Réforme des études en soins infirmiers : derniers concours avant Parcoursup


Les concours d'entrée en IFSI de l'automne 2018 seront les derniers. A partir de 2019, le concours est remplacé par l'examen des dossiers via Parcoursup. Les élèves infirmiers bénéficient dès cette rentrée des mêmes droits que les autres étudiants de l'université.




Avant la grande réforme des études de médecine qui doit être annoncée le 17 septembre, les études d'infirmier(e) ont connu leur big bang durant l'été 2018.

Lors d'un déplacement dans un Institut de formation en soins infirmiers (Ifsi) début juillet à Caen, Agnès Buzyn, ministre de la Santé, et Frédérique Vidal, de l'Enseignement supérieur, ont officiellement annoncé la fin des concours d'entrée en IFSI et cela, dès 2019.

L'accès aux 326 Ifsi répartis sur le territoire français se fera désormais via l'examen du dossier des candidats qui devront postuler via la plateforme Parcoursup. 

Les concours organisés en octobre-novembre 2018 pour une entrée en janvier 2019 sont donc les derniers du genre.

Les nouvelles modalités d'entrée en Ifsi en 2019

- Les lycéens de terminale envisageant ces études, mais aussi les étudiants en réorientation devront donc placer la "Formation en soins infirmiers" dans leurs voeux d'orientation sur la plateforme Parcoursup entre janvier et mars.

- Ils pourront choisir l'Ifsi de leur choix en classant plusieurs Ifsi en sous-voeux. Ils devront surtout, comme pour les autres voeux, présenter un dossier scolaire, et un "avis de formation motivé" pour mettre en avant leur motivation et éventuellement les éléments de leur parcours professionnel ou étudiant pouvant témoigner de la maturité de leur choix.

- Les candidatures seront ensuite classées, après examen des dossiers, en fonction des "attendus" qui seront publiés nationalement ; comme cela se fait désormais pour les diverses filières universitaires.

"L’examen des dossiers sera réalisé selon des procédures harmonisées au niveau national, par chaque regroupement d’Ifsi", indique le ministère qui précise par ailleurs qu'il y aura toujours place pour "les différents profils de bacheliers". 

Autrement dit : les places ne seront pas toutes réservées aux bacheliers S. Les aides-soignants et les auxiliaires de puériculture conservent une voie d’accès spécifique au titre de la promotion professionnelle.

- Les candidats découvriront les réponses à leur candidature sur Parcoursup à partir du mois de mai. Certains candidats pourront recevoir la réponse "oui si", les obligeant à suivre un parcours de remise à niveau pour être admis. Du fait du grand nombre de candidatures par rapport au nombre de places jusqu'à présent (180 000 pour 31 000 places à pourvoir), un grand nombre de candidats se retrouveront donc en liste d'attente.

- Les places restées vacantes dans certains Ifsi (isolés géographiquement) seront remises "en jeu" dans la procédure complémentaire. et les candidats non admis pourront donc y postuler. Le gouvernement attend de la mesure une meilleure répartition des étudiants dans les Ifsi.

Le sort des étudiants en prépa Ifsi

La réforme stipule que "en 2019, le parcours des étudiants ayant suivi une préparation sera pris en compte et valorisé". C'est un moindre mal pour ceux et celles qui se sont engagés dans ces prépas en pensant passer un concours en 2019... avant d'apprendre la suppression du concours.

A partir de l'année prochaine, la suppression des concours compromet bien évidemment l'avenir des ces cursus, souvent privés et payants. Le communiqué du gouvernement indique que désormais "les «prépas IFSI» pourront mettre davantage l’accent sur l’acquisition de compétences complémentaires et la réflexion sur l’orientation et moins sur la préparation technique des épreuves." 

En réalité, la Fédération nationale de l'enseignement privé (Fnep) qui représente 200 prépas Ifsi a protesté contre la "précipitation" de la réforme et prévenu qu'elle risquait de compromettre des milliers d'emplois.

Toutes ne devraient cependant pas disparaitre, notamment celles proposées par des lycées publics ou privés, qui pourraient servir à accueillir les étudiants admis en "oui si". 

Les étudiants infirmiers sous la houlette de l'université

Cette réforme est un nouveau pas, très important, vers l'universitarisation des études en soins infirmiers. En 2009, une première réforme des études avait permis de conférer le grade de licence aux diplôme d'Etat d'infirmier(e). Chaque Ifsi avait dû nouer un partenariat avec une université et y organiser certains cours.

Mais jusqu'à présent, les inscriptions, la sélection par concours et la formation étaient entièrement du ressort de chaque Ifsi. Avec la fin du concours et la centralisation des candidatures sur Parcoursup, ces filières de formation se rapprochent donc de plus en plus du modèle universitaire.

Les Ifsi devraient pourtant garder leur modèle pédagogique très axé sur la professionnalisation.

De nouveaux droits pour les élève infirmiers

Autre point important de la réforme : dès cette rentrée 2018, les étudiants actuels des Ifsi vont enfin bénéficier de tous les mêmes droits et services que les autres étudiants.

Jusqu'à présent, les conventions entre IFSI et universités ne donnaient pas toutes les mêmes droits aux élèves infirmiers. Ils auront désormais tous une carte d'étudiant et pourront accéder par exemple à la bibliothèque universitaire, aux activités sportives, à la médecine préventive... bref à tous les services proposés par leur université de rattachement. Ils pourront aussi voter lors des élections universitaires.

"Aujourd’hui nous faisons un pas de plus vers l’Université, un pas de plus vers l’avenir de notre formation", s'est félicitée la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi) qui réclamait depuis longtemps ces mesures.


Avantages et inconvénients de la réforme

Ce syndicat étudiant s'est aussi félicité de la suppression du concours : "Cela marque la fin de la sélection sociale décriée depuis des années par la Fnesi, indique son communiqué. En effet, ce procédé, considéré comme archaïque et désuet pour beaucoup, enrichit les systèmes parallèles de préparations privées pendant que les candidat.e.s multipliaient les inscriptions aux concours et créent un effet d’afflux dans beaucoup d’établissements."

Le gouvernement, de son côté, estime que la suppression des concours va correspondre à une économie de 25 millions d'euros pour les familles, somme correspondant aux coûts d'inscription aux concours, aux frais de déplacement des candidats et aux sommes laissées dans les prépas.

Des syndicats professionnels ont, eux, regretté la suppression de l'oral d'admission qui permettait de vérifier la solidité psychologique des candidats face à un métier difficile. Objection à laquelle le gouvernement répond que le dispositif antérieur ne reposait que sur le concours alors que l'examen des dossiers permettra de prendre mieux en compte le parcours personnel et professionnel.

Vers un nouveau métier : l'infirmier de pratique avancée

Le gouvernement vient aussi d'ouvrir aux infirmiers diplômés d'Etat la possibilité d'exercer "en pratique avancée". Concrètement, après une formation de deux ans leur donnant le grade de master, ces infirmiers pourront suivre des patients confiés par un médecin pour le suivi de certaines pathologies chroniques.

Ils pourront prescrire des examens complémentaires, demander des actes de suivi et de prévention ou encore  renouveler ou adapter, si nécessaire, certaines prescriptions médicales.

La France avance prudemment sur les traces d'autres pays qui ont des personnels de santé non médecins mais aptes à poser certains actes médicaux. Ces auxiliaires médicaux pourraient intervenir comme assistants des médecins, notamment dans des maisons de santé et permettre une meilleure prise en charge des patients.

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Rédigé par La rédaction le Jeudi 6 Septembre 2018
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