étudiant français doté d'un bac général à dominante scientifique) le réseau Polytech a dû développer de nouvelles pratiques pédagogiques pour les aider à se mettre à niveau en sciences

La crise sanitaire a aussi permis de développer des outils de e-learning aujourd'hui très précieux comme e.planet, une plateforme web collaborative qui met à la disposition des étudiants des ressources partagées par toutes les écoles du réseau.

Et en 2021-2022, les écoles Polytech ont créé des Espaces de Travail Collaboratif Distribués (ETCD) pour faciliter le travail collaboratif en mode projet entre étudiants des différentes écoles.

Le projet IngéPLUS pour les étudiants en BTS

Autre action visant l'ouverture sociale des écoles d'ingénieurs, le projet IngéPLUS lancé en 2019 par le groupe INP qui compte 30 écoles d'ingénieurs publiques (réparties entre Bordeaux INP, Grenoble INP, Lorraine INP et Toulouse INP).

IngéPLUS vise à intégrer deux fois plus d'étudiants issus de BTS (et donc de bacs tecnno et de bacs pro) dans ses écoles.

Pour cela, il noue un partenariat avec des lycées dispensant des BTS pouvant mener aux études d'ingénieurs (Assistance technique d’ingénieur, Conception de produits industriels, Conception des processus de réalisation de produits, Conception et réalisation de systèmes automatiques, Électrotechnique, Fluide-énergie-domotique, Maintenance des systèmes, Systèmes Numériques.

Un accompagnement personnalisé tout au long du parcours

Les étudiants de ces BTS bénéficient alors d'un parcours renforcé durant leur deux années de BTS : méthodologie, suivi personnalisé, sciences, projet professionnel, etc.

Puis ils suivent une année de "licencePLUS" durant laquelle ils bénéficient encore d'un accompagnement, et peuvent alors intégrer une école d'ingénieur du groupe INP en alternance, tout en bénéficiant encore d'un suivi spécifique à l'école et en entreprise (EcolePLUS).

Lancé en septembre 2019 sur Grenoble avec 8 lycées, le projet a été étendu en 2020 sur Toulouse avec 16 lycées.

Une première enquête confirme l'ouverture sociale

Les premiers étudiants concernés abordent cette année leur "licencePLUS" et il est encore trop tôt pour savoir combien vont intégrer une école d'ingénieurs.

Mais une première enquête réalisée par un laboratoire de l'université de Strasbourg montre que le public de ces BTS est bien celui que vise le projet IngéPLUS : 

- la majorité des élèves sont les premiers de leur fratrie à suivre des études dans l’enseignement supérieur
-  la moitié sont boursiers.
- Le niveau d’études des parents va essentiellement du secondaire au bac+2 
- Plus de la moitié des étudiants sont issus de catégories socio-professionnelles défavorisées ou assez défavorisées. 
- 2/3 des étudiants ont obtenu un bac professionnel ou technologique.

Les entretiens montrent aussi que les étudiants semblent confortés dans leur projet de faire une école d'ingénieurs.

Et aussi des prépas intégrées renforcées

Certaines écoles d'ingénieurs nouent aussi un partenariat spécifique avec un lycée (pour intégrer des BTS) ou un IUT (pour avoir des bacheliers technologiques).

Quelques écoles d'ingénieurs postbac comme EFREI Paris ou l'ECE proposent une classe préparatoire renforcée pour les bacheliers STI2D.

Enfin le lancement par les écoles d'ingénieurs de bachelors, nouveaux cursus en trois ans, pourrait aussi permettre à d'autres profils de rallier les écoles d'ingénieurs.

Mais c'est surtout la réforme des IUT (avec l'augmentation du nombre de bacheliers technologiques) et le développement des cursus d'ingénieurs en apprentissage qui devraient à l'avenir porter la démocratisation des écoles d'ingénieurs.




Rédigé par le Mercredi 27 Octobre 2021
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