Agent des opérations aériennes : préparer et suivre les vols


Les passionnés d'aviation rêvent souvent de devenir navigants. Beaucoup ignorent les métiers au sol d'agent de trafic ou d'agent d'opérations qui préparent et suivent les vols dans les compagnies ou les aéroports. Des postes passionnants pour des profils techniques et scientifiques qui aiment l'univers aéro.



"Comme beaucoup de jeunes, je voulais devenir pilote. Mais après mon échec au concours Cadets Air France, j'étais anéanti. Heureusement, quelqu'un m'a parlé du métier d'agent d'opérations, à la fois technique et aéronautique..."
Charles, 25 ans, est aujourd'hui l'un des 12 agents d'opérations d'Europe Airpost, la compagnie aérienne de La Poste. Un travail qui consiste à préparer et à suivre les vols.

Avec des logiciels très puissants, il doit d'abord déterminer la route aérienne de chaque vol, en fonction de la météo, de la géographie, de la capacité de l'avion en terme de distance et de carburant. La quantité de carburant, justement, doit être calculée en fonction de la masse de l'avion au décollage... "Pas question de laisser au sol des passagers (Europe Air port affrête aussi des vols pour des tours-opérateurs), parce que l'avion est trop lourd !".

Les opérations aériennes, c'est le centre nerveux de la compagnie

L'autre aspect du métier consiste à réguler les vols en temps réel. C'est ce que Charles a fait durant plusieurs années chez  Airlinair, une compagnie qui assure des vols régionaux en France. Exemple : un Paris-Brive tarde à décoller. L'agent d'opérations doit aller aux nouvelles : A-t-il un problème météo? Les plateaux repas ne sont pas livrés ? Vite, il faut contacter la société de catering pour qu'elle les apporte en urgence. Il faut aussi prévenir l'aéroport d'arrivée du retard.

"Les opérations, explique Charles, c'est le centre nerveux de la compagnie, l'endroit où le téléphone sonne tout le temps. On est en contact avec les pilotes, les aéroports, les sociétés d'assurance".
A ne pas confondre bien sûr avec la mission des contrôleurs aériens, fonctionnaires de l'Aviation civile qui sont chargés de guider les pilotes pour assurer la sécurité du ciel. Les contrôleurs prennent en charge tous les avions qui entrent dans leur périmètre, quelle que soit leur nationalité et leur compagnie.
L'agent des opérations aériennes, lui, est l'interlocuteur de la compagnie sur le vol. Il le suit de bout en bout, avant, pendant et jusqu'à l'atterrissage et la bonne arrivée des passagers ou du fret.

Agent de trafic : un autre métier aéronautique au sol

L'agent de trafic coordonne toutes les opérations au pied de l'avion avant le décollage
D'autres professionnels interviennent, eux, avant chaque vol. Les agents de trafic, aussi appelés coordinateurs de vol ("cordo") ou "chefs avion" (selon les entreprises). Présent sur la piste à l'embarquement avant le départ d'un vol, il agit en effet comme un chef d'orchestre qui coordonne toutes les équipes d'intervenants autour de l'avion : mécanos, avitailleurs, agents de piste, bagagistes... Sa mission la plus technique consiste à faire le "plan de masse", c'est-à-dire à répartir dans l'avion les grandes masses de chargement : passagers, bagages (pesés avant le départ), fret.

Quand tout est prêt, c'est lui qui donne au pilote le top du départ : un poste de responsabilité et d'action qui comporte sa part de stress (il faut faire vite pour éviter les retards) et ne rien laisser au hasard ! Charles a déjà occupé un poste d'agent de trafic, comme stagiaire déjà chez Europe Airpost et il a adoré : "je faisais beaucoup de choses, je préparais les plans de masse, la météo pour les pilotes, je sortais sur les pistes pour suivre le chargement du courrier dans les avions !"

Les contraintes du métier et la formation

Evidemment, ces deux métiers se pratiquent à toute heure du jour et de la nuit, comme la plupart des métiers de l'aérien d'ailleurs. Charles, lui, a des horaires tournants et fait les "trois-huit" : 22h-6h, 6h-14h, ou 14h-22h, avec deux jours de récupération entre chaque changement de rythme. Des horaires qui lui permettent cependant de se livrer en semaine à sa passion du vol, en aéro-club où il passe son brevet de pilote privé.

Et la formation ? Sans être longue, elle est indispensable, vu les connaissances techniques requises en navigation aérienne, météo, réglementation...
L'une des plus réputés est celle "d'agent d'exploitation" dispensée par l'ENAC, l'Ecole nationale de l'Aviation civile, qui forme par ailleurs des pilotes de ligne et des ingénieurs. Elle ne dure que 7 mois mais n'est accessible que sur concours à partir d'un niveau minimum bac +1 (il faut un bac scientifique) : dans la pratique, les lauréats ont souvent un bac +2 ou un bac +3 scientifique.
Autre formation, privée cette fois, celle dispensée par l'ESMA à Montpellier et appelée "Technicien de préparation des vols (16 semaines + un stage). Enfin, une structure universitaire, le  CREUFOP à Perpignan, propose une formation de  "technicien des opérations aériennes (5 mois + un stage de 9 semaines). Pour ces deux dernières formations, le niveau bac est exigé, un niveau scientifique supérieur au bac est préférable. Un diplôme théorique de pilote est aussi apprécié !

Quels débouchés ?

Comme pour les métiers liés au transport aérien, ils connaissent des hauts et des bas cycliques : quand le trafic aérien monte, que les compagnies ont beaucoup de vols à affréter, le recrutement va bon train. Mais quand il redescend, suite à un attentat comme après le 11-septembre 2001 ou une crise économique qui restreint les échanges comme celle de 2009, il est plus morne, voire au point mort.

Faut-il se décourager ? Tout dépend de votre âge et du calendrier. Si vous cherchez à démarrer (premier emploi) en pleine crise, ce sera sans doute difficile de trouver l'emploi de vos rêves. A plus long terme, les compagnies et les aéroports auront toujours besoin de techniciens pour préparer et suivre les vols. Il y aura donc toujours des postes en compagnies aériennes, mais aussi, de plus en plus, dans des sociétés sous-traitantes de services aéroportuaires, ou des aéroports (souvent gérés par des chambres de commerce et d'industrie). Le milieu aérien exigeant des compétences techniques très spécifiques, il peut aussi offrir d'intéressantes évolutions à celui ou celle qui dispose d'une formation et d'une première expérience : cadres d'exploitation en compagnie ou pour un aéroport, professionnels du fret aérien, de l'express, ou même (pour ceux qui parviennent à décrocher les brevets) pilotes...


2 Mai 2017
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