Les carrières d'ingénieur



Tout en s'orientant vers les écoles d'ingénieurs, beaucoup de jeunes s'interrogent. Sur quels métiers débouchent ces écoles ? Que fait un ingénieur au quotidien ? Des questions d'autant plus importantes que le titre d'ingénieur, très apprécié en France, ne débouche pas sur un métier mais un panel très large de carrières.



Diplômé de l'ESITC (Ecole supérieure d'ingénieurs des travaux de la construction) de Cachan, Hassan est conducteur de travaux dans une grosse entreprise du bâtiment. Pauline, elle, a fait l'Université de technologie de Compiègne (UTC) et s'est orientée à la sortie vers le biomédical : elle est ingénieur de production dans un groupe fabriquant du matériel médical. Quant à Hugo, après Centrale Paris, il a rejoint un poste de chef de projet dans un groupe bancaire.

Trois écoles, trois secteurs d'activité et trois métiers bien différents pour trois amis dotés d'un diplôme leur conférant le "titre d'ingénieur". C'est dire l'incroyable diversité des carrières offertes à ceux qui sortent d'une des 200 écoles d'ingénieurs françaises. 
 
Pas de problème de débouchés pour les ingénieurs français

Un point commun tout de même : pour les ingénieurs, pas de souci pour les débouchés. Environ 100 000 ingénieurs sont recrutés chaque année, et l'on parle même d'une pénurie d'ingénieurs en France. Certes, certains secteurs (l'informatique, l'aéronautique, la mécanique) recrutent plus que d'autres. Mais la pression de l'innovation et des enjeux technologiques font la part de plus en plus belle à ceux qui ont reçu cette solide formation scientifique de base.

Ingénieur(e) : un profil professionnel très apprécié

Si ce n'est pas un métier, un ingénieur formé dans une école française correspond tout de même à un profil professionnel : au-delà des compétences liées à sa spécialité, il a des aptitudes transversales qui seront recherchées par toutes les entreprises, quel que soit leur secteur.

On considère que l'ingénieur est celui qui sait résoudre des problèmes techniques de haut niveau grâce à une formation à la fois scientifique, managériale et humaine. Il doit savoir :
- poser un problème, identifier les difficultés, trouver des solutions ;
- maîtriser des outils technologiques complexes (informatiques ou autres) mais surtout être capable d'intégrer rapidement les nouveautés, et savoir se remettre en question pour suivre les évolutions ;
- innover, être créatif face à un nouveau challenge ;
travailler en équipe pour pouvoir mener à bien des projets avec des interlocuteurs variés ; voire savoir manager et entraîner une équipe.
- maîtriser l'anglais souvent indispensable pour les relations et le travail scientifique, et si possible d'autres langues. De plus en plus il faut surtout savoir travailler dans des équipes multi-culturelles.

Les qualités à avoir

Il faut bien sûr être rigoureux, précis, persévérant, aimer la technologie, les sciences, être curieux des innovations... Mais face à la diversité des postes à pourvoir, les talents peuvent être divers :

- certains peuvent avoir un profil plus cérébral : aimer les abstractions, les maths, les raisonnements théoriques.

- D'autres être plus pragmatiques, aimer la manipulation, avoir le goût de la technologie : aimer bricoler, manipuler, trouver des astuces concrètes, savoir fabriquer et imaginer des procédés, des outils, aimer comprendre "comment ça marche".

- D'autres peuvent avoir un profil de gestionnaire : aimer prévoir, organiser, travailler en équipe.

- Enfin, certains auront une âme "d'expert", aimant creuser à fond un seul sujet, quand d'autres seront plus à l'aise dans un travail d'équipe, la gestion de projets variés et la rencontre.

Il est important de repérer votre profil pour bien choisir votre filière, votre spécialité puis votre future carrière. Mais rassurez-vous : on cerne aussi son profil peu à peu, au fil des expériences durant ses études puis ses premiers postes. Et heureusement, on peut aussi évoluer au fil de sa carrière et développer de nouveaux talents.

Ingénieur : pour quel travail ?

On trouve des ingénieurs partout : dans les entreprises, grandes ou petites, les usines, les bureaux d'études, mais aussi les administrations, les établissements financiers, les magasins, etc. Ils peuvent y occuper quantités de postes, dont le nom peut d'ailleurs varier d'une entreprise à l'autre. On peut tout de même les regrouper par grandes familles de métiers :

- les métiers de la conception ou de la recherche et développement : ingénieur de recherche, Ingénieur développement produit, ingénieur d'études...

- les métiers liés à la fabrication et à la production : ingénieur de production, Ingénieur méthodes (ou process), responsable qualité, ingénieur maintenance, logisticien, acheteur, supply chain manager...

- les métiers liés aux activités commerciales : Ingénieur technico-commercial ou "support clients", chargé d'affaires, chef de produit, directeur commercial, etc.

- les métiers du conseil et du support : informaticien, consultant, formateur, spécialiste des finances, de l'audit, etc.

Souvent aussi, des ingénieurs expérimentés accèdent à les postes de direction d'entreprises ou de projet, de filiale, d'usine. Ils doivent alors exercer des fonctions managériales et stratégique qui exigent de nombreuses compétences : techniques, mais aussi humaines, financières, relationnelles et commerciales.

Les ingénieurs d'études

Ils travaillent souvent dans des bureaux d'études spécialisés ou dans service de recherche des grandes entreprises. Leur mission ? concevoir ou développer de nouveaux produits ou services : un logiciel, un procédé.

