Sandrine raconte son parcours du combattant


Il y a deux ans, j’ai entrepris de passer le permis de conduire. Vaste projet. Je ne savais pas que je m'engageais dans un parcours du combattant. Patience et ténacité sont devenues mes armes de bataille.



Avec le code, tout a bien commencé

Comme on le sait, il y a deux étapes pour obtenir le petit papier rose. Les épreuves « théoriques » afin de maîtriser le code de la route et les épreuves pratiques afin de maîtriser la conduite et devenir, selon une durée variable, un as du volant. Le code, je trouvais ça assez drôle et le côté scolaire me rassurait. Il s’agissait simplement de faire la chasse aux bonnes réponses en appliquant un peu de logique. Je faisais pas mal de fautes au début alors je m’entraînais à la maison avec mes propres logiciels. Puis les fautes ont diminué. Me sentant en confiance, j’ai demandé une date d’examen. La veille du test, je faisais entre 5 et 7 fautes, ce qui est relativement correct. Je l’ai eu du premier coup, un mois après mon inscription. Pour moi, c’était un signe qui laissait présager de bonnes choses pour la suite. Vœu pieu.

Avec la conduite, les choses se compliquent

Une fois le code en poche, j’ai passé une « simulation de conduite ». Un examen, censé révéler combien d’heures, l’élève aura besoin pour l’apprentissage de la conduite. Verdict, je devais conduire entre 30 et 40 heures selon la machine… Me voilà partie. Par un après-midi pluvieux, j’ai mis les pieds dans une voiture pour la première fois… à la place du conducteur. Le moniteur m’a demandé de me détendre un nombre incalculable de fois. Ce « détends-toi » allait devenir son credo dans les leçons à venir. Je devais partir à l'étranger au mois d’août de la même année.. J’avais donc l’obligation d’obtenir mon permis avant le départ. Mon forfait de 719 euros comprenait une présentation code, 20 heures de conduite avec un moniteur et un passage à l’examen de permis. En cas d’échec, il fallait payer 90 euros pour un nouvel examen et prendre des heures sup’ facturées, 37 euros de l’heure. J'ai passé beaucoup de temps à me familiariser avec la voiture, qui au fil du temps était peu à peu devenue l'ennemi à abattre. La mécanique, les secrets de l'embrayage, lire les panneaux, toutes ces choses simples devenaient pour moi un calvaire. La première fois que je me suis présentée au permis, j'avais déjà effectué 40 heures, j'estimais être suffisamment préparée pour passer l'examen en réalité, j'étais morte de peur. Verdict : j'ai conduit deux minutes, avant de me faire sèchement recaler par le jeune examinateur. C'est sur cet échec que je suis partie à l'étranger.




L'objet de toutes mes angoisses

A mon retour, j'ai décidé de m'attaquer au problème du permis à bras le corps. J'avais déjà dépensé plus de 1500 euros pour un papier que je n'avais toujours pas. J'ai fait un bilan, j'ai tout remis en question et... j'ai même changé de moniteur pensant que le problème venait de là.
La seconde fois que j'ai passé l'examen, j'ai compris que tout était lié au stress. C'est cette angoisse qui m'empêchait de me concentrer, qui me faisait accélérer ou ralentir quand ce n'était pas nécessaire. C'est cette angoisse qui m'a fait rater le permis, pour la seconde fois. Je m'y attendais mais quand j'ai reçu les résultats, je me suis dit que la conduite, ce n'était pas pour moi. Pourtant, je m'entendais très bien avec ma monitrice, elle m'a redonné confiance. En m'expliquant tout d'abord, qu'elle-même l'avait passé cinq fois ! Et puis, elle m'a donné la notion de plaisir dans sa manière de conduire. La troisième fois que je l'ai passé, je me suis dit que c'était la bonne. J'étais très tendue et concentrée. Mais je l'ai encore raté, de peu, parce que ma roue avait touché le trottoir. J'ai perdu tous mes moyens. Je ne voulais plus conduire, de toutes les façons, il n'y avait plus de place dans les centres d'examens.

Cette fois, c'est la bonne

Je suis restée longtemps sans conduire après ce troisième échec avant de reprendre le volant au bout d'un mois. Trois mois plus tard, je passais le permis par une belle matinée de juillet, bien décidée à conjurer le sort qui s'acharnait contre moi. Quand j'ai vu le moniteur débarquer, j'ai failli tomber a la renverse, c'était le même type qui m'avait fait passer le permis, et recaler la première fois. Je me suis dit que c'était peut-être un signe, j'allais lui montrer que ma conduite avait changé et que cette fois-ci, il me regarderait d'un autre œil. L'examen s'est très bien déroulé, jusqu`à ce qu'il me demande de faire un créneau dans une pente. Je me suis ridiculisée et dans la panique, je n'ai pas bien répondu aux questions, qui concernaient, je me rappelle, les feux de route et le liquide refroidissement, comble de la honte. Le reste s'est bien passé, je suis revenue au centre d'examen et j'ai terminé en beauté avec un créneau, réussi cette fois. Mais je suis rentrée chez moi, persuadée de l'avoir raté pour la quatrième fois, avec au-dessus de ma tête, la date limite du code et la possibilité malheureuse de devoir peut-être, un jour tout reprendre à zéro. Quelle ne fut pas ma surprise, lorsque j`ai appris au début de la semaine suivante que j`avais été reçue a l'examen du permis ! J'ai eu mon permis après 75 heures de conduite, 2500 euros de dépenses, et sûrement quelques kilos en moins à cause du stress, je tiens enfin entre mes mains le fameux papier. Bien-sur, je n'ai pas les moyens de m'acheter une voiture, je m'entraîne donc sur celle de mes parents. Je vais commencer a économiser pour m`acheter une petite voiture, mettre de l`argent de côté, et ça c'est une autre histoire….

Mercredi 24 Mai 2017
taniahsordre@yahoo.fr


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