Amélie Perrault, 15 ans, interpelle le président


"Monsieur le président, j'ai 15 ans et je voudrais vous dire"... C'est le premier livre d'une lycéenne qui ne craint pas de s'adresser au nom de sa génération à Nicolas Sarkozy. Un essai de 130 pages dans lequel elle expose ses idées, ses révoltes et aussi ses propositions pour rendre la vie des jeunes un peu moins grise. Le fabuleux destin d'Amélie Perrault.




L'origine du livre

Quand on lui demande comment est née l'idée du livre, Amélie évoque une conversation avec son père à la terrasse d'un café durant les vacances de février 2009 : "Je lui ai dit que j'avais envie d'écrire un livre. Le thème me paraissait évident : les absurdités auxquelles les jeunes sont confrontés. Parce que, durant cette période de crise, tout le monde autour de moi parlait et réfléchissait. Or, j'avais mon mot à dire"...

Pas froid aux yeux la p'tite Amélie. Sauf que là où 9 jeunes sur 10 se seraient contentés de causer au café du commerce, elle est passée aux actes. A préparé un plan, structuré ses idées, et contacté un éditeur qui s'est laissé séduire. "J'ai signé chez Lattès le 8 avril pour un manuscrit à remettre le 15 juillet ! J'ai écrit pendant les vacances de Pâques, le soir après les cours et une partie des week-ends." Résultat : le livre est en vente à la rentrée 2009, et il fait la une des télés et des magazines !

Son cri du coeur : ''On a la sensation que nos ailes sont brisées avant même d'avoir eu le temps de pousser !''

Elle est comme ça Amélie, elle a du culot à revendre et elle fonce, par exemple quand un soir de match de foot au stade de France, elle n'hésite pas à aller discuter avec le PDG du groupe Suez (qui lui promet un job à Hong Kong), ou quand à la fin de son stage de troisième à La chaîne Info, elle se prend en photo avec le grand patron. Une méthode qu'elle défend dans son chapitre sur la motivation : "il faut saisir l'opportunité quand elle se présente, faire preuve d'un peu de touper et foncer ! Moi je dis : le culot, ça paye !".

OK. Mais la fonceuse en appelle aussi aux politiques, et en particulier au premier d'entre eux, le chef de l'Etat. Ainsi, chaque chapitre démarre-t-il toujours par "J'ai 15 ans et je voudrais vous dire ... "  Amélie évoque la crise, l'angoisse des jeunes de ne pas trouver de travail, le stress de devoir choisir une orientation à 13-14 ans, de voir des jeunes diplômés se mettre en solde sur e-bay, et surtout de penser que "nos parents en ont bien profité et que, maintenant, nous allons devoir nous débrouiller avec tout ça,"... "On a la sensation que nos ailes sont brisées avant même d'avoir eu le temps de pousser !''

''Pourquoi pas un Grenelle de la jeunesse ?''

Alors, Amélie y va de ses critiques. La vie trop chère pour les jeunes : "quand nous voulons aller faire un tour à Paris, le RER aller-retour coûte déjà plus de 7 euros !"
Ses dénonciations : "Je suis quand même scandalisée de voir le salaire des joueurs de foot !"
Ses prises de positions : "Je suis totalement contre la loi Hadopi destinée à enrayer le téléchargement illégal (...) A quoi ça rime de vouloir couper la connexion Internet ?".
Ses propositions : "Pour les CD, l'effort à faire ne se situe plus seulement dans la réduction du prix, mais aussi dans la réalisation de l'objet-disque : vrai travail artistique sur le graphisme, plus de bonus, des photos de l'artiste, des dessins..." ou : "Pourquoi pas un Grenelle de la jeunesse ?"
Et ses distributions de bons points : à l'ancienne ministre de la Culture, Christine Albanel, pour avoir rendu l'entrée des musées gratuite pour les jeunes, au gouvernement, pour avoir développé les les contrats en apprentissage...

Des irrévérences croustillantes

Nicolas Sarkozy annonce des mesures pour l'emploi des jeunes
Ainsi Amélie P. refait-elle le monde, distribuant du haut de ses 15 ans ses appréciations et ses "peut mieux faire" à Nicolas Sarkozy (qui ne lui aurait pas encore répondu !).
Si elle ne nous épargne pas certaines banalités, on lui pardonne car, dans sa naïveté et sa fraîcheur juvénile, elle se permet aussi quelques irrévérences croustillantes :
Ainsi en s'adressant à "Madame Lagarde" à qui elle reproche de "ne pas mettre la jeunesse au coeur des préoccupations du pays", elle écrit : "En même temps, je comprends que ce ne soit pas une mince affaire, d'arriver à pointer le bour de son nez avec une telle omniprés(id)ence du président !"
Ou dans son chapitre intitulé "A l'Elysée, brûler les vieux ?!" : "J'ai 15 ans et je voudrais vous dire que je trouve étrange qu'au poste de haut-commissaire à la Jeunesse, il n'y ait pas quelqu'un de plus jeune(...) Je ne remets pas en cause le fait qu'un jour, Monsieur Hirsch, vous ayez été jeune !" Et pan pour Martin Hirsch !

Et maintenant ? Amélie a repris les cours, en 1ère S au lycée Jeanne d'Albret à Saint-Germain-en-laye. Il lui reste à gérer les médias et sa célébrité toute neuve qui l'a un peu étonnée : "mon éditeur avait senti le possible engouement et m'avait prévenue. Mais je ne m'y attendais pas autant !". Comme quoi, si l'on a quelque chose à dire, on peut,  avec un peu de talent et d'aisance médiatique, se faire entendre. Une leçon qui en encouragera sans doute beaucoup !



Rédigé par le Dimanche 6 Septembre 2009
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