Pilule contraceptive : tout ce qu'il faut savoir


"Mince j'ai oublié ma pilule !", "Elle ne fait pas grossir ?", "et toi, tu prends laquelle ?" Si de nombreuses jeunes femmes prennent la pilule, beaucoup en ignorent le fonctionnement. Économique et pratique, la petite plaquette n'a cependant pas que des avantages comme l'ont révélé les affaires sur des pilules de dernière génération. Les explications avec le docteur Joseph Bakar, gynécologue-obstétricien à l'hôpital de Mantes-la-Jolie.




Comment la pilule agit-elle pour bloquer la fertilité ?

Joseph Bakar : "Une pilule contraceptive est composée d’hormones, les œstrogènes et la progestérone. Ces hormones vont bloquer les ovaires en les mettant au repos. Elles modifient également la muqueuse tapissant l’intérieur de l'utérus, qui n'est alors plus apte à accueillir un éventuel œuf. Enfin, le col de l'utérus s'épaissit pour empêcher les spermatozoïdes d'atteindre l'ovule. Si on ne l'oublie pas, la pilule est efficace à plus de 99%.

A partir de quand peut-on prendre la pilule ?

ll n'y a pas d’âge seuil mais dès le début de sa vie sentimentale, lorsqu'il y a rapport sexuel, une grossesse est possible et il faut penser à la contraception. La meilleure personne avec qui en parler est son médecin de famille, généraliste ou pédiatre, en qui on a confiance. C'est la première chose à faire avant de se rendre chez le gynécologue. Il est mieux d'y aller avec un membre de sa famille, une amie, une cousine, quelqu'un de confiance. Si on a moins de 18 ans, la présence d'une personne majeure est indispensable chez le gynécologue.
 
La pilule peut également être une solution à des troubles rencontrés par certaines jeunes femmes. Je pense par exemple à l'acné ou aux règles irrégulières et douloureuses. Dans ce cas, la prise de la pilule peut aider à harmoniser les phénomènes hormonaux. Pour les femmes qui souffrent de kyste ovarien, c'est également un bon remède car en bloquant l'ovulation, l'ovaire n'est plus sollicité.

Quelle est la différence entre les pilules de 1ère, 2ème et 3ème génération ?

Les pilules de première génération sont également les plus anciennes. Elles sont composées d'œstrogènes et de progestérone à doses assez importantes. Ce sont celles pour lesquelles on observe le plus d'effets secondaires comme la prise de poids, la rétention d’eau, la chute de la libido ou des sautes d’humeur. C'est pour limiter ces effets secondaires que l'on a mis au point les autres générations de pilules.

Pour la deuxième génération, la plus courante, le progestatif est différent. Enfin, depuis les années 1990, on a les pilules de troisième génération. On parle même parfois de quatrième génération qui n'en est pas vraiment une. Celles-ci ont une dose moindre d’œstrogènes pour diminuer au maximum les effets secondaires et être proposées aux femmes qui ne tolèrent pas les pilules de deuxième génération.

Quelles sont les contre-indications à la prise de la pilule ?

Prendre la pilule est un choix et il faut savoir que comme tout traitement hormonal, cela peut avoir des conséquences.

Je le répète, avant d’aller voir le gynécologue, parlez en avec un médecin qui vous connaît bien, car comme je dis souvent, la première contre-indication c’est l’histoire familiale. Lorsque l'on souffre de cholestérol, d'hypertension ou qu'il y a des antécédents dans sa famille, la pilule peut aggraver la situation.

La  cigarette est également un ennemi. Le mélange tabac et pilule est très dangereux. 

Certaines pilules sont-elles plus à risque que d'autres ?

C'est avec les pilules de troisième génération que l'on a observé des accidents comme des thromboses par exemple. Admettons que pour les pilules de première génération, des complications touchent 2 femmes sur 10 000, elle pourraient concerner 3 femmes sur 10 000 pour les deuxième génération et 6 femmes sur 10000 pour les pilules de troisième génération. C'est exceptionnellement rare mais le risque existe malgré tout.
 
Pour limiter les complications, lors du premier rendez-vous, le gynécologue va essayer de cerner votre profil afin de vous donner la pilule la plus appropriée à votre histoire familiale. Il est également important de faire tous les examens qu'il prescrit suite au premier rendez-vous pour prévenir des risques éventuels.

Au quotidien, comment savoir si la pilule que l’on prend ne nous convient pas ?

Il faut se poser des questions. Si l'on a des migraines, que l'on ne se sent pas bien, qu'on a du mal à se concentrer, c'est peut être des effets de sa pilule.

Dans ce cas, le mieux est d'arrêter la prise à la fin de son cycle mais avant toute chose, parlez-en avec votre médecin. Ce n'est pas une décision à prendre à la légère.

Si, bien entendu, c'est insoutenable, il faut arrêter immédiatement et prendre rendez-vous pour changer de pilule voire de contraceptif.

Les jeunes femmes qui vous consultent sont-elles conscientes de l'engagement que représente la pilule ?

Il n'y a aucune fatalité à prendre la pilule. Il faut réfléchir intelligemment et ne pas faire un choix "automatique".  C’est une décision qui dépend de son corps. Le premier contraceptif est un choix important. C'est l’un des moments où l’on peut prendre sa vie et son corps en main. Si l’on fume, bien sûr la pilule n’est pas une bonne idée. Si l'on est tête en l'air, la prise quotidienne régulière peut être difficile à tenir.

Sans partenaire stable, le préservatif est efficace et approprié. Il protège également des maladies sexuellement transmissibles, ce qui, rappelons le, n’est pas le cas de la pilule. Encore une fois, l'important est d'en parler avec son gynécologue".

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Propos recueillis par Jeanne Lavenant
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