Les jeunes Sénégalais manifestent à Dakar contre la candidature du président Wade


La tension monte au Sénégal à l'approche des élections présidentielles du 26 février 2012. Les manifestations se multiplient contre la candidature du président sortant, Abdoulaye Wade, âgé de 85 ans, qui veut se représenter pour la troisième fois.




Abdoulaye Wade, le président sénégalais.
Des milliers de personnes se sont regroupées le 31 janvier 2012, sur la place de l'Obélisque à Dakar. Parmi eux beaucoup de jeunes, étudiants ou chômeurs, ainsi que des membres du mouvement d'opposition M23. Ils contestent la candidature du chef de l'Etat Abdoulaye Wade à la présidentielle du 26 février.

Agé de 85 ans et président depuis 2000, M. Wade a cependant décidé de se représenter pour un troisième mandat de 7 ans ! Il a pour cela fait modifier la constitution qui n'autorisait auparavant que deux mandats présidentiels. Et le conseil constitutionnel (constitué d'amis du président) a confirmé la validité de sa candidature, mettant le feu aux poudres.


Ce rassemblement s'est tenu après des violences qui ont déjà éclaté le 27 janvier à Dakar et dans d'autres villes à l'annonce de la validation de la candidature Wade.

Lundi 30 janvier, deux personnes ont été tuées et plusieurs blessées lors d'une marche d'opposants à Podor dans le Nord.

Pour le M23, la candidature de Wade est un "coup d'Etat constitutionnel". Cette formule de "coup d'Etat constitutionnel" a également été utilisée mardi par le célèbre chanteur Youssou Ndour. Internationalement connu, Youssou Ndour souhaitait se présenter à l'élection présidentielle. L'artiste a beaucoup investi dans son pays et mené divers projets de développement. Sa candidature soulevait donc un certain enthousiasme, mais elle a été rejetée par le Conseil constitutionnel. Youssou Ndour a donc appelé "à manifester dans la paix" contre ce "coup d'Etat".

"Il y aura des initiatives qui vont bloquer le pays", a-t-il dit sans préciser lesquelles, ajoutant: "Nous avons une stratégie autour du refus du coup d'Etat civil qu'on ne voit pas, mais qu'on vit".

La candidature d'Abdoulaye Wade n'est pas seulement contestée par ses opposants : les Etats-Unis l'ont invité à "laisser la place à la prochaine génération".

L'Union européenne a "condamné dans les termes les plus forts tous les actes de violence" et appelé "toutes les parties à faire preuve de retenue et à opter pour le dialogue, dans l'intérêt de la tenue d'élections pacifiques, libres et équitables".

La démocratie sénégalaise en danger ?

Etat africain au régime démocratique, le Sénégal n'est pas habitué à la violence. Jusque-là les présidents de la République ont respecté le verdict des urnes.

D'où l'inquiétude des observateurs qui craignent une dérive autoritaire de la part du président sortant, soutenu par la puissance confrérie musulmane mouride.

Divisée, l'opposition semble impuissante à s'opposer à la réélection de M. Wade. Reste la pression de la rue qui pourrait s'intensifier d'ici la fin du mois de février. Les jeunes Sénégalais ne disent-ils pas qu'ils veulent s'inspirer des insurrections du printemps arabes ?



Rédigé par le Mercredi 1 Février 2012
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