IVG chez les mineures : un nouveau rapport cherche des solutions

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Le gynécologue Israël Nisand a remis le 16 février 2012 à la secrétaire d'Etat chargée de la Jeunesse un rapport sur la contraception chez les jeunes. Il cherche des solutions au problème des grossesses précoces qui se terminent trop fréquemment par un avortement.




Le livre-rapport du professeur Nisand
Comment éviter le nombre de grossesses non prévues chez les jeunes filles ? C'est la question centrale posée par le rapport remis le 16 février par le Professeur Nisand. En 2009 en effet, 11 930  filles de 15 à17 ans ont subi une interruption volontaire de grossesse (IVG), ainsi que 17 693 autres de 18 à 19 ans, et 52 360 de 20 à 24 ans.

 "Or terminer sa première histoire d'amour par une IVG, c'est dur", observe Israël Nisand qui précise pourtant ne pas être "contre l'avortement".

Le spécialiste fait donc 18 propositions. La plus importante selon lui serait d'accorder aux moins de 18 ans un accès gratuit et anonyme à la contraception. Les mineures peuvent aujourd'hui consulter leur médecin et se faire prescrire la pilule sans leurs parents, mais celle-ci est payante ainsi que la consultation : les remboursements de Sécurité sociale passent donc fatalement sous le nez des parents, ce qui serait un frein selon les auteurs du rapport.

"Notre pays préfère-t-il payer l'IVG plutôt que la contraception ?" demandent-ils en soulignant ce paradoxe : en France, l'avortement est gratuit, alors que la contraception ne l'est pas. Pour le Pr Nisand, les deux tiers des grossesses des moins de 25 ans pourraient être évitées si la contraception était totalement gratuite et  facilement accessible aux mineures.

La contraception suffit-elle ?

Une position qui fait débat car d'autres spécialistes estiment que la solution n'est pas dans le "toujours plus de contraception". D'abord, selon le baromètre Santé 2010, 91,2% des filles sexuellement actives entre 15 et 19 ans utilisent déjà un moyen de contraception : et cela n'empêche pas le nombre d'avortements de rester élevé et même d'augmenter au fil des années. En effet les grossesses sont souvent liées à des erreurs de contraception : oubli de pilule, mauvais usage ou oubli du préservatif...

D'autres grossesses sont tout simplement liées à un manque d'information ("je ne pensais pas qu'on pouvait être enceinte au premier rapport", disent nombre de jeunes filles) ; évident aussi le manque de maturité : "J'ai des rapports non protégés, Pensez-vous que je risque d'être enceinte ?", demandent régulièrement de très jeunes filles sur nos forums sexualité. "J'ai 14 ans, je ne peux pas être enceinte, c'est impossible !", lance une autre qui a pourtant démarré une vie sexuelle sans réflexion préalable.

Une éducation à l'affectivité et la responsabilité

Hormis le planning familial, la plupart des associations intervenant sur la sexualité dans les établissements scolaires prônent donc d'intensifier l'information et l'éducation. Pour Alliance VITA, "seule une information sexuelle intégrant une éducation à l’affectivité et à la responsabilité est à même d'enrayer l'IVG précoce". Selon le sondage IFOP 2010 ("Les femmes et l’IVG"), 55% des Françaises estiment que la première de cause d'IVG chez les plus jeunes vient "des "relations sexuelles trop précoces".

A  quoi s'ajoute le nombre élevé de relations sexuelles ayant lieu sous l'emprise de l'alccol, et l'influence de la pornographie qui touche garçons et filles de plus en plus jeunes et tend à présenter la sexualité comme un jeu sans conséquences.

Contrer la diffusion gratuite de la pornographie

Dans son rapport publié sous forme de livre, le professeur Israël Nisand fait d'ailleurs 17 autres propositions parmi lesquelles il demande 'l'application de la loi de 2001 sur l'information à la sexualité en milieu scolaire".
Il propose aussi "pour les enfants en maternelle et primaire, par l'intermédiaire des maîtres des écoles formés dans leur cursus à cette nouvelle mission, de dispenser des informations sur la vie affective, émotionnelle, sentimentale et sur le respect de soi-même dans un rapport au corps sexué".

Autre proposition intéressante : "Organiser une résistance institutionnelle, collective et sociétale à la diffusion libre et marchande de la pornographie auprès des jeunes". Ainsi il propose que l'ouverture de certains pages porno sur le web soient conditionnée à la présentation d'une carte bancaire. Et également, de viser l'information des garçons.

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Rédigé par La rédaction le Mardi 21 Février 2012
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