Ecoles d'ingénieurs en alternance : une nouvelle voie royale ?


De plus en plus d'écoles d'ingénieurs offrent des cursus en apprentissage, une voie qui séduit les entreprises et de nombreux étudiants désireux de se former sur le terrain. Décrocher un diplôme d'ingénieur en acquérant une première expérience professionnelle, c'est le nouveau ticket gagnant pour débuter.



Plus de 130 écoles d'ingénieurs françaises délivrent désormais un ou plusieurs diplômes d'ingénieur par la voie de l'apprentissage, et de nouveaux cursus s'ouvrent chaque année.

Résultat : en 2014, 13% des jeunes ingénieurs ont décroché leur diplôme par l'apprentissage. Cette voie n'a donc plus rien de marginal, bien au contraire : elle séduit tout autant les entreprises qui peuvent ainsi former des jeunes au plus près de leurs besoins que les étudiants eux-mêmes...
 
"On possède déjà trois ans d'expérience au moment de chercher un emploi"

"Le premier avantage de l'apprentissage, c'est qu'à la fin du cursus à bac+5, on possède déjà trois ans d'expérience : c'est un gros + au moment de chercher un emploi", explique Thomas Houdayer, élève-ingénieur en apprentissage à l'ESILV, en majeure mécanique numérique et modélisation. Après un bac S, il est passé par un DUT Génie mécanique et productique avant d'entrer à l'ESILV (Ecole supérieure d'ingénieurs Léonard de Vinci). Il réalise son apprentissage dans une PME familiale de micro-mécanique de précision.

Un parcours qui permet désormais à de nombreux étudiants passés par un BTS ou un DUT de poursuivre leurs études et de décrocher un diplôme d'ingénieur. Signe de l'engouement pour cette diversification des profils, les plus "grandes" écoles d'ingénieurs s'y mettent. Ainsi, en 2015, Centrale Lyon a diplômé ses 22 premiers apprentis ingénieurs dans la spécialité "Energie". Tous ont été embauchés par de grands groupes du secteur de l'énergie, des équipes de recherche du CEA ou de plus petites structures.

Comment ça marche ?

Comme pour d'autres diplômes (bac pro, BTS, DUT), l'élève-ingénieur suit alternativement :

- un enseignement théorique (sciences fondamentales, sciences de l'ingénieur, langues, formation humaine, etc.) dispensé dans l'école ou dans un établissement spécialisé dans l'alternance : un Institut des techniques d'ingénieur de l'industrie (ITII) ou un CFA (Centre de formation d'apprentis) lié à l'école. A Paris par exemple, cinq écoles d'ingénieurs sont en partenariat avec le CFA Ingénieurs 2000. Le diplôme délivré porte cependant le nom de l'école d'ingénieurs.

- un temps où il travaille en entreprise comme apprenti sous la conduite d'un maître d'apprentissage sur des fonctions d'ingénieur (durant le cycle ingénieur). Il a signé un contrat d'apprentissage et reçoit une rémunération qui varie en fonction de son âge et de son année d'étude (de 25% à 78% du Smic). Son statut est celui d'un apprenti-salarié. Le rythme de l'alternance varie selon les écoles : 1 semaine/ 1 semaine, ou bien 1 quinzaine/ 1 quinzaine, ou bien 3 mois/ 3 mois.

Comment rentrer dans une école d'ingénieur en alternance ?

La procédure d'admission varie selon l'école (voir sur le site de chacune). Quand elle est en partenariat avec un CFA, c'est le CFA qui recrute. En général, il faut d'abord présenter son dossier scolaire, puis passer un ou plusieurs entretiens de motivation (importants dans ce type de cursus), éventuellement des tests de sélection.

Ensuite il faut être recruté par une entreprise en contrat d'apprentissage (réservé aux moins de 26 ans) : l'école peut vous présenter à des employeurs (quand elle a un réseau suffisant), mais le plus souvent c'est à vous de trouver votre entreprise. L'admission n'est définitive que lorsque vous l'avez trouvée et avez signé votre contrat : c'est souvent la partie la plus délicate.

Le bon profil : de façon générale, on vous demandera de prouver votre motivation pour la vie professionnelle par votre maturité, les stages ou les jobs déjà réalisés, et la cohérence de votre projet professionnel. On vous demande aussi d'avoir le sens du concret, de la technologie : les bacheliers STI2D ou S option sciences de l'ingénieur ont un bon profil pour plusieurs écoles.

Quels types d'écoles d'ingénieur ?
La plupart des écoles recrutant à bac+2 proposent la voie en apprentissage sur certaines spécialités : mécanique, électronique, BTP. Il faut donc avoir certains BTS ou DUT pour être admis. De manière générale, les titulaires de DUT ou de licences pro ont un bon profil pour l'alternance car ils ont déjà eu une expérience par leurs stages. Mais des étudiants issus des CPGE ou des licences universitaires peuvent aussi postuler bien sûr.

Quelle durée pour l'apprentissage ?

