Subir ou choisir ma vie ?


Inspectrice Jeunesse et Sports de formation et ancienne directrice du CIDJ, Brigitte Cahen a longtemps aidé les étudiants d'Ile-de-France à cerner leur projet professionnel dans les sessions "Subir ou choisir ma vie". Une expérience qui lui permet de prodiguer ses conseils à tous ceux qui cherchent encore leur voie.



Qu’est-ce qui vous frappait chez les étudiants qui participaient à vos sessions ?

Beaucoup s'engageaient dans des études sans véritable projet, surtout les étudiants littéraires ou de sciences humaines. Ils étaient arrivés là un peu au fil de l’eau, sans avoir fait de choix réel.

Souvent, ils ne s'étaient même pas interrogés sur ce qu’ils avaient envie de faire de leurs années d’études.  C’est peut-être un peu moins vrai dans les disciplines scientifiques, encore qu’il ne faut pas généraliser.


C'est pour cela que vos sessions s'appellaient Subir ou choisir ma vie ?

Oui. C’est très important d’apprendre à choisir lorsqu’on est jeune. Cette éducation au choix doit irriguer toute la vie. Sur le plan professionnel, cela veut dire apprendre  à découvrir ce dont on a envie, quelles sont ses forces, ses faiblesses, de façon à pouvoir analyser les voies qui se présentent et à en choisir une en connaissance de cause.

Lors de nos sessions, 80% des étudiants confirmaient finalement leur premier choix d’orientation. Mais ils le re-choisissaient de façon personnelle après avoir compris pourquoi il leur convient. Cette fois, ils posaient des choix adultes.

A la rencontre qui avait lieu trois mois après la session d’ailleurs, c’était étonnant de voir toutes les décisions qu’ils avaient pu prendre : partir à l’étranger, postuler pour un stage, arrêter une thèse… Une fois que l'on a une perspective en vue, on devient acteur de son cursus.

Et ceux qui changaient d’orientation ?

 Ils se rendaient comptent que le chemin qu’ils avaient pris ne leur convenait pas, qu’ils s'étaient laissés porter par le courant. La session leur permettait d’exercer leur liberté, de pouvoir « dire non ».

Je me souviens d’une fille très brillante qui préparait une thèse de doctorat en biologie. Six mois après la session, elle nous a annoncé qu’elle avait décidé d’arrêter sa thèse et d’aider son frère  à monter son entreprise. Elle était rayonnante.
C’était une personne concrète qui avait besoin d’action, elle n’avait pas le profil d’un chercheur.

Quels conseils donneriez-vous pour trouver sa voie ?

D’abord, il faut avoir confiance en soi et pour cela, repérer tous les talents et les capacités que l’on a. Il n’est pas possible de ne pas avoir acquis des compétences en vingt ans de vie !

Pour les trouver, il faut penser à tous les domaines et pas seulement aux études : si vous faites du baby-sitting depuis dix ans, cela prouve des capacités ; un voyage humanitaire, un engagement dans une association, mais cela intéresse les employeurs ! C’est tout cela qui fait la différence entre vous et le voisin.

Lors de nos sessions, chaque participant présentaient trois réalisations aux autres. Cela leur permettait de repérer leurs atouts en termes de savoir, de savoir-être et de savoir-faire.

Pour mieux se connaître, faut-il aller voir un "orientateur" ou un spécialiste ?

Toutes les adresses ne sont pas bonnes hélas, mais sans recourir forcément à un professionnel, c’est toujours utile de présenter son projet à quelqu’un : d’être interrogé par celui-ci, cela permet de préciser ses objectifs et ainsi d’avancer.

Pour apprendre à mieux se connaître, il est possible tout simplement d’interroger des personnes de son entourage. Durant nos sessions, nous invitions les participants à s’adresser  à des gens d’âge différent avec des questionnaires précis que nous leur proposions.

Il faut être concret : repérer des qualités précises (une bonne capacité à organiser par exemple), et ses faiblesses aussi. Connaître ses faiblesses est très important, soit pour les travailler (si c’est possible !), soit pour ne pas faire de mauvais choix.

En fonction de son tempérament, le choix d’une ambiance de travail, par exemple est important : si vous n’arrivez pas à rester en place à un bureau, certains postes ne vous conviendront pas.

Ne faut-il pas aussi tenir compte du marché de l’emploi pour bâtir son projet ?

Bien sûr, et d’ailleurs, dans notre proposition, les jeunes devaient aller enquêter sur le secteur professionnel qui les intéresse, notamment en visitant des entreprises et en rencontrant des professionnels.

Il faut également insister sur la multiplication des stages pour valoriser son CV : il n’est pas souhaitable lorsqu’on est étudiant de s’accorder plus de 4 ou 5 semaines de vacances !  Une fois que l’on a repéré ses envies et ses talents, il faut croire en soi, essayer de ne pas rester dans l’à peu près : multiplier les expériences, aller vers les entreprises pour se proposer, compléter sa formation pour éventuellement acquérir une « double compétence » qui sera un plus sur un secteur bouché...

Il est vrai que le marché du travail est dur, mais cela ne sert à rien de le fuir en prolongeant inutilement ses études. Un chef d’entreprise que je connais conseille de toujours se demander : « Pourquoi pas moi ? »…  et aussi « pourquoi ne pourrais-je pas créer mon entreprise ? »

Des adresses pour apprendre à se connaitre

Les sessions "Choisir ou subir sa vie" n'existent plus, mais on peut faire le même genre de démarche auprès de l'association Action Jeunes www.actionjeunes.com

Si vous ne voulez pas vous déplacer, mais que vous avez besoin d'être aidé, vous pouvez aussi faire les excellents programmes en ligne de découverte de soi proposé par Bloom'r, une startup de l'orientation partenaire du site reussirmavie. Bloom'r vous propose chaque jour des tests, des questionnaires, des forums.


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