La réforme du lycée est reportée


Le ministre de l'Education nationale Xavier Darcos a annoncé le 15 décembre le report de la réforme du lycée qui devait être mise en oeuvre à la rentrée 2009 en classe de seconde. Face aux attaques et aux récentes manifestations de lycéens et d'enseignants, le gouvernement choisit de reprendre une large concertation pour "restaurer l'esprit de consensus" qu'il avait réussi à instaurer au départ.




Xavier Darcos devait tenir mardi 16 décembre une grande conférence de presse pour présenter le deuxième volet de sa réforme du lycée. Le 21 octobre 2008, il avait déjà dévoilé le plan pour la nouvelle classe de seconde (notre article). On attendait donc impatiemment l'acte II pour savoir à quoi ressemblerait la nouvelle première, puis la nouvelle terminale et au-delà, le nouveau bac.

Mais le 15 décembre, le ministre a publié un communiqué où il indique qu'il a décidé de "laisser plus de temps pour la mise en œuvre de la réforme de la classe de seconde initialement prévue à la rentrée 2009 dans le cadre de la réforme du lycée".

La réforme n'est pas annulée mais devra "faire l’objet d’une large concertation avec les représentants des enseignants, des lycéens et des familles", indique le ministère.

Pourquoi ce report de la réforme du lycée ?

Le moins que l'on puisse dire, c'est que la nouvelle a surpris : il y a deux jours à peine, le ministre redisait dans des journaux son désir d'avancer et vite. "Je ne suis pas le ministre de l'hésitation nationale", a-t-il déclaré le 11 décembre.

Oui mais, entretemps, les manifestations de lycéens de plus en plus violentes, l'appel à des "réveillons revendicatifs" dans les lycées, la grogne persistante des profs contre les suppressions de postes ont largement tendu l'atmosphère, le tout dans le contexte d'une grave crise économique et sociale.

Le gouvernement, et sans doute l'Elysée, choisissent donc de calmer le jeu en reportant la réforme, car "dans ce contexte qui expose la sécurité des lycéens et des personnels, les conditions d’un dialogue serein et responsable ne sont plus réunies" indique-t-il. Il est clair que le pouvoir ne peut se permettre d'affronter en cette fin 2008 un grand mouvement revendicatif du monde enseignant et de la jeunesse, type anti-CPE, ou pire, des émeutes violentes comme celles qui ont enflammé la Grèce ou les banlieues française en octobre 2005.

Les principes de la réforme qui faisaient consensus

Pourtant, Xavier Darcos rappelle dans son communiqué que la réforme du lycée dont il a présenté les contours le 21 octobre 2008 "est bâtie sur un très large consensus des lycéens, des enseignants et des familles". Deux protocoles d'accord ont bien été signés avec les représentants des enseignants et des lycéens en juin 2008.

La philosophie de la réforme, qui consiste à rendre l'enseignement au lycée moins rigide, avec moins de cours magistraux et plus de temps pour le soutien et le travail personnel avait même séduit largement tous les partenaires éducatifs.
L'objectif est notamment de mieux préparer les lycéens aux études supérieures, en laissant plus de place aux travaux personnels. Une année scolaire divisée en deux semestres, comme à l'université, et deux demi-semestres, pour mieux équilibrer le calendrier et améliorer le suivi était aussi prévue.

Enfin, un gros effort devait être fait pour aider les lycéens à mieux s'orienter, notamment en leur permettant d'essayer davantage d'options en seconde, et de passer plus facilement d'une filière à l'autre.

Une réforme reportée ou mise aux oubliettes ?

Depuis la présentation de la nouvelle seconde toutefois, une polémique avait opposé le ministère aux enseignants de Sciences économiques et sociales (SES) qui voyaient leur discipline disparaître du "bloc obligatoire" pour devenir une option. Xavier Darcos avait semble-t-il cédé en acceptant de réintéger les SES dans les disciplines obligatoires. Mais les enseignants, déjà sous pression du fait de suppressions de postes, craignaient aussi que la réduction des heures de cours magistraux ne fragilise leur emploi et leurs rémunérations.

Xavier Darcos souhaite donc "restaurer le consensus" et reprenant le dialogue et "en abordant sans tabou tous les sujets, qu’il s’agisse de la place des enseignants dans ce futur lycée ou de l’équilibre respectif des disciplines" indique-t-il dans son communiqué.

Le dialogue sera-t-il effectivement repris ou la réforme mise aux oubliettes comme le furent beaucoup d'autres avant elle sous la pression de la rue ? On le saura dans les prochaines semaines. Une chose est sûre : les élèves de troisième en 2008-2009 ne bénéficieront pas des nouveautés envisagées pour la classe de seconde à la rentrée 2009.
Quant au bac, sujet sensible par excellence, il ne sera pas réformé avant 2013 au plus tôt.



Rédigé par le Mardi 16 Décembre 2008
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