Un "Refuge" pour les jeunes homosexuels


Chaque année a lieu la Journée mondiale de lutte contre l’homophobie. A cette occasion, nous avons interviewé Nicolas Noguier, président du Refuge, à Montpellier. Cette structure unique en France accueille, depuis 2003, de jeunes homosexuels en difficultés psychiques et sociales. 70 personnes ont déjà été hébergées par l’association.



Qui sont les personnes accueillies au Refuge ?

Ce sont des jeunes, garçons et filles, âgés de 18 à 25 ans, qui sont dans une situation de grand isolement. Rejetés par leurs familles et parfois par leurs amis après l’annonce de leur homosexualité, ils se retrouvent seuls, sans ressource. Ils sont alors redirigés vers nous par les travailleurs sociaux.

Nous recevons également des jeunes qui vivent difficilement leur orientation sexuelle, jusqu’à la nier parfois, et ressentent un grand mal-être. Ils ont besoin d’une écoute et d’une aide psychologique pour arriver à s’accepter et sortir de la culpabilité.

Quels sont les risques pour ces jeunes ?

Le moment de la rupture avec le cercle familial est critique. S’il ne trouve pas de structure d’accueil, ce qui est fréquent, le jeune a de grands risques de tomber dans la spirale de la rue et de la prostitution pour survivre. Par la suite, il est beaucoup plus difficile de l’en sortir. C’est pourquoi, il doit absolument trouver une aide à ce moment là.
D’autre part, vivre son homosexualité dans l’isolement cause énormément de souffrance. Selon les recherches du docteur Marc Shelly, les jeunes homosexuels sont 13 fois plus exposés au risque de tentative de suicide que les hétéros.

Que fait concrètement l’association pour les aider ?

Nous assurons des permanences d’écoute et d’accompagnement social à Montpellier et à Paris. Et, à Montpellier, nous disposons de six hébergements d’urgence, que nous mettons à la disposition des jeunes pendant un à six mois. Cela leur assure un minimum de sécurité pour se reconstruire.
Dans un premier temps, l’association apporte un soutien psychologique, grâce aux équipes d’écoutants et au travail d’un psychologue. Ensuite, nous débutons une démarche d’insertion, par le biais d’une assistante sociale, qui les aide à s’informer sur la reprise d’étude ou de formations. Enfin, nous tentons de renouer un lien entre la famille et le jeune, grâce à une médiation familiale. Cela marche une fois sur deux.

Comment évolue le regard de la société sur l’homosexualité ?

L’impression générale est que l’homosexualité est entrée dans les mœurs. Mais si l’opinion est aujourd’hui plus tolérante, ce n’est plus le cas quand l’entourage très proche est concerné.

L’homosexualité reste très dure à accepter. Pour preuve, nous avons déjà accueilli près de 70 personnes mais, chaque année, nous recevons 300 demandes d’hébergement de jeunes rejetés par leurs familles. Parfois, nous pouvons les rediriger vers d’autres structures mais combien restent sur le carreau ? D’autant plus que les pouvoirs publics ne se saisissent pas du problème. J’ai été reçu trois fois au ministère de la Jeunesse. Ces rendez-vous sont restés sans suite jusqu’à présent.

Lire notre dossier :
Questions sur l'homosexualité

Rédigé par Avec l'agence Reporters d'Espoirs le 19 Mai 2009
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