Pour cela, l'ingénieur d'études réalise des recherches appliquées, des études, des mises au point, des analyses, des essais que ce soit pour l'aéronautique, l'automobile, le secteur informatique, les banques, la construction (en fonction de la formation reçue et du diplôme).

C'est souvent le type de poste qu'exercent les jeunes diplômés lorsqu'ils sortent des écoles. Ils travaillent quelques mois sur une mission, puis sur une autre. L'intérim se développe d'ailleurs dans ce secteur de même que le recours à la sous-traitance de la part des grandes sociétés qui "commandent" des études ou des services à des sociétés extérieures spécialisées (par exemple les SSII en informatique).


Les ingénieurs de production

Ils travaillent au plus près des usines et des lieux où sont fabriqués les produits. Ils contribuent à fixer les objectifs de production : coûts, délais, qualité, quantités. Ils organisent, optimisent, et suivent la fabrication en fonction de ces objectifs. Ensuite, ils peuvent aussi travailler sur les méthodes, l'amélioration de la qualité des produits (ingénieur qualité) et des procédés (process).

Ce sont des postes d'action qui exigent du dynamisme et un bon relationnel car il faut travailler en lien avec les techniciens supérieurs, les ouvriers et les autres services de l'entreprise.

A noter le développement des postes de logisticiens pour mieux organiser les flux : le supply chain manager va veiller à ce que la chaîne des fournisseurs fonctionne bien, l'acheteur va être chargé de commander toutes les pièces détachées au meilleur prix, etc.

Evidemment, mieux vaut aimer les produits que l'on contribue à fabriquer : avions, automobiles, ordinateurs, produits pharmaceutiques, logiciels...

 Voir la vidéo métier d'une ingénieur(e) qualité dans l'aéronautique

L'ingénieur technico-commercial

Qui a dit que l'ingénieur n'est pas un relationnel ? Le technico-commercial est un homme ou un femme de contact puisqu'il fait l'intermédiaire entre la production et le client. Il prospecte et développe son portefeuille de clientèle, étudie le marché et assure la promotion de ses produits ou services. Pour cela, il doit avoir une connaissance parfaite des produits qu'il propose surtout s'il s'agit d'un secteur de haute technologie.

On comprend l'importance de sa formation technologique et scientifique. Mais c'est aussi un professionnel des chiffres, et de la négociation : il étudie la faisabilité de contrats, les adapte à chaque client, dont il analyse les besoins. Enfin, il négocie avec le client, lui présente un devis, puis assure la prise de commande.

C'est un métier que l'on exerce après quelques années d'expérience, car les responsabilités peuvent être lourdes. Les déplacements, les réunions sont fréquents : il faut être mobile, dynamique, prêt à relever des challenges en permanence. Des missions passionnantes mais pas de tout repos !

Ces ingénieurs ont souvent reçues une double formation : technique et commerciale, soit dès leurs études, soit en complétant leur formation initiale d'ingénieurs par un MBA ou une spécialisation dans une école de commerce.


Comment choisir : j'ai peur de me tromper !

La variété des débouchés ne doit pas vous effrayer, car il y a plusieurs façons d'affiner son projet professionnel.

- Certains sont passionnés par un secteur d'activité ou une discipline : l'informatique, la construction, l'aéronautique... Ils peuvent alors choisir une école d'ingénieurs proposant cette spécialité ; les stages leur permettront de découvrir des entreprises et des postes. Et de voir s'ils sont plus à l'aise aux études, à la production, à la maintenance...

- D'autres se sentent attirés par certains environnements : les PME, les activités de conseil, l'international, l'innovation... C'est un critère qui peut permettre de choisir ses stages et son premier emploi.

- On peut aussi tenir compte de ses talents et de son goût pour la recherche et développement, ou le commercial, ou la gestion de projet... Dans tous les cas, il faut chercher à bien se connaître et ne pas avoir peur de demander conseil.

Si vous prenez le temps de réfléchir à votre profil et de mûrir vos choix à chaque étape (choix de l'école, des stages, du premier emploi), vous n'avez pas à avoir peur de vous tromper car vous découvrirez pas à pas ce qui vous convient le mieux.
La seule erreur est sans doute de faire une école d'ingénieurs sans réfléchir à son projet professionnel. A la sortie, le choix est alors difficile car trop large pour cibler son objectif professionnel.

Un métier de femmes ?

Les filles ont longtemps eu tendance à considérer les carrières d'ingénieurs comme une terre interdite réservée aux garçons, ou à avoir des idées fausses sur les débouchés, les conditions de travail, et le contenu des métiers. Aujourd'hui encore, on compte seulement 25 % de filles en écoles d'ingénieur !

C'est d'autant plus dommage que certains secteurs peinent à recruter leurs cadres et sont prêts à favoriser les jeune femmes : à compétence égale, ils préfèreront une femme pour équilibrer les équipes (lire L'industrie veut embaucher des femmes ingénieurs).

D'autre part, les femmes ingénieurs peuvent bénéficier d'avantages que n'offrent pas d'autres carrières :
- la possibilité de trouver un emploi intéressant dans toutes les régions ;
- la possibilité d'intégrer de très grandes entreprises offrant de bons salaires, une certaine sécurité et des postes variés pouvant évoluer au cours de la vie ;
- la possibilité de retrouver du travail grâce à son diplôme et à sa formation si on arrête de travailler un temps pour avoir des enfants ;
- la possibilité d'évoluer vers des fonctions d'enseignement, de recherche, de conseil si vous voulez quittez le monde de l'entreprise ;
- la possibilité de travailler dans tous les secteurs économiques et industriels, selon vos passions et vos goûts.

Retour à l'article sur les écoles d'ingénieurs
20 Février 2015


Dans la même rubrique :