"L'école de la deuxième chance m'a donné envie d'aller loin"


A 18 ans, Gady est arrivée en France de sa Guinée natale sans aucun diplôme. Après un passage dans une "Ecole de la deuxième chance", elle travaille dans le marketing direct et projette de créer son entreprise d'événementiel.



Gady Youla
"En Guinée, j'ai arrêté l'école en troisième, raconte Gady, Guinéenne de 22 ans qui en 2007 a débarqué en France pour rejoindre sa famille installée à Meaux (Val-de-Marne). Je voulais être esthéticienne, mais une fois en France, j'ai vu que ce n'était pas si simple. L'école d'esthétique à Paris était vraiment trop chère pour ma famille".
"Comme il fallait bien vivre et que je n'avais pas de diplôme, j'ai donc fait des petits boulots : j'ai été vendeuse, caissière chez Lidl, mais ça ne me plaisait pas du tout : je n'avais pas d'initiative, et moi qui aime entreprendre, je m'ennuyais !"

Là où certains se seraient résignés, Gady décide de se prendre en main. Elle pousse la porte d'une Mission locale pour chercher une formation et se voit orientée sur l'Ecole de la deuxième chance (E2C) de Meaux, un lieu spécialement conçu pour les jeunes qui ont quitté l'école sans diplôme.

A l'E2C, on m'a encouragée dans mon projet

"On m'a fait passer des tests, explique Gady, pour situer mon niveau. J'avais des lacunes, mais ça m'a stimulée, et surtout, on m'a demandé ce que je voudrais faire et j'ai pu expliquer mon projet".
A son arrivée dans une E2C, tout jeune est en effet aidé à former un projet professionnel correspondant à ses talents. "Moi j'avais déjà un projet de création d'activité : je voulais monter un projet pour fournir aux femmes africaines des produits de beauté. Là-bas elles adorent se faire belles, mais elles n'ont pas de produits !"

Réaction des cadres de l'E2C de Meaux : "Ils m'ont dit que j'étais ambitieuse, et ils m'ont encouragée, se souvient Gady. Et ça m'a beaucoup aidé à prendre confiance en moi !". Un vrai coup d'accélérateur qui aide la jeune fille à avaler en neuf mois le programme de remise à niveau concocté pour elle : français, maths, anglais, droit, bureautique... Une E2C reste en effet une école, mais chacun y suit à son rythme les cours qu'il lui faut en fonction de son objectif professionnel.

J'ai fait mes stages dans l'événementiel, j'ai beaucoup aimé

Gady (à dr.) avec ses camarades de l'E2C de Meaux.
Et pour Gady, l'E2C met au programme des éléments sur l'entrepreneuriat. "J'ai pu aller me renseigner à la  Chambre des métiers, découvrir tout ce qu'il faut faire pour créer son entreprise, les aides que l'on peut obtenir, j'ai appris beaucoup de choses", se félicite-t-elle.
Clés de voûte du système, les stages. De contact facile, Gady bénéficie de l'expérience d'un de ses camarades qui lui indique une petite société organisant des fêtes pour les familles de confession juive. "J'y ai fait plusieurs stages, et j'ai beaucoup aimé. Je m'occupais de trouver les salles, la déco, de démarcher de la clientèle, j'ai même tenu le stand au salon du mariage"...

Cette activité dans l'événementiel lui plaît tant, que c'est dans ce domaine qu'elle compte maintenant créer son entreprise : anniversaires, mariages, fêtes religieuses ou de famille. "Je pourrais m'occuper des lieux, de la déco, de la coiffure et des maquillages..." Gady est pleine d'imagination, et se donne encore quelques mois pour monter son projet et surtout, rassembler les fonds nécessaires.


J'ai envie d'aller loin maintenant !

Depuis sa sortie de l'Ecole de la deuxième chance, elle s'est donc lancée dans le marketing direct en devenant commerciale dans le réseau de téléphonie numérique MyACN.
"J'ai un statut d'indépendant, je travaille de chez moi, je dois trouver des clients pour ACN qui propose par exemple des super visiophones et des forfaits téléphoniques très intéressants."

Pour rentrer dans le réseau de représentants, elle a versé 477 euros ("une grosse somme pour moi"), mais n'a eu aucune peine à rentrer dans ses frais grâce à ses commissions. Basé sur le contact direct, cette méthode de vente lui va en effet plutôt bien. "Je fonctionne aussi beaucoup avec le réseau de mes amis, il faut s'entraider"...

Depuis que l'E2C lui a remis le pied à l'étrier, elle se sent prête à renverser les montagnes : "Je ne vais pas m'arrêter, j'ai envie d'aller loin maintenant ! Quand je vois des jeunes assis à ne rien faire devant mon immeuble, j'ai envie de leur dire "Avance, va à l'Ecole de la deuxième chance !".
Son seul regret ? "Je n'aurais pas dû arrêter l'école si tôt, j'aurais vraiment dû continuer après la troisième. Aujourd'hui je me rends compte combien cela me manque".
Gady ne se laisse pourtant pas abattre : "J'espère pouvoir faire prochainement une formation en gestion, car j'en aurai besoin pour mon entreprise"...

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Mardi 11 Juin 2013

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