Réforme du permis de conduire : ce qui doit changer


Le permis de conduire est trop coûteux et trop long à avoir. C'est le secrétaire d'Etat aux Transports Dominique Bussereau qui le dit dans un texte publié par Le Monde du mercredi 26 novembre : "Il doit être de nouveau permis de conduire". Il explique les grandes lignes de la réforme du permis sur laquelle il travaille depuis 2007, et qui devait normalement sortir fin 2008 mais qu'on attend toujours. Nous reproduisons ce texte.



Dominique Busseau, qui prépare la réforme du permis de conduire
"Passer son permis à l'heure actuelle n'est pas une mince affaire. Il faut tout d'abord s'armer de patience, les délais d'attente étant longs : trois mois dans le meilleur des cas, de six à neuf mois dans le pire. En cas d'échec, ces délais s'allongent encore de plusieurs mois. Il faut ensuite débourser une somme conséquente, particulièrement lourde pour les jeunes, les étudiants, les personnes n'ayant pas de revenus fixes.

Le coût moyen du permis B est estimé à 1 200 euros. Là encore, le moindre échec coûte cher : tous les candidats contraints, après une tentative infructueuse, de repasser le permis devront dépenser de 500 à 1 000 euros supplémentaires pour prendre d'autres leçons de conduite et s'inscrire une nouvelle fois aux épreuves pratiques. Précisons à ce propos que l'Etat ne perçoit aucun droit d'examen pour les épreuves du permis : à cet égard, notre pays fait exception parmi ses voisins européens.

La moitié des candidats échouent au permis

Nous l'avons souligné : les délais d'attente et les coûts sont aggravés du fait d'un échec éventuel. Mais cette "éventualité" se produit dans la moitié des cas. Parmi le 1,3 million de personnes qui ont passé les épreuves de conduite en 2007, seules 704 000 ont réussi leur permis. Autant dire que le taux de réussite à l'examen le plus passé en France chaque année n'est guère satisfaisant...

Or chacun le sait : le permis de conduire est un outil indispensable pour l'insertion professionnelle et sociale, notamment pour les jeunes. Au-delà des déplacements entre le domicile et le lieu de travail, l'exercice de nombre de professions requiert de savoir conduire. Corollaire : trouver du travail sans permis voiture relève du parcours du combattant.

Le permis de conduire doit former à la sécurité

Conscient de l'enjeu de société qu'il représente et des dysfonctionnements actuels, le président de la République, lors du conseil restreint de la sécurité routière du 21 décembre 2007, a jugé indispensable de réformer le permis de conduire, afin de "faciliter l'accès des jeunes à la conduite, d'améliorer la qualité du service et la sécurité routière". Ce dernier point me semble fondamental : outre les délais, le coût, le taux d'échec, la formation au permis de conduire ne sensibilise pas suffisamment les jeunes conducteurs aux risques encourus.

En ce domaine, les chiffres sont éloquents : les jeunes se tuent au volant deux fois plus que les autres catégories de conducteurs. En 2007, 21 % des personnes mortes sur la route avaient entre 18 et 25 ans, catégorie qui ne représente pourtant que 9 % de la population française. Il convient donc d'améliorer la formation dispensée dans les écoles de conduite en l'axant davantage sur les questions de sécurité routière : notre objectif est de diviser au moins par trois le nombre de jeunes tués au volant d'ici à 2012.

Apprendre à se conduire et promouvoir l'éco-conduite

Savoir conduire, c'est apprendre à "se conduire", à avoir un comportement responsable sur la route vis-à-vis des personnes qui nous entourent sur la voie publique, des autres conducteurs, des piétons, des cyclistes ; responsable vis-à-vis de l'environnement, entendu au sens large. La formation doit encourager les futurs conducteurs à user de leur voiture de façon intelligente et promouvoir l'éco-conduite.

Enfin, ce sont les conditions de passage du permis, souvent assez obsolètes, que nous voulons changer. Je songe par exemple aux séances de diapos dans des salles combles, avec des questions donnant l'impression d'être des pièges plus qu'un moyen de tester les connaissances du code de la route. Rendre le permis voiture plus rapide, plus simple d'accès et moins onéreux ; améliorer la qualité de la formation pour renforcer le taux de réussite aux examens ; sensibiliser aux questions de sécurité routière et de respect de l'environnement : voilà les cinq objectifs qui ont convaincu le gouvernement de réformer en profondeur notre permis de conduire. Cette réforme est prête à être mise en oeuvre."

Dominique Bussereau, secrétaire d'Etat aux Transports

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Lundi 12 Janvier 2009


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