Elèves de l'IIT-BTP
Dans la plupart des écoles, le cursus en apprentissage commence au niveau bac+2. Il est ouvert aux étudiants ayant en général un BTS ou un DUT (mais on peut aussi postuler après deux ans de CPGE, une prépa ATS, un cursus universitaire en L2 validé) et il dure en général trois ans durant toute la durée du cycle ingénieur. Plus rarement, l'apprentissage n'est proposé qu'en 2è et 3è année du cycle ingénieur et dure alors deux ans.

Quelques écoles proposent cependant un cursus préparatoire directement après le bac qui permet ensuite d'intégrer la formation d'ingénieur en apprentissage correspondante.

2 ans + 3 ans en apprentissage au CESI

c'est le cas du CESI, qui rassemble un réseau d'écoles d'ingénieurs (21campus) qui ont la particularité d'avoir toujours proposé des formations en alternance.

Pour les jeunes qui souhaitent être en alternance dès la première année postbac, il existe un cycle préparatoire de deux ans que l'on peut faire en apprentissage. Chaque année, les étudiants-apprentis ont 42 semaines en centre de formation et 54 semaines en entreprise où ils occupent à ce niveau un poste de technicien.

Ce cycle préparatoire en apprentissage n'est proposé que sur trois options :
- Gestionnaire en organisation et performance industrielle aux centres CESI d’Arras et de Saint-Nazaire
- Animateur qualité  sécurité environnement aux centres d'Arras et de Saint-Nazaire
- Responsable de chantier en BTP au centre d'Angoulême.

Au bout des deux années de cycle préparatoire, ils décrochent un titre professionnel de niveau III (bac+2) enregistré au Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP) dans l’option choisie. Ils peuvent ensuite intégrer le cycle ingénieur du CESI (dans leur spécialité), toujours par l'apprentissage.

La plupart des formations d'ingénieur du Cesi sont par ailleurs accessibles à niveau bac + 2. 

Pour en savoir + : la prépa postbac Cesi en apprentissage

Ingénieur ICAM : un cycle préparatoire postbac et 3 ans d'apprentissage

Autre proposition proche, celle du réseau des ICAM, écoles d'ingénieurs privées qui proposent un parcours "ingénieur ICAM apprentissage" en 5 ans sur ses cinq campus de Lille, Vannes, La Roche-sur-Yon, Toulouse, et Paris Sénart.

Durant les deux premières années, vous restez sous statut étudiant en recevant une formation scientifique, technique, générale et humaine. Cependant vous faites deux missions d'études en milieu industriel, un stage de technicien de 6 à 10 semaines et réalisez un projet industriel (conception d'une machine). Tout ceci permet de préparer l'arrivée en entreprise.

Vous poursuivez en effet par le cycle de trois ans en apprentissage. L'école peut vous orienter vers une entreprise dans le secteur industriel.

A savoir : le réseau ICAM n'a pas rejoint la procédure Admission-postbac. Le dossier d'inscription est à retirer sur le site de l'école  www.icam.fr
On peut aussi postuler pour suivre le cycle ingénieur en apprentissage après un bac+2.


Faire un BTS ou un DUT en apprentissage avant le cursus ingénieur

Si vous souhaitez faire tout votre cursus postbac en apprentissage, mais que vous ne savez pas encore quelle école d'ingénieurs vous intéresse, vous pouvez commencer par faire un BTS ou un DUT en apprentissage dans une spécialité scientifique et technologique.

Il vous faut pour cela décrocher un contrat d'apprentissage en entreprise dès l'obtention du bac, ce qui est souvent le plus difficile.

Une fois votre bac+2 validé, vous pouvez alors postuler dans une formation d'ingénieur en apprentissage. La spécialité de bac+2 conditionne en général celle de la filière ingénieur. Ainsi un DUT génie civil conduit naturellement vers un diplôme d'ingénieur orienté BTP, même si vous pouvez tout à fait postuler pour une filière généraliste. Il faut alors présenter un projet motivé et convaincre une entreprise.

A savoir : en région parisienne, le CFA Ingénieurs 2000 propose la préparation d'un DUT en apprentissage en partenariat avec l'Institut de technologie du Conservatoire national des arts et métiers (Cnam). Quatre spécialités de DUT sont proposées : Informatique, Mesures physiques, Génie électrique et informatique industrielle (GEII), ou génie mécanique et productique (GMP).
Ensuite, vous pouvez poursuivre en faisant une formation d'ingénieur de trois ans en apprentissage dans une filière adaptée (voir ci-dessous), soit toujours au CFA Ingénieurs 2000, soit dans une autre école.

Une année de renforcement entre le bac+2 et le cycle ingénieur

Vous avez décroché votre bac+2 mais le niveau pour intégrer un cursus ingénieur en apprentissage est encore trop élevé ?

L'ECAM Lyon, qui propose un cursus ingénieur de trois ans en apprentissage, a ouvert une année de "renforcement" qui comporte 6 mois de cours et 4 mois de stage. Cela permet d'élever son niveau scientifique mais aussi de confirmer votre vocation pour le métier d'ingénieur.

