Début 2015, la Fédération professionnelle du drone civil estime à 5000 le nombre d’'emplois créés en France par cette nouvelle filière. Et l'on pourrait aboutir à 20 000 emplois d'ici 5 ans.

Les utilisations professionnelles de ces petits engins volants pilotés à distance ne cessent en effet de s'étendre : "Nous voyons venir à nous d'anciens pilotes d'avion ou d'hélicoptère, mais aussi des professionnels du BTP intéressés par la thermographie ou l'inspection d'ouvrage, et puis des architectes, des cartographes et beaucoup d'intermittents de l'audiovisuel qui voient là un nouveau débouché", explique Gauthier Six, directeur de Pixiel, une école de formation aux métiers du drone.

Justement, puisque nouveau métier il y a, quelles sont les formations requises pour télépiloter ce genre d'engin volant ?

Quelle formation pour être pilote de drone ?

Sur sa page web dédiée, le ministère du Transport assure que "le pilotage de drone ne s'improvise pas" vu les risques encourus en cas de chute (un drone pèse entre 2 et 9 kg) ou d'erreur de pilotage.

Depuis 2012, la réglementation définit ainsi 4 situations ou scenarii de vol, du plus simple (S1) - le drone ne vole pas à plus de 100 mètres du télépilote et reste en zone inhabitée - au plus complexe (S4).

Pour les situations S1 à S3, le télépilote doit au moins avoir le brevet théorique de pilote d'ULM (ou de pilote privé), à passer auprès de la DGAC. Il doit ensuite se former au maniement du drone et pour cela, faire valider ses compétences par le formateur qui lui délivre une "Déclaration de niveau de compétence" (DNC).


Vers un certificat de qualification professionnelle

"Pour l'instant, cette DNC est laissée à l'appréciation du formateur et n'est soumise à aucun contrôle, explique Gauthier Six. Mais nous travaillons actuellement au sein de la Fédération professionnelle du drone civil à bâtir avec la DGAC un véritable certificat de qualification professionnelle (CQP) qui rendrait éligibles les formations au titre du nouveau compte personnel de formation et qui listerait des compétences théoriques et pratiques référencées".

Vu la croissance de la filière, l'accès au métier de télépilote de drone devrait ainsi s'organiser de plus en plus.


Prises de vue, inspection d'ouvrages, thermographie...

Une quarantaine de centres de formation sont répertoriés sur le site de la Fédération professionnelle du drone civil dont beaucoup se sont lancés pour répondre aux demandes.

Face à l'afflux de professionnels venant des diverses régions de France, l'école Pixiel, qui a formé 150 télépilotes à Nantes en 2014, a décidé de déployer ses formations à Avignon, Bordeaux, Lille, Paris et Toulouse. Elle offre désormais trois niveaux de formation différents et propose des spécialisations selon l'application métier visée : le télépilotage pour l'audiovisuel, le métier de thermographe par drone, la photogrammétrie...

"Il faut bien compter 2-3 mois de formation pour maîtriser le pilotage d'un drone", estime Gauthier six. Il s'agit pour l'instant de formation professionnelles d'adultes, qui peuvent être prises en charge par certains dispositifs de formation et sont de nature à permettre une reconversion ou le lancement d'une activité indépendante.
Pour des jeunes qui seraient attirés par les drones, mieux vaut donc commencer par choisir une formation initiale de base, que ce soit dans l'audio-visuel, l'ingénierie, le BTP (géomètre par exemple), etc. Le brevet théorique de pilotage peut ensuite être préparé dans les centres dédiés aux drones, ou une école d'ULM.


Une agence d'intérim s'y met aussi

A Toulouse, une agence d'intérim spécialisée notamment dans l'aéronautique, Profil Emploi, a ajouté une corde à son arc en fournissant aux entreprises locales les pilotes de drones dont elles peuvent avoir besoin.

L'agence est en lien avec un formateur qui peut dispenser des formations aux candidats à ce type de poste, et l'agence peut ainsi "fournir" le télépilote formé pour une mission d'intérim, de CDD et de CDI.


Encore un marché de l'emploi caché

Si les débouchés du métier semblent prometteurs, ils ne sont en effet pas toujours évidents à trouver : "C'est encore un marché de l'emploi caché et nous encourageons les opérateurs à poster leurs offres d'emploi sur Pôle Emploi", dit Gauthier Six.

Et sous quel code métier faudrait-il chercher ce type d'offre sur le site de Pôle Emploi ? La question n'est semble-t-il pas encore tranchée, puisqu'on les trouve le plus souvent sous l'appellation "Techniques vidéos" là où l'on penserait plutôt à l'aérien. Les drones n'ont pas fini d'évoluer et de nous étonner...


Pour en savoir plus :

- La réglementation du ministère des Transports sur les drones civils
- Fédération professionnelle des drones civils : www.federation-drone.org/
- L'école des métiers du drone Pixiel : www.pixiel-formation.com/ voir aussi les témoignages sur la chaîne Youtube de l'école.
- L'agende d'emploi Profil Emploi à Bordeaux