Lycée : la réforme des séries STI et STL se précise

Tags : réforme du lycée

La réforme du lycée était connue pour les séries générales et la voie professionnelle, le gouvernement a dévoilé son projet pour les séries technologiques conduisant aux bacs STI et STL. Luc Chatel présente sa copie le 1er avril 2010 au Conseil supérieur de l'éducation.

Lycée : la réforme des séries STI et STL se précise

Si des enseignements avaient besoin d'un coup de neuf au lycée, ce sont bien ceux des séries Sciences et technologies industrielles (STI) et Sciences et technologies de laboratoire (STL). Leur programme, pas revu depuis plus de vingt ans, sentait un peu le renfermé et souffrait d'une image "industrielle" négative alors que l'univers technologique contemporain évolue à vitesse V !

Premier défaut de ces séries, un trop grand nombre de spécialités (pas moins de 17 en tout !) et qui vous enfermaient dans un secteur dès la première. Pas moyen par exemple de vous orienter vers le BTP après le bac si vous aviez fait un bac STI génie électronique (et non génie civil), ou d'aller vers l'informatique avec le bac STI génie mécanique (et non génie électronique). Or, il n'est pas toujours aisé de savoir en seconde si l'on préférera le génie électronique ou électrotechnique, sans compter que l'orientation est souvent faite en fonction de l'offre des établissements et non du goût des élèves.

Des spécialités plus larges, liées au monde technologique actuel

A cela, la réforme répond donc par une simplification des spécialités.
La série STI serait organisée en quatre spécialités :

Innovation technologique et éco-conception
système d’information et numérique
énergies et développement durable
architecture et construction.

La série STL comporterait deux spécialités :

biotechnologies
sciences physiques et chimiques appliquées en laboratoire.

L’actuelle spécialité "arts appliqués" de la série STI constituerait le cœur de la nouvelle série sciences et technologies du design et des arts appliquées (STD2A).

On le voit : les spécialités sont moins nombreuses et donc plus larges, pour éviter "d'enfermer" prématurément l'élève dans une hyper-spécialisation. On pourra d'ailleurs changer de spécialité en cours de première (comme dans les séries générales). D'autre part, elles sont un peu plus glamour que les intitulés anciens (génie électonique, génie des matériaux) et en prise avec les secteurs appelés à se développer en terme d'innovation et d'emplois.

Faciliter la poursuite d'études avec un meilleur niveau d'enseignement général

Enfin, la réforme veut élargir les débouchés de ces séries et faciliter les poursuites d'études. Pour cela, les enseignements généraux sont renforcés : l'enseignement d'une deuxième langue devient obligatoire (indispensable par exemple pour intégrer une école d'ingénieurs).
Le projet de réforme prévoit donc que les enseignements soient structurés en trois groupes :

un tronc commun d’enseignements généraux avec deux langues vivantes obligatoires, contre une seule aujourd’hui
des enseignements technologiques pour partie transversaux et pour partie spécifiques à chaque spécialité
un accompagnement personnalisé pour tous les élèves, comme dans l’ensemble des séries du nouveau lycée.

L'accompagnement de deux heures par semaine est comparable au soutien dont bénéficieront aussi les élèves des séries générales. L'objectif est ainsi d'aider à combler les lacunes, à cerner son projet d'avenir, il est aussi d'encourager les lycéens technologiques à envisager des études postbac ambitieuses.
Avec deux langues, un enseignement général plus solide, ils seront mieux armés pour envisager des poursuites d'études en IUT, écoles d'ingénieurs postbac, ou classes préparatoires aux grandes écoles (dans les voies TSI notamment). C'est en tout cas, l'un des objectif de cette réforme.

Une réforme pour quand ?

Le gouvernement prévoit une entrée en vigueur de la réforme en premières STI et premières STL à la rentrée 2011, et en terminale STI et terminale STL à la rentrée 2012. Il faut toutefois que la réforme soit entérinée par le Conseil supérieur de l'éducation, à qui elle sera présentée le 1er avril 2010.