A l'issue de cette année, vous décrochez un diplôme intitulé "bachelor ECAM" (niveau bac+3) et vous pouvez vous présenter au cursus ingénieur de l'ECAM ou d'une autre école, dans votre spécialité de bachelor. Rens. : le bachelor ECAM

Sur le même principe, la classe préparatoire ATS au lycée La Fayette de Champagne-sur-Seine facilite l'entrée à l'ESIPE, école d'ingénieurs rattachée à l'université de Marne-la-Vallée et proposant un cursus en apprentissage.

Les écoles en alternance durant 3 ans après un bac + 2 scientifique ou technique

L'ISEEA
Vous avez votre bac+2 et vous cherchez une école d'ingénieurs qui propose un cursus en apprentissage ? Comme dit plus haut, les formations sont désormais très nombreuses. Vous pouvez visiter le site de toutes les écoles qui vous intéresseraient et regarder si elles ont un cursus en apprentissage.
Autre piste : vous rendre dans un forum de l'alternance dans votre région, ou vous renseigner auprès de votre IUT.

Mais vous pouvez aussi vous adresser aux organismes qui centralisent les formations pour plusieurs écoles d'ingénieurs. Ainsi :

- le réseau des ITII Les instituts des techniques d’ingénieur de l’industrie constituent un réseau de 23 écoles d'ingénieurs spécialisées dans l'alternance avec le monde industriel. Ce sont les premières à avoir développer l'apprentissage et elles sont souvent partenaires de nouvelles formations créées par d'autres écoles. Il y a un ITII dans chaque région de France qui peut proposer plusieurs filières et formations d'ingénieur.
Consulter l'offre de diplômes par région sur le site www.itii.fr/


- Les réseau des écoles d'ingénieur du CESI (ei.cesi) Ce réseau qui a aussi une certaine ancienneté propose de préparer un diplôme d'ingénieur généraliste ou spécialisé en apprentissage durant trois ans.
Trois filières sont proposées :
- ingénieur généraliste
- ingénieur BTP
- ingénieur spécialité systèmes électriques et électroniques embarqués
Rens. : www.eicesi.fr

- Le CFA Cefipa est le CFA d'appui de 3 écoles d'ingénieurs qui forment par la voie de l'apprentissage en trois ans :
. l'ei.cesi située à Nanterre (92) pour son cursus d'ingénieurs généralistes ;
. L’eicnam située à Saint-Denis (93) pour 4 filières : Systèmes électriques, Mécanique, Système Electroniques, Sciences et Technologie Nucléaires ;
. l’EPF située à Sceaux (92) forme des ingénieurs spécialisés en Systèmes informatiques et industriels.
Rens. : www.cefipa.com


- le CFA Ingénieurs 2000 à Marne-la-Vallée, déjà cité, propose de préparer un diplôme d'ingénieur dans 12 filières de spécialité en partenariat avec 5 écoles d'ingénieurs :
- l'ESTP pour Génie énergétique de la construction durable
- Arts et Métiers Paritech pour Génie industriel et Génie des procédés énergétiques,
- l'ESIPE Marne-la-Vallée pour informatique et réseaux, informatique et géomatique, mécanique, électronique et informatique option systèmes communicants, Maintenance et fiabilité des processus industriels, génie civiel conception et contrôle dans la construction.
- l'ISTY de l'université Versailles St-Quentin, mécatronique robotique
- le Cnam, systèmes électriques, ingénieur aéronautique et spatial.

Rens. : www.ingenieurs2000.com

Lire aussi le témoignage de Xavier, en école d'ingénieur en alternance.
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Une insertion aussi bonne que les ingénieurs des parcours classiques

Et une fois diplômés, les ingénieurs passés par l'apprentissage s'insèrent-ils de la même façon que ceux ayant suivi les cursus classiques ?

D'après l’enquête réalisée par le Centre d'études sur les formations et l’emploi des ingénieurs (CEFI), "aucun écart significatif n'est à constater entre le taux d'insertion professionnelle des apprentis et celui des ingénieurs issus de la formation initiale sous statut étudiant".

La même enquête montre que les secteurs qui accueillent le plus d'apprentis ingénieurs sont le génie mécanique/génie industriel, le secteur électronique / informatique / automatique et le BTP. Les diplômés sont donc plus nombreux à s'insérer dans ces domaines, et moins nombreux dans les secteurs finances ou les grands cabinets de conseils.

Ils sont souvent recrutés dans l'entreprise où ils ont effectué leur apprentissage et s'ils n'ont pas d'avantage salarial sur les jeunes diplômés de l'enseignement classique, ils évoluent plus vite vers des postes à responsabilité. Surtout, "ils sont appréciés, car ils connaissent déjà très bien les codes de l'entreprise", estime un recruteur du cabinet Page Personnel.
Alors, une nouvelle voie royale pour aller vers des carrières d'ingénieur ?

Lundi 19 Décembre 2016
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