Dépénalisation du cannabis : c'est non pour le Premier ministre Jean-Marc Ayrault !


Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a réaf­firmé l'opposition du gou­ver­ne­ment à toute dépé­na­li­sa­tion du can­na­bis. Il renvoie à ses études le ministre de l'Education qui voulait rouvrir le débat.




Jean-Marc Ayrault, Premier ministre.
"Il y a un pro­blème de santé publique très grave pour la jeu­nesse de notre pays, moi je ne bana­lise pas la consom­ma­tion du can­na­bis", a déclaré sur Europe 1 le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, le 16 octobre 2012.

La position du gouvernement sur la consommation du cannabis se veut donc claire : c'est non à tous ceux qui voudraient dépénaliser la consommation, autrement dit autoriser la vente libre de ce produit dans le but de faire cesser les trafics.

"Ceux qui bana­lisent cette consommation en disant 'il n'y a qu'à mettre libre­ment en vente et vous ver­rez, ça mar­chera', ce n'est pas la posi­tion du gou­ver­ne­ment. Par contre, il y a une cam­pagne à mener, et d'abord à l'école, contre la consom­ma­tion exces­sive parce que c'est dra­ma­tique, a ajouté Jean-Marc Ayraylt. Quand vous voyez des jeunes qui ont fumé une, deux, trois, quatre, cinq ciga­rettes, vous croyez qu'ils sont capables de tra­vailler cor­rec­te­ment à l'école ?"

Vincent Peillon rappelé à l'ordre

Un bel avertissement disciplinaire à peine voilé à destination du ministre de l'Education, justement en charge de l'école. Car c'est bien lui qui a provoqué la tempête en déclarant tout de go lors de l'émission "Tous politiques" de France Inter-AFP-Le Monde le lundi 15 octobre, que la question de la dépénalisation du cannabis méritait d'être posée. Vincent Peillon s'est aussi déclaré "très étonné, parfois, du côté un peu retardataire de la France sur un sujet qui pour moi est d'ampleur".

Les réactions en rafale suscitées par cette étonnante prise de position n'ont pas manqué. Des députés UMP ont demandé la démission du ministre de l'Education, les autres ministres, comme Marisol Touraine à la Santé, s'empressant de dire qu'ils étaient contre "toute tolérance à l'égard de la consommation de cannabis".

De fait, si la mise en vente libre peut être envisagée comme une stratégie pour faire tomber une partie du trafic de drogues, notamment dans les cités de banlieue, cela n'éliminerait pas les autres trafics (cocaïne, crack, héroïne) et surtout, la dépénalisation enverrait un feu vert à nombre de jeunes consommateurs : puisque c'est autorisé, c'est donc que ce n'est pas si grave...

Une consommation régulière peut faire baisser le QI

Or la dernière étude parue en ligne le 27 août 2012 dans les Comptes rendus de l'Académie américaine des sciences (PNAS), met en évidence de façon claire les conséquences néfastes de la consommation de cannabis sur les performances intellectuelles des adolescents.

Des chercheurs néo-zélandais et anglo-saxons ont suivi un millier d'individus pendant vingt ans et concluent qu'une consommation régulière et prolongée de cannabis, commencée à l'adolescence, peut entraîner une altération des performances intellectuelles qui se traduit par une baisse du quotient intellectuel (QI) à l'âge adulte allant jusqu'à 8 points.

"Les personnes qui perdent 8 points de QI à l'adolescence ou dans la vingtaine peuvent être désavantagées par rapport à leurs pairs du même âge, dans la plupart des aspects importants de la vie et pour les années à venir", indiquent les auteurs de l'étude. Ils rappellent au passage que le QI est lié à de nombreux paramètres : accès à des études supérieures et à un bon emploi, performances au travail, niveau de revenus...

Alors qu'on savait déjà que le cannabis altérait la motivation et les capacités de la mémoire, les résultats de cette étude enfoncent le clou et soulignent surtout le danger de commencer à consommer à l'adolescence ! On comprend la distance prise par le gouvernement et nombre de spécialistes avec le ministre de l'Education.

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Effets et méfaits du cannabis



Rédigé par la rédaction le Mardi 16 Octobre 2012
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