Du côté enseignant, le projet du gouvernement a été plutôt bien accueilli. Les enseignants suivront des formations pour préparer les nouveaux programmes. Quant aux établissements, ils auront à évoluer doucement vers les nouvelles spécialités en fonction de celles qu'ils ont déjà : si les séries STI génie civil iront naturellement vers "Architecture et construction", certains (en fonction de leurs équipements) pourront aussi proposé "Innovation technologique et éco-construction". Les séries STI "génie électrotechnique" iront vers "Energie et développement durable", de même que les "génie énergétique".

Envoyer à un ami Version imprimable

Rédigé par Michèle Longour le Mardi 16 Mars 2010

Qu'en pensez-vous ?

Du plus récent au plus ancien | Du plus ancien au plus récent

26.Posté par Jean-Paul le 21/11/2010 22:53

Franchement il faut être totalement absent de notre système éducatif pour affirmer qu’il est impossible de faire des études dans le BTP en sortant d’un bac STI électronique. En plus de 15 ans de carrière je peux vous citez d’innombrables exemples de STI (Génie Mécanique) ayant poursuivis leurs études en STAPS, Fac d’histoire, BTS réseau et communication…Je n’ai par contre qu’un cas à vous citez d’un élève (STI génie méca) ayant été en fac de médecine.
Concernant les prépas TSI on en envoie régulièrement.
Avec un bac on peut faire ce qu’on veut, c’est ce que j’ai toujours dis à mes élèves, je ne vois pas en quoi cette réforme changera les choses, c’est ridicule.
Formateur en BacPro Aéronautique j’ai même vu passer une demoiselle titulaire d’un bac L passer son BacPro Aéro et l’obtenir.
C’est une réforme structurelle qui ne sert qu’à faire des économies, bon sang piquez l’argent là où il est ! Faire des économies sur la formation c’est une honte !

27.Posté par Guillaume le 01/12/2010 20:36

Je pense que tous les arguments ont été apportés par mes collègues. Je suis glacé d'effroi en voyant comment nos décideurs habités par le dogmes et parfaitement incultes massacrent notre outils. Réformable, certes, mais pas à détruire. Je pense que beaucoup d'entre nous voulaient une réforme... mais pas dans ces proportions et pas comme ça... Je me sens trahi alors que nous passons tant de temps à essayer de communiquer notre passion à nos enfants comme nos parents et nos enseignants nous l'ont eux-même donnée... Nous sommes jetés comme de vulgaire Kleenex.... Mais bon sang, la science appliquée n'est-elle pas le coeur de la société de demain au même titre que les sciences fondamentales?? Nos décideurs ne sont que des idéologues néolibéraux... Adieu les émerveillements des gamins, le plaisir de les voir se poser des question sur la nature des choses, le pourquoi du comment.. le surpassement... Bonjour la consommation et tous ses artifices... Adieu la physique appliquée.. Adieu mon amour...

28.Posté par Eric le 18/02/2011 13:40

Cette réforme est une véritable casse de l'enseignement technique du 2nd degré, surtout au moment où l'industrie à besoin de plus d'ingénieurs d'application d'après l'inspection.En effet, l'inspection demande d'être polyvalent sur plusieurs matières technologiques (mécanique, électronique, génie civile par exemple): bravo la pédagogie. Imaginez: ces spécialités qui ont demandées minimum 2 ans d'étude après le bac, alors que le plan de formation des inspections est réparti sur quelles demi journées: c'est un scandale! Imaginé les futurs élèves et leurs difficultés a appréhender ces différentes enseignements si nous même sommes sous formés. C'est environ 134000 élèves d'Iles-de-France qui auront plus de mal à accéder à ces formations performantes ou courtes comme les BTS qui sont visées par cette réforme pré-bac. Si on rajoute le dogme de la politique actuelle consistant à ne pas remplacer 1 fonctionnaires sur 2 partant à la retraite et celui de verser une prime au proviseur les incitant à choisir les spécialités qu'ils veulent garder pour leur établissement: la coupe est pleine. D'ailleurs, ils devraient bien ne pas l'accepter (à moins qu'il ne soient trop cupide), comme certains on bien fait de ne pas accepter les palmes académiques (l'appel des 47). A mon avis la rentrée 2011 sera explosive et malheureusement pénalisera les jeunes une fois de plus. Si on rajoute aussi que 4 millions d'euros ont été transféré du public vers l'enseignement privé (de source syndicale): c'est une fois de plus les familles les plus riches qui seront favorisés. C'est surtout l'enseignement public qui risque de vaciller très fortement et les formations privés qui devront aussi s'adapter à ces changements explosifs. En terme financier, les économies à court terme fait sur le dos des fonctionnaires est un calcul macabre, pour nous mais aussi pour toutes les conséquences que cela entrainent à court et long termes. Car comme je l'ai entendu sur la 1ère radio de France qui ne voulait pas soutenir les diplômes des BAC technologiques: c'est tout simplement faire vaciller l'industrie française dans tout son ensemble et augmenter le chomage. Ne pas aider l'enseignement public, c'est tout simplement se tourner vers un système hyper-capitaliste, ou le plus riche peut payer des études et le moins riche ramasser les miettes. La guerre nous est déclaré, mon action sera le bulletin de vote. Un prof.

