Emotion après la mort de Clément Méric, agressé par des skinheads


L'étudiant agressé violemment mercredi 5 juin dans les rues de Paris suite à une rixe est décédé. Clément Méric était étudiant à Science Po et militait dans divers groupes d'extrême-gauche.




L'agression et la mort de Clément Méric, 18 ans, étudiant en première année à Science Po Paris, a suscité en France une grande vague d'émotion et de protestation contre les violences extrêmistes.

Les circonstances de son agression, elles-mêmes, sont atterantes. Entouré de quelques amis, Clément était allé à une vente privée dans un immeuble du 8ème arrondissement parisien. Le groupe y a croisé d'autres jeunes gens "de type skinheads" et une altercation aurait démarré.

Une fois dans la rue Caumartin, rue pourtant très passante située derrière les Grands magasins, le groupe en est venu aux mains, et Clément a encaissé un coup qui l'aurait violemment projeté contre un poteau.

Les témoins de l'agression racontent


Un jeune homme engagé à l'extrême-gauche

Transporté en état de mort cérébrale à l'hôpital de La Pitié Salpétrière, le jeune homme est décédé le lendemain. Originaire de Brest, il était connu parmi ses camarades pour ses engagements politiques à l'extrême-gauche. Il faisait partie du syndicat Solidaires Etudiant-e-s Science Po et appartenait au groupe Action Antifasciste.

"La mort de notre camarade s’inscrit dans le contexte de la progression d’un mouvement fasciste violent en France et ailleurs en Europe", indique le syndicat Solidaires Etudiant de Science Po sur son site.

Interrogé jeudi 6 juin au soir sur France 2 sur les raisons de l'agression, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls est resté plus prudent, disant qu'il fallait attendre le résultat de l'enquête avant d'évoquer un acte délibérément "politique".

Une résurgence de mouvements d'extrême-droite

L'événement a suscité un grand émoi en France, dans le monde étudiant et les milieux politiques qui dénoncent la résurgence de groupes violents d'extrême-droite. De fait, la police a arrêté rapidement les agresseurs présumés du jeune homme qui appartiendraient à ce type de groupe.

Quelques jours auparavant, des actes antisémites avaient été constatés à l'université parisienne d'Assas (Paris-2) où des croix gammées ont été taguées sur le local du syndicat des étudiants juifs.

"Notre responsabilité, aujourd'hui, c'est non seulement de veiller à ce que ces idées ne prospèrent pas, a déclaré le Premier ministre Jean-Marc Ayrault au Sénat, mais c'est aussi de trouver les réponses juridiques, politiques, pour que tous ces mouvements soient combattus".

"J'ai demandé à la Garde des Sceaux d'étudier les moyens de tailler en pièce, de façon démocratique, sur la base du droit ces mouvements d'inspiration fascistes et néo-nazis", a-t-il poursuivi.

La polémique rebondit sur la Manif pour tous

Les réactions ont pris un tour polémique lorsque des personnalités ont mis en cause les organisateurs de la "Manif pour tous" (hostiles à la loi sur le mariage entre personnes de même sexe) qui auraient favorisé selon eux ce type de mouvement.

Ainsi Pierre Bergé s'en est-il pris à Frigide Barjot, l'accusant d'encourager la violence. "Ce qu'écrit Pierre Bergé est effrayant, a rétorqué Tugdual Derville, l'un des portes-paroles de la Manif pour tous : amalgame visant à mettre toute violence sur le dos de la Manif pour tous".

Si quelques débordements très minoritaires ont émaillé les dernières manisfestations anti-mariage gay, l'ensemble du mouvement est en effet resté familial et pacifiste, donnant même naissance à des formes de résistance non-violentes comme celles des "veilleurs" sur l'esplanade des Invalides.

Rien à voir entre ces familles et des voyous néo-fascistes

Certes, Clément Méric avait manifesté pour le mariage gay. Mais cela ne suffit pas à faire des foules pacifiques de "la Manif pour tous" les alliés de ses agresseurs.

"Je suis révolté, écrit d'ailleurs le député Bernard Debré sur son blog, en entendant Pierre Bergé, comme d'autres d’ailleurs, vouloir trouver la source de cette violence dans les manifestions pacifistes des femmes, des hommes et des enfants qui ont défilé dans Paris contre le mariage pour tous. (...) Il n'y a rien à voir entre ces familles et ces voyous néo-fascistes qui viennent perturber la fin de ces manifestations".



Rédigé par la rédaction le Jeudi 6 Juin 2013
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