La réforme des études de médecine votée à l'Assemblée


La réforme des études médicales, en particulier de la première année de médecine, a été votée à l'Assemblée nationale le 16 décembre et doit passer prochainement au Sénat. Valérie Pécresse a confirmé dans une interview au Quotidien du médecin le 8 décembre qu'elle veut toujours mettre en place la réforme à la rentrée 2009. A la place de la PCEM1 actuelle, l'objectif est de créer une filière L1 santé unique qui permette de faire, au choix, médecine, sage-femme, dentaire ou pharmacie. Explications.




La réforme des études médicales se fera-t-elle en septembre 2009 ? Malgré les délais très serrés et les doutes émis par les syndicats étudiants, le gouvernement veut toujours mettre en place la réforme des études médicales à la rentrée 2009. Valérie est très ferme là-dessus dans le Quotidien du médecin : "Le report, dit-elle, n'est pas la solution au gâchis humain que l'on connaît depuis des années en première année de médecine ! [...] Je souhaite que cette réforme puisse entrer en vigueur le plus vite possible. Elle a été faite dans l'intérêt des étudiants".

La loi instituant la nouvelle année d'études médicales appelée "L1 Santé" été adoptée en première lecture à l'Assemblée nationale le 16 décembre. Mais pour être mise en oeuvre à la rentrée 2009 dans les facs de médecine, plusieurs décrets d'application devront être pris par exemple pour définir les réorientations qui seraient proposées aux étudiants trop faibles au bout d'un semestre, les équivalences qui seraient offertes aux "reçus-collés", et les moyens financiers et pratiques pour rassembler en un seul cursus les étudiants en médecine et en pharmacie (par exemple, comment trouver les lieux d'enseignement nécessaires, etc).

La mise en oeuvre est donc toujours programmée pour septembre 2009, mais pas encore sûre.

Quels sont les principaux points de réforme retenus ?

Trois grands changements :
1/ Une première année commune à 4 professions de santé, L1 Santé, est mise en place : elle conduira aux métiers de médecin, sage-femme, odontologiste ou pharmacien.
A la fin de l'année, les étudiants pourront passer jusqu'à 4 concours distincts, en fonction de l'orientation qui les intéresse. Le système actuel qui consiste à réserver l'entrée en formation de sage-femme et d'odontologie aux candidats moins bien placés au concours (par rapport à médecine) de PCEM1 serait supprimé. "Il ne faut pas que l'on devienne sage-femme ou dentiste parce qu'on n'a pas pu être médecin mais parce qu'on l'a choisi."

Les étudiants choisiraient donc de s'inscrire pour tel ou tel concours (ou plusieurs), sans doute en début d'année de L1, mais Valérie Pécresse précise : "Les étudiants disposeront d'un droit au remord s'ils constatent que la filière choisie de leur convient pas". Autrement dit, on pourrait changer son inscription en cours d'année. Cela dit, la formation de L1 serait commune à tous, seuls les coefficients des concours seraient différents.

2/ La réorientation précoce de tous les étudiants en échec à la fin du premier semestre (S1) de la L1. L'idée est de proposer dès le résultat de janvier à ceux qui sont trop faibles, une réorientation pour leur éviter un échec très probable. "Il faut absolument qu'on puisse être réorienté dès février vers d'autres filières scientifiques, explique Valérie Pécresse. Ca ne sert à rien de laisser des jeunes dans un tunnel de deux ans au bout duquel ils se rendront compte qu'ils n'avaient aucune chance de réussir."

La ministre parle de ceux qui ont des résultats "très nettement insuffisants". Elle n'évoque plus dans le Quotidien du médecin la note de 7 sur 20 qui, dans le premier projet de réforme, devait entraîner une réorientation obligatoire. "Il n'y aura pas de couperet mais il y aura l'ouverture dans les universités de semestres de rebond", dit Valérie Pécresse.

3/ Les étudiants qui auront la moyenne de 10/20 au concours de médecine mais ne seront pas classés dans le numérus clausus valideront tout de même leur L1 Santé : les "reçus-collés" d'aujourd'hui qui se retrouvent sans rien après deux années de médecine auront des équivalences pour poursuivre des études en deuxième année de licence (L2). Les facultés de médecine doivent travailler début 2009 pour déterminer les filières vers lesquelles ils pourront aller.

Y aura-t-il d'autres voies que la L1 santé pour devenir médecin ?

Début 2008, la possibilité de créer un autre concours pour les bacs ES ou L avait été évoquée (et très critiquée). Manifestement, l'idée n'est pas retenue au niveau du bac, mais Valérie Pécresse reste attachée à offrir d'autres voies pour devenir médecin que le passage par la L1 Santé : "Je veux favoriser les passerelles, dit-elle au Quotidien du médecin. Je considère qu'il n'est pas normal que, dans notre pays, l'on ne puisse pas devenir médecin en ayant suivi un autre parcours auparavant. Il y a dans les études de médecine un profond facteur humain. La sélection par le seul cursus de première année n'est pas satisfaisante car les paramédicaux et les étudiants littéraires n'ont pas leur chance de devenir médecin".

Concrètement, un accès à la deuxième année de médecine serait ouvert pour des étudiants diplômés de master (bac + 5) ou de doctorat (bac + 7). "Cela peut intéresser les étudiants de filière scientifique mais nous n'avons pas encore d'idée sur le nombre de places qui leur seront accordées. Cela sera calculé en fonction du numerus clausus, en concertation avec le ministère de la Santé.

Les idées abandonnées

Parmi les propositions faites ou évoquées en 2007-2008 et qui ne sont manifestement pas retenues :
- La sélection sur dossier à l'entrée en première année de médecine : une mesure réclamée par les doyens des facultés de médecine, mais en contradiction avec la tradition française de libre accès à l'université. Valérie Pécresse redit le choix du gouvernement : "Nous changeons de modèle avec le L1 Santé. Les étudiants qui auront la moyenne auront la L1 Santé mais pas leur première année de médecine s'ils ne sont pas classés dans le numérus clausus. C'est un changement radical".

- La note de 7/20 éliminatoire au premier semestre, ou la création d'un concours réservé aux autres bacs que le bac S. Par contre, pour éviter que des étudiants trop faibles ne s'inscrivent en L1 Santé, les universités vont mieux informer les étudiants de terminale. "Il faut que les universités soient très claires dans ce domaine et qu'elles disent bien aux étudiants que s'ils n'ont pas un bon bac scientifique, ils ont très peu de chances de réussir [...] Si cette orientation est bien faite, nous aurons moins d'étudiants inscrits et de redoublants. Ce serait souhaitable."

- L'idée de la "prime aux primants", c'est-à-dire un pourcentage de places qui auraient été réservées aux primants au concours de médecine (pour éviter que les doublants raflent trop de places). "Cette idée étaient trop complexe à mettre en place et à faire accepter aux étudiants", explique la ministre.

Pour en savoir plus, il faut donc attendre la mise en place de la loi L1 Santé adoptée à l'Assemblée nationale le 16 décembre et bientôt au Sénat et surtout les décrets d'application début 2009. Réussir ma Vie suit ce débat : bientôt de prochains articles.



le Vendredi 12 Décembre 2008
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