'J'ai compris que le bonheur et l'amour étaient en moi'

Luclétia, arrivée seule en France à 19 ans



D'origine franco-togolaise, Luclétia n'a pas eu un parcours facile. Une enfance heureuse au Togo et puis... une famille qui se brise, le départ pour la France, la solitude, les larmes, une grossesse inattendue. Mais il y a aussi eu des mains tendues, des personnes pour l'accueillir, et surtout le sourire de sa petite fille qui lui ont peu à peu appris à choisir le bonheur caché dans chaque miette de vie. Aujourd'hui elle travaille dans une mission locale auprès de jeunes en difficulté, est entourée d'amis, et vient d'épouser Fred pour partager cet Amour qu'elle veut répandre autour d'elle.



La Vie est belle … faut il encore que nous ayons tous la chance d’avoir à nos côtés des personnes qui nous communiquent ce bonheur d’avoir la vie. Nous ne choisissons pas d’arriver un jour sur cette terre et encore moins nos familles respectives. Si c’est le cas, moi je ne m’en souviens pas.
Au début tout va bien et ensuite, c’est le trou noir, ou encore pour d’autres, c’est la traversée du tunnel dès la naissance.
Nous arrivons dans ce monde. Nous grandissons au fil des années, des rencontres, à la recherche du bonheur, de l’amour. Comment faire pour être heureux ? Que fais je sur cette terre ? Comment rencontrer l’Amour ?

A 19 ans, j'ai dû me séparer de ma famille

Je suis venue au monde, moi aussi, un jour dans une famille. Je suis l’aînée… des frères ont suivi. Et un jour très sombre de mon existence, j’ai dû me séparer de cette famille qui se brisait. Alors je me suis retrouvée face à moi même, seule face à mes difficultés, dans une solitude amère et profonde, me posant mille questions, me trouvant vingt mille solutions. Je ne savais jamais qu’elle solution prendre, laquelle était la bonne ?
J’avais 19 ans. J’étais perdue. Plus de famille pour m’épauler ou me conseiller … de toutes les façons, la lumière, de l’amour familial qui régnait était éteinte.
Le 24 mars 2004 voici ce que j’écrivais :
« Un jour j’ai dû partir
Quitter cette terre que j’aimais tant,
Ce continent qui par sa chaude lumière quotidienne,
M’a fait grandir comme une plante
Qui pousse en direction du soleil.

Un jour j’ai dû quitter mes amis
Avec qui j’avais grandi
Et partager de merveilleux moments
A travers le sport, l’école, le quartier…
Je les ai tous gardés dans mon cœur
Avec l’espoir de les revoir un jour.

Un jour j’ai dû quitter ma famille.
Famille africaine
Père, mère, frères …
Et le cœur serré, je me suis envolée
Ne sachant où j’allais dans une famille européenne,
Tantes, oncles, grands parents…

J’ai atterri en France, j’avais 19 ans.
Dans ce grand aéroport bondé de monde
J’étais perdue … à Paris.
Les larmes enfouies dans ma gorge
J’ai trouvé un téléphone … j’ai appelé
Et j’ai attendu que l’on vienne me chercher.

J’étais seule dans ce monde inconnu
Loin de ma terre africaine où j’avais grandi
Et commencé à construire le début d’une belle histoire.
Mon histoire : celle d’une jeune fille pleine de rêves et de projets.

Abandonnée par sa terre, par les siens
Seule dans une France qu’elle ne connaissait pas
Je me rappelle encore : peur, angoisse, solitude
Peu fière de moi.

Alors remplie d’une lumière forte et présente
Avec foi, j’ai serré ma gorge et mes poings
Et dans mon fort intérieur, j’ai crié :
« Regarde devant et avance. »
Et aucune larmes n’a coulé.




J'ai croisé des personnes, des regards qui m'ont faite exister : j'étais lancée !

Oui la vie est belle car j’ai croisé sur mon chemin des personnes, des regards : regards d’Afrique noire, du Maghreb, de l’Asie, de l’Europe … des pères, des mères, des frères et des sœurs …
Ce sont des regards que l’on pose sur vous et qui vous font tout de suite exister. Oui, ils m’ont accueillie telle que j’étais, avec mes problèmes, sans espoir et aucun jugement de leur part.
J’ai été aidé et accompagnée dans la recherche d’une formation. J’ai passé mon diplôme que j’ai eu, j’ai trouvé du travail puis un logement autonome. J’étais lancée sur le chemin de la vie … Je respirais … Enfin le bonheur ??? Un grand pas était fait … j’atteignais mes 22 ans.


