Fac : comment organiser son travail personnel



A l'université, les enseignants ne vous mâchent plus le travail entre les cours comme au lycée. C'est à vous de vous organiser pour produire un travail personnel régulier entre les cours et les TD.




A l’Université, l'enseignant chargé du cours transmet un contenu beaucoup plus dense que celui qui vous est transmis au lycée : lorsque l’on voit une définition et un théorème en un cours de maths au lycée, on en voit quatre ou cinq à la suite en première année d’études supérieures.

Dans un amphithéâtre qui regroupe plusieurs centaines d’étudiants, les enseignants répondent rarement aux questions (très peu d’étudiants osent d’ailleurs en poser…) et proposent peu d’exercices d’application simples (qui permettaient au lycée d’envisager rapidement l’usage qui pourrait être fait des outils présentés).

Le risque de se laisser submerger et décourager

Résultat : le nombre d’heures de cours dans une même discipline conduit les étudiants à voir s’accumuler sur leur bureau une masse d’informations à assimiler beaucoup plus importante et à un rythme beaucoup plus soutenu. Le cours d’amphi n’est par ailleurs pas le lieu où les étudiants peuvent spontanément commencer à assimiler les connaissances, car ils ne «pratiquent» pas et sont simplement récipiendaires de l’information : pas d’exercices, peu de réponses aux questions, pas d’évaluation des difficultés.
C’est donc souvent avec beaucoup de lacunes et d’incompréhensions que les étudiants sortent du cours d’amphi.

Et c’est avec ces difficultés non surmontées qu’ils cherchent à préparer leurs exercices de TD. Cependant, les exercices de TD ne sont pas des exercices d’application qui leur permettraient d’assimiler progressivement une définition ou un théorème et d’envisager petit à petit l’usage concret qui pourrait en être fait. Ce sont souvent des exercices difficiles, qui demandent déjà de maîtriser les notions vues en cours.

Or, beaucoup d’étudiants, au lieu de travailler leurs notes de cours, se découragent rapidement : ils se disent que l’examen est encore loin et qu’ils comprendront plus tard. Après une ou deux semaines, ils ne cherchent par ailleurs même plus à préparer leurs exercices de TD.

TD : pourquoi il ne faut pas être passif

Chaque cours demande pourtant d’avoir compris le précédent pour être en mesure de suivre. Aux incompréhensions de la semaine passée s’ajoutent donc celles de la semaine en cours. Les TD ne sont plus préparés. Et dans ce lieu qui devrait pourtant être consacré aux questions et au dépassement des difficultés, les étudiants attendent.

Qu’attendent-ils ? Que l’enseignant copie sa correction au tableau. Ils n’ont pas suffisamment approfondi leur cours pour s’attaquer aux exercices. Ils n’ont donc aucune question. Et les enseignants désespèrent d’être confrontés à des étudiants si passifs. Un jour, une étudiante m’a dit la chose suivante dans le cadre d’un entretien : «en fait, on ne permet pas aux profs d’être bons ».

Effectivement, si les étudiants arrivent en TD en essayant de se faire les plus discrets possibles, pour copier une correction qu’ils imaginent passer du temps à comprendre le week-end qui précède l’examen, on comprend le désarroi de certains chargés de TD.

Le rythme de travail à adopter

Ce qu’il me semble très important de comprendre (tant pour les étudiants que pour nous les enseignants), c’est que certaines « étapes d’apprentissage » qui étaient accompagnées par le professeur au lycée ne le sont plus à l’Université.

En cours, l’enseignant transmet du contenu : des définitions, des théorèmes, des démonstrations et autres informations diverses.

A la suite du cours, les étudiants doivent passer, par eux-mêmes, par les étapes d’apprentissage qui étaient auparavant guidées au lycée : faire des liens entre leurs connaissances (et repérer les prérequis), les organiser, trouver et apprendre à maîtriser des exercices simples d’application de ces nouvelles informations en vue de les assimiler et de les mémoriser.

En préparation du TD, les étudiants peuvent ainsi s’appuyer sur leur compréhension du cours pour sélectionner les outils pertinents en vue de traiter les exercices plus difficiles qui leur sont soumis. Il s’agit, même si c’est parfois éprouvant, de « passer du temps à chercher ». Car c’est à cette étape que vous travaillez à faire des liens entre vos connaissances et que vous progressez dans votre capacité à réfléchir et trouver des solutions aux problèmes qui vous sont proposés. C’est également au cours de cette phase que le travail en groupe est le plus fécond.

Pendant le TD, soit vous arrivez avec des propositions de solution (en étant donc beaucoup plus attentif et intéressé par ce que l’enseignant a à vous dire), soit vous arrivez avec des questions à poser (puisque vous avez pris le temps de chercher). Vous êtes donc beaucoup plus actif, ce qui vous permettra de tirer un réel parti de ce temps captif passé en cours.

C’est au prix de ce travail régulier que vous aborderez la période des examens avec sérénité : vous aurez assimilé progressivement les connaissances à maîtriser tout au long du semestre.

Je reconnais bien volontiers que prendre sur soi de travailler régulièrement demande bien souvent beaucoup d’efforts aux étudiants. Mais n’oubliez pas que cela ne vous contraint pas nécessairement à travailler plus, mais seulement plus régulièrement, et donc mieux. Concentrer tous ses efforts la semaine qui précèdent les finaux est beaucoup moins efficace : vous mémorisez à court terme seulement, vous vous découragez rapidement du fait de la masse d’informations à assimiler en très peu de temps, tout cela dans un climat de stress important du fait du peu de temps qui vous reste pour comprendre.


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Hélène Weber
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