29.Posté par Maman de Lucas le 09/06/2011 16:18

aujourd'hui mon fils en 1ere STI Génie Mécanique / Productique a eu un avis de redoublement. Redoubler sa STI, c'est quitter le monde de l'expérience, de l'apprentissage par la découverte, de la manipulation des matériaux, machines, programmes. Redoubler, c'est entrer dans une filière généraliste (autre intitulé pour "tronc commun")...tout ce qui le faisait fuir. Autre solution, le laisser passer coûte que coûte en terminal, en croisant les doigts pour qu'il réussisse son bac DU PREMIER COUP! Parce-que la promotion qui était en première en 2010/2011, si elle rate son bac en 2011/2012, que devient-elle? Sur quel programme lui fait on repasser le bac en 2012/2013??? Ces élèves deviennent-ils des bannis? Devrait-on commencer à rédiger un best-seller : " Les STI 2010/2011, les oubliés de la société"? S'il redouble, il lâchera prise avec ce programme généraliste, s'il passe en terminal et ne réussit pas son bac l'année prochaine, il est retour à la case départ: la seconde.
La roulette russe, c'est ici, c'est en 2011 et c'est en France.
Mon fils avait un point fort: des professeurs motivés, impliqués, professionnels. Un d'entre vous à écrit: "enseigner c'est savoir communiquer une passion". Je sais que demain vous ne serez plus passionnés, on vous a coupé les ailes. Je souffre sincèrement avec vous, pour vous, pour nos enfants et pour l'industrie française.

30.Posté par emde le 10/07/2012 17:35

quel avenir pour les redoublant de la sti

31.Posté par Michèle Longour le 10/07/2012 22:00

@ emde
Pour ceux qui ont hélas raté leur bac STI en 2012, il y a des mesures spéciales qui ont été prises pour le bac 2013 par l'Education nationale.
Voir l'arrêté sur la page
http://www.ac-paris.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2012-04/arrete_du_30_mars_2012_relatif_aux_dispositions_transitoires_liees_a_la_renovation_des_series_sti_et_stl_jorf_du_11_avril_2012.pdf

@maman de Lucas
Le sort de votre fils doit être fixé maintenant, excusez mon retard. S'il est passé en terminale, qu'il se fasse bien suivre et accompagné dès le début de l'année et qu'il se motive en formant un projet de poursuite d'études (par exemple en BTS et en DUT qui l'emballe) : cela va donner du sens à son travail et l'aider à réussir.
Si jamais il redouble, certes, les programmes changent beaucoup, mais il ne tombe tout de même pas dans une filière de bac général, la coloration technologique reste. Les exigences en physique-chimie pure seront moins élevées, et s'il était un peu juste, cela peut lui convenir bien aussi.
Dans les deux cas, le plus important est de l'aider à décoller pour former un projet qui le motive : si c'est l'univers des machines et de l'industrie qui l'attire, qu'il étudie les débouchés, les métiers, qu'il aille aux journées portes ouvertes...

http://www.reussirmavie.net