Grandes écoles : l'insertion des jeunes diplômés de 2011 a progressé


Après 2 promotions touchées par la crise, les diplômés des grandes écoles en 2011 ont retrouvé le même niveau d'insertion que ceux de 2007. Plus de 82,5% ont trouvé leur emploi moins de deux mois après la sortie de l'école, selon l'enquête de la Conférence des grandes écoles.




Le président d'HEC, Bernard Ramanantsoa, avait plutôt le sourire en présentant, le 19 juin 2012, la 20ème enquête de la Conférence des grandes écoles (CGE) sur l'insertion des jeunes diplômés.  "En 2012, malgré un contexte économique toujours tendu, l'ensemble des indicateurs d'insertion professionnelle est marqué par une légère amélioration des grandes tendances", résume-t-il en commentant l'enquête.

Celle-ci a été réalisée au premier trimestre 2012, six moi environ après la sortie de l'école de la promo 2011, et 40 058 diplômés ont répondu, soit 6,7% de plus qu'en 2011 : rien que ce taux de réponse en hausse est sans doute le signe que le moral est plutôt meilleur que lors des deux "années noires" précédentes où la crise n'avait pas épargné les diplômés des écoles les plus prestigieuses. On comprend le soulagement de la CGE, en des temps où les grandes écoles françaises sont souvent remises en question.

Un CDI moins de deux mois après la sortie de l'école

- 82,5 % des diplômés 2011 sont donc en situation d'emploi moins de deux mois après leur sortie d’école. Et les autres? 12 % sont en poursuite d’études, majoritairement des élèves en thèse et issus d’écoles d’ingénieurs. Un tout petit nombre a mis un peu plus de deux mois à se caser.

- 80% ont obtenu un CDI, contre 76% dans la promotion 2010 et 71% dans la promo 2009. Ce retour plus aisé au CDI est donc une bonne nouvelle, et la CGE note que la tendance correspond à celle du marché de l'emploi des cadres.

A plus long terme toutefois, ce pourcentage d'embauche en CDI a tendande à chuter doucement : ainsi en 2002, 85% des diplômés des grandes écoles étaient embauchés en CDI.

On observe d'autre part que les femmes sont systématiquement moins bien placées pour obtenir un CDI, depuis de nombreuses années, et pour toutes les écoles... De même, la proportion de femmes ayant le statut cadre est nettement inférieure à celle des hommes (81,2% vs 91,9%). Cette donnée, défavorable aux femmes (notamment ingénieurs), préoccupe les grandes écoles : malgré les déclarations médiatiques, la parité n'est pas encore complètement acquise et une femme diplômée d'une grande école en France peut ne pas occuper d'emploi de cadre !

Des salaires en légère progression

Nouvelle source de satisfaction pour les grandes écoles, qui vantent souvent la notoriété de leurs diplômes :
- Le salaire annuel moyen (brut hors primes) des jeunes diplômés 2011 est de 34 173 € (33 030 € pour la promo 2010)

- Leur salaire annuel moyen (brut avec primes) est de  37 268 € (35 840 € pour la promo 2010)

La CGE souligne une tendance qui se vérifie depuis une dizaine d’années : les rémunérations des managers évoluent de manière plus importante que celles des ingénieurs, ce qui constitue d'ailleurs une cause de la "fuite des cerveaux" scientifiques vers les postes de management, au grand dam des écoles d'ingénieurs.

Stage, lieu de travail : des différences entre ingénieurs et managers

L'enquête fait aussi apparaître d'autres différences entre les diplômés des écoles d'ingénieurs et ceux des business schools : la majorité des ingénieurs travaille en province, sans doute parce que les sites industriels y sont plus nombreux, alors la majorité des managers travaille en Île-de-France où se trouvent les sièges de grosses sociétés.
Globalement cependant, la région parisienne reprend la première place par rapport à la province

D'autre part, l'enquête confirme qu'en 2012, le stage de fin d’études reste la principale voie d’accès à l’emploi, même si sa proportion a diminué par rapport à 2011. Mais le taux de transformation stage/emploi est nettement plus important pour les ingénieurs que les managers (28% pour les ingénieurs, 19% pour les managers). Et chez les femmes, les statistiques sont plus favorables avec 32% contre 27% pour les ingénieurs hommes, 21 contre 17% chez les managers.

Deux remarques :
1/ le marché de l'emploi est un peu plus favorable aux jeunes ingénieurs, trop peu nombreux en France pour répondre aux besoins des entreprises.
2/ Les femmes ingénieurs, une denrée encore plus rare, ont l'art de faire leurs preuves durant leur stage.

La montée de sociétés de conseil et des bureaux d'études

Malgré une baisse constatée par rapport à 2011, les bureaux d’études et sociétés de conseil restent des employeurs de choix pour les jeunes diplômés. De façon générale, la tendance à l'externalisation des jeunes cadres se poursuit, les grandes entreprises voulant gagner en "flexibilité".

• Pour les ingénieurs : L’offre des sociétés de conseil et de bureaux d'études représentait 10% des emplois d’ingénieurs en 2007. Après une progression très importante à 18% en 2011, elle fléchit légèrement pour atteindre les 16,5% de ce marché en 2012.

L’emploi direct dans l’industrie du transport (automobile, ferroviaire, aéronautique,spatial) et le BTP progresse toutefois fortement car le secteur est en plein boom et manque d'ingénieurs. En revanche, le secteur de l’énergie qui avait connu une forte croissance en 2009 et 2010 revient sur ses niveaux d’il y a 5 ans. Les services TIC poursuivent leur repli, passant graduellement de 13% en 2007 à 8% d’emplois directs en 2012.

• Pour les managers : comme les ingénieurs, ils sont une majorité à intégrer les sociétés de conseil. Ce secteur dépasse désormais celui de la banque/assurance qui poursuit son recul (en 5 ans, il est passé de 20% à 14%).

Les départements "Administration, gestion-finance, comptabilité" (18%)", "marketing(15%)", "Commercial/Vente (16%)", "Etudes-Conseil (13%)", et Audit (10%) regroupent pratiquement 75% des emplois de jeunes managers. Les emplois d’administration, gestion, finance et comptabilité cèdent ce qu’ils avaient regagné en 2011 et retrouvent leur niveau de 2009, au point fort de la crise.

Si les diplômés des grandes écoles sont évidemment bien lotis comparés à d'autres, l'enquête de la CGE met pourtant en évidence une lente dégradation de leurs conditions d'insertion : globalement, ils sont moins bien payés, obtiennent moins facilement un CDI et sont moins recrutés directement par les grands groupes qu'il y a dix ans. Alors que de l'avis de tous, ils sont mieux formés.

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Rédigé par la rédaction le Mercredi 20 Juin 2012
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