Réforme du lycée : les nouvelles premières font leurs débuts


En 2011-2012, la réforme du lycée arrive en classe de première : les séries générales sont moins différenciées qu'avant et l'on pourra passer de l'une à l'autre via des "stages passerelles". Trois bacs techno sont aussi tout nouveaux en particulier le bac STI2D, Sciences et technologie de l'industrie et du développement durable.




Qu'est-ce qui change au lycée en 2011-2012 ? Les programmes et l'organisation des classes de première. Après la nouvelle seconde générale et technologique mise en oeuvre en 2010-2011, la réforme fait comme les élèves : elle arrive dans la classe supérieure, celle où les lycéens se répartissent entre les différentes séries de bac (L, ES, S, STL, STG...).

Justement, l'un des points forts voulus par la réforme consiste à gommer un peu les différences entre les sections, en tout cas dans les trois séries générales. Les premières L, ES et S ont davantage d'enseignements communs : 4 h de français, 4 h d'histoire-géo, 4 h30 de langues (LV1 et LV2), 2 h de sport, 1/2 h d'éducation civique. Sans oublier 2h d'accompagnement personnalisé et 1h de TPE.

Des séries générales moins spécialisées

Par voie de conséquence, les enseignements spécifiques à chaque section sont un peu réduits : ainsi les premières S ont désormais 4h de maths, 3h de physique-chimie et 3h de SVT, ce qui ne manque pas d'inquiéter en particulier la Conférence des grandes écoles qui craint une baisse du niveau scientifique.

Les premières L sont celles qui accueillent le plus de nouveautés : 2h (seulement) de littérature, mais 2h de littérature en langue étrangère, nouvel enseignement destiné à muscler les compétences linguistiques et les débouchés vers les carrières internationales, 1h30 de science, et un enseignement à choisir parmi les arts (5h), les arts du cirque (8h), le latin (3h), le grec (3h), la LV3 (3h), LV1 ou LV2 approfondie (3h), mathématiques (3h). Là encore, les critiques n'ont pas manqué, certains regrettant de ne pouvoir étudier à la fois le latin et le grec par exemple.

Moins de changement en première ES où on fera 5h de sciences économiques et sociales, 3h (seulement) de mathématiques, et 1h30 de science.

Trois séries technologiques transformées : STI2D, STL et STL

La rentrée 2011 voit aussi le changement débouler en première dans trois séries technologiques totalement remaniées. Le gouvernement a voulu d'abord, comme dans les séries générales, limiter le nombre de spécialités dans chaque bac, et augmenter la part des enseignements technologiques généraux, toujours pour éviter d'enfermer trop vite l'élève dans une voie. Comme dans les séries générales, les lycéens auront 2 h de soutien personnalisé et la possibilité d'effectuer des "stages passerelle" pour passer d'une voie à l'autre.

Ainsi, en première STL (sciences et technologie de laboratoire), on n'a plus le choix en première qu'entre deux spécialités : biotechnologies et sciences physiques et chimiques en laboratoire.

La ''révolution'' du bac Sciences et technologies de l'industrie et du développement durable

Luc Chatel inaugure la 1ère STI2D du lycée Louis-le-Grand
Mais c'est la série industrielle qui change le plus : fini le bac STI, place au STI2D (sciences et technologies de l'industrie et du développement durable). Au lieu des six filières très spécialisées (génie civil, génie électronique, génie électrotechnique, etc.), les lycéens se voient proposer quatre voies : Architecture et construction, Energie et environnement, Innovation technologique et éco-conception, Systèmes d'information et numérique.

Là encore, la réforme a fait hurler nombre d'enseignants qui ont dénoncé la perte d'heures dans certaines matières technologiques selon eux essentielles. Mais le ministère a tenu bon en expliquant qu'il poursuivait deux objectifs : moderniser la filière pour attirer plus d'élèves en particulier plus de filles. Le changement d'appellation des filières, qui veut gommer le style "bleu de travail", n'est donc pas uniquement esthétique : derrière le développement durable et le numérique, l'idée est de redéfinir les formations sur les grands débouchés contemporains, notamment les métiers qui émergent et les secteurs qui peinent à recruter comme l'informatique ou les métiers de l'éco-construction.

Signe de ce changement d'image, de "grands lycées" qui n'avaient pas de section STI ont ouvert en septembre 2011 une STI2D. Et Luc Chatel n'a pas manqué, le 7 septembre, d'aller inaugurer la première STI2D du lycée Louis-le-Grand à Paris. "Il fallait des symboles, a-t-il déclaré. Si de grands lycées considérés comme des temples d'excellence ouvrent des sections, ce sera un message extrêmement fort".

Réforme du lycée : doit faire ses preuves

Critiquée et critiquable sur bien des points, la réforme du lycée a au moins le mérite d'avoir choisi et clairement indiqué les objectifs visés. C'est donc là-dessus qu'il faudra, dans les prochains mois, juger ses résultats :

-Permettre aux lycéens de se réorienter, et leur accorder plus longtemps un "droit à l'erreur". C'était la grande demande issue de la longue période de consultation qui a précédé la réforme. Et c'est l'objectif majeur de la moindre spécialisation des classes de première. Mais pourra-t-on réellement passer, par exemple, d'une première ES à une terminale S ? ou d'une première STI2D "numérique" à une filière "architecture" ? Les fameux "stages-passerelle" seront-ils partout mis en place et seront-ils efficaces ? Déjà des voix s'élèvent pour dire qu'un stage d'une semaine ne peut rattraper une année entière. D'autre part le fameux "droit à l'erreur" accordé aux élèves ne leur accorde aucunement le droit de passer outre la décision du conseil de classe qui peut toujours refuser une réorientation.

-Révaloriser le bac L et la filière littéraire. Le but est d'attirer plus d'élèves vers cette filière qui n'en accueillait plus que 10% ! Les deux heures d'enseignement de littérature étangères suffiront-elles à élargir les débouchés et lui à donner une image moins classique et plus contemporaine ? De très bons élèves pourront-ils renoncer à l'attraction de la série S censée "ouvrir toutes les portes", pour préférer décrocher ce bac littéraire ?

-Orienter davantage d'élèves et en particulier de lycéennes vers les séries technologiques et en particulier la série STI2D offrant d'excellents débouchés dans des secteurs d'avenir. Là encore, il faudra sans doute attendre quelque temps pour voir si la motivation peut être au rendez-vous, chez les enseignants comme chez les jeunes et leur famille.

-Limiter les redoublements et l'orientation par l'échec. C'est un des grands objectifs aussi de cette réforme, d'où les deux heures de soutien personnalisé introduit dans tous les emploi-du-temps des classes de lycée et les stages de remise à niveau. Là encore, tout dépendra de la façon dont les établissements pourront mettre en oeuvre ce soutien. On attend impatiemment les premières évaluations de terrain tout en sachant déjà que le bilan peut être très variable d'un lycée à l'autre. A suivre.

Lire aussi :
Une brochure présente les nouvelles classes de première
La réforme des bacs STI et STL se précise : lire en particulier les nombreux commentaires critiques d'enseignants



Rédigé par Laetitia Baldry le Dimanche 11 Septembre 2011
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