Une magnifique petite fille transforme ma vie

A 25 ans, quelques années plus tard, je rencontre l’amour. Un amour non équilibré car nous n’avions pas du tout la même conception de la vie à deux. Et à 29 ans, je tombe enceinte et me retrouve seule à accepter, à porter et à donner cette vie. De cette union très chaotique, j’ai une magnifique petite fille, pleine de vie qui transforme à nouveau ma vie. Je lui donne tout mon amour et elle me donne le sien. Ma vie change. Je décide avec elle de continuer dans l’espérance d’une vie remplie de bonheur. « Ca ira mieux » me disais je.
En vérité, mon bonheur continuait avec elle. Je décide de m’arrêter un instant pour me poser les bonnes questions sur le travail, la relation aux autres, les hommes, la famille … au final que voulait dire réussir sa vie !!!
Ce fut un long travail car nous n’avons pas toujours les bases et sommes souvent issus ou entourés de personnes qui eux-mêmes cherchent à donner un sens à leur vie. Au fond c’est le cas de tout être humain et ce sens est tellement différent suivant les personnes.


Je réalisai qu'il me fallait faire un grand choix : celui de vivre et d'être heureuse

Je me suis d’abord trouvée et aimée en prenant conscience de mes propres talents tout en réalisant que tout être humain était unique et que c’était cela qui faisait la richesse du monde : la différence.
J’étais donc différente et je pouvais être aimée avec mes qualités et mes points faibles.
Je compris au fur et à mesure avec ma fille que le bonheur n’était pas à l’extérieur, dans la rue ou chez les autres mais à l’intérieur, en moi, dans mon cœur. Cela ne servait à rien de toujours courir après des futilités, de me fatiguer à chercher et à choisir dans les multiples solutions qui s’offraient à moi. Le bonheur était là, déjà là.
Ce qui me fit réaliser cela, ce fut le sourire de ma fille et sa joie de vivre. Je n’en revenais pas. Un matin elle me dit : « Regarde maman » et me fit un grand sourire ! Je la regardais … sans réagir. Elle recommença en insistant avec un plus large sourire en criant : « Mais souris maman ! » Elle m’invitait tout simplement à faire de même. Ce matin là j’étais triste et ma fille le lisait dans mon regard. J’éclatai soudainement de rire à voir ma fille faire des grimaces de sourires et toutes les deux nous sommes parties dans un fou rire qui dura un petit moment. A cet instant là je ne saurai vous exprimer exactement l’explosion du bonheur que je ressenti : une sensation de bien être extraordinaire.
Cet évènement transforma ma vision des choses et de la vie car je pris la décision d’être heureuse. Des ténèbres où j’étais retournée, je repassai à la lumière. Une lumière plus forte et brillante. Je commençais à voir du bonheur dans tous les petits moments et évènements de la vie au quotidien.Je réalisai qu’il me fallait faire un grand choix. Celui de vivre et d’être heureuse en m’apercevant qu’au final tout était déjà là.
J’étais déjà remplie d’espérance, j’essayais de positiver à chaque fois toutes mes difficultés. Il n’y avait qu’une chose que je n’avais pas vu c’est que l’amour avait toujours été là et que je me fatiguais à le chercher, à pleurer, me comparant aux autres, attristée de ce qui m’arrivait et de ce que je n’avais pas. Cela me provoquait de très fortes angoisses.


Je suis unique et le monde a besoin de moi

Réussir ma vie pour moi c’est d’avoir compris que le bonheur et l’amour étaient en moi. Qu’ils étaient déjà là. C’était juste un sentiment et un regard à changer, qui vous porte, vous mène et vous apporte tout ce dont vous avez besoin pour votre personne afin d’être bien.
Je suis unique donc différente et le monde à besoin de moi et des autres. C’est dans l’unité de la différence que l’on trouve sa richesse.
Quoiqu’il arrive, aujourd’hui, je réussis ma vie. Cette prise de conscience a radicalement changé mon existence. Le bonheur dans ma vie est là au quotidien et je le regarde ; mes collègues, mon travail, les jeunes, mes amis, ma famille… Même quand certains évènements me font pleurer … mon bonheur demeure, il est là et je l’aime de tout mon cœur.


Que l'amour soit toujours votre guide

En octobre 2005, je me suis fiancée à un homme que je cherchais et qui me cherchait : rien n’est impossible. Le 29 juillet 2006 nous nous sommes mariés en nous disant OUI respectivement pour ensemble continuer cette belle aventure qu’est la Vie.
La vie nous gâte et nous comble tellement : changeons nos regards. Pour conclure sur ce petit témoignage de ma petite vie, je citerai Paolo Coelho : « Que l’Amour soit toujours votre guide ». Je vous souhaite de connaître l’Amour. Il est la santé, la joie et le bonheur pour tous les jours de notre vie.

Luclétia


8 Juin